Accéder au contenu principal

Inde: l'affaire très politique du journaliste nationaliste hindou Arnab Goswamy

L’un des journalistes les plus connus d’Inde a été arrêté le 4 novembre et placé en détention provisoire pour avoir poussé quelqu’un au suicide. Mais cet homme, Arnab Goswami, est surtout l’une des figures les plus controversées du petit écran, car il défend à l’antenne et de manière assez violente la politique nationaliste hindoue.

Le journaliste indien Arnab Goswami en 2017 à Bombay (Image d'illustration).
Le journaliste indien Arnab Goswami en 2017 à Bombay (Image d'illustration). Sujit JAISWAL / AFP
Publicité

De notre correspondant à New Delhi,

Arnab Goswami est plus qu’un journaliste en Inde : c’est une icône. Celle du nationalisme hindou décomplexé. Il y a trois ans, alors qu’il est déjà bien connu, il fonde sa propre chaîne de télévision, Republic TV, grâce à l’aide d’un politicien proche du parti nationaliste hindou au pouvoir, le BJP.

Depuis, chaque soir en prime time, Arnab Goswami, fils de militaire, se lance dans des diatribes guerrières contre les « chiens » du Pakistan, tel qu’il les appelle, se fait le défenseur d’un hindouisme militant contre les musulmans. Et dans cette croisade, cet homme à l’ego démesuré crie, voire insulte ses invités en plateau et transforme ses émissions en une inquisition inaudible.

Une affaire politique

Mais cette fois, c’est lui qui est sur le banc des accusés. Il a en effet été arrêté la semaine passée à Bombay pour avoir poussé un architecte d’intérieur au suicide, ce qui est un crime en Inde : sa société n’aurait pas rémunéré l'architecte pour son travail. Arnab Goswami est donc en détention provisoire pour deux semaines.

Cette descente policière semble éminemment politique, car la région de Bombay est tenue par une coalition opposée au BJP, et Arnab Goswami vient lui-même de mener une campagne infernale, frôlant la désinformation, contre cette police de Bombay et son gouvernement régional, dans une autre affaire criminelle.

Et le gouvernement fédéral lui défend ardemment le journaliste. Le ministre de l’Intérieur, celui de l’Information, toute l’élite politique du parti au pouvoir à New Delhi a condamné sur Twitter cette arrestation, dénonçant la répression de la liberté de la presse par le gouvernement régional.

Une situation difficile pour le journalisme en Inde

Cette posture est toutefois considérée comme hypocrite par un grand nombre de journalistes qui, eux, ne sont pas si proches du pouvoir et ne bénéficient donc pas de sa protection. Car le parti nationaliste hindou est le premier à emprisonner les journalistes : ces derniers mois, des dizaines d’entre eux ont été poursuivis pour sédition, terrorisme et autres charges extrêmement lourdes pour avoir simplement rapporté des erreurs dans la gestion de la crise sanitaire en cours ou écrit sur le manque de nourriture dans les cantines publiques.

L’Inde se situe aujourd’hui à la 142e place du classement de Reporters sans frontières sur la liberté de la presse, en recul de 6 places depuis l’arrivée de Narendra Modi au pouvoir il y a six ans.

►À lire aussi : Une avocate menacée après avoir publié une caricature d’une déesse hindoue

NewsletterRecevez toute l'actualité internationale directement dans votre boite mail

Suivez toute l'actualité internationale en téléchargeant l'application RFI

Partager :
Page non trouvée

Le contenu auquel vous tentez d'accéder n'existe pas ou n'est plus disponible.