René Laennec, père de la médecine moderne

Image d'épinal du stéthoscope.
Image d'épinal du stéthoscope.
René Laennec, inventeur de la médecine moderne
Publicité

René Laennec, père de la médecine moderne

Par

En inventant le stéthoscope en 1816, René Laennec a ouvert la voie à la médecine moderne. Portrait d'un météore, reconnu tardivement par ses pairs, mais dont l'héritage est colossal.

Écouter le cœur, ausculter les poumons, ces gestes sauvent des vies au quotidien. Ils ont été mis au point au début du XIXe siècle par un médecin breton : René Laennec. Voici comment, tout juste diplômé, il a inventé la médecine moderne. 

"C’est un véritable météore dans l’histoire de la médecine. Actuellement, on vit sur la médecine de Laennec", résume Christian Laboisse, professeur émérite d’anatomie pathologique à l’Université de Nantes. 

Publicité

Si aujourd’hui les médecins peuvent reconnaître une maladie en écoutant nos poumons c’est grâce à René Laennec. En inventant en 1816 le stéthoscope, il peut enfin écouter le bruit de nos organes et faire le lien avec les causes de mortalité observées sur les cadavres. 

Cette technique permet ensuite de trouver un traitement adapté et sauver la vie de millions de gens. Aujourd’hui, elle  est utilisée chaque jour par des médecins du monde entier. 

La vie de René Laennec débute à Quimper en 1781. Sa mère meurt quand il n’a que 5 ans. Son père le confie à son frère, médecin à Nantes. C’est grâce à lui, que dès 14 ans, René découvre et pratique la médecine. À 20 ans, il monte à Paris pour compléter sa formation. À cette époque, la médecine est dite de "symptômes", on écoute les patients parler de leurs maux mais on écoute peu leur corps. Les diagnostics sont donc approximatifs. 

En 1804, lors d’une conférence, René Laennec propose une autre technique : celle d’observer davantage les morts pour trouver les lésions à l’origine du décès.   

"En fin de compte, il substantialise la maladie. Il dit : 'La maladie, elle réside dans la lésion.' Et la lésion elle vous raconte tout, toute l’histoire de la maladie et elle va même vous dire comment cette maladie va finir. Quand vous faites ça, vous congédier la médecine ancienne. On appelle les maladies par le nom de leurs lésions. C’est l’anatomie pathologique qui nomme les maladies, qui nomme les types de cancers et à partir de ça on va faire un traitement. Vous voyez que cette impulsion a été donnée par Laennec", poursuit Christian Laboisse

Mais Laennec a des détracteurs qui lui reprochent ce travail basé uniquement sur la mort. René Laennec comprend qu’il doit trouver une technique pour observer la maladie directement sur le vivant. 

L’éclair de génie survient en 1816 aux alentours du Louvre en observant des enfants gratter une poutre avec un objet pointu. Plus loin, les enfants rient aux éclats en écoutant les bruits que cela produit. René Laennec comprend que ce jeu peut être appliqué à la médecine. 

Il fait un test en roulant des cahiers sur la peau d’une patiente et en collant son oreille à l’autre extrémité. Quelques améliorations plus tard, le stéthoscope est né. 

En écoutant les poumons de malades il va trouver les lésions de la tuberculose. Surnommée "le mal du siècle", elle tue près de 80 000 personnes par an. Après cette réussite, le stéthoscope devient un outil d’écoute indispensable pour prévenir et soigner les maladies. 

"Les historiographes de la médecine retiendront un fait unique, c’est que malgré tous les progrès de la médecine et des investigations non-invasives comme la radiologie, les scanners, l’IRM, les échographies et tous les progrès de l’imagerie, le stéthoscope est devenu, est resté depuis 200 ans un outil que j'appellerais non-substituable. C’est-à-dire qu’on ne l’a jamais remplacé, on n’a jamais remplacé le stéthoscope par autre chose", analyse Christian Laboisse

1819, René Laennec publie le traité "De l’auscultation médiate", fruit de ses découvertes accumulées grâce au stéthoscope. L’accueil est mitigé en France alors qu’à l’étranger le succès est immédiat. Des centaines d’étudiants du monde entier font le déplacement pour rencontrer René Laennec. 

Quand on voit qu’une chose marche, même s’il y a des réticences, les médecins l’utilisent peu à peu. L’oncle Guillaume a utilisé le stéthoscope, ça a été diffusé à Nantes, ça a été diffusé dans pas mal d’endroits, peu à peu ça a gagné du terrain mais ça n’a pas été facile. Ça n’a pas été quelque chose qui a tout de suite été admis par tout le monde en pensant que Laennec avait trouvé quelque chose de très important", explique Christian Laboisse

En 1822, Laennec est nommé au Collège de France. Une reconnaissance tardive dont il profite à peine car il meurt quatre ans plus tard épuisé par le travail et la tuberculose, maladie qu’il a tant étudiée. 

Des années plus tard, les médecins comprendront enfin à quel point le travail de Laennec a redéfini la médecine.