Un arc-en-ciel dans le quartier d’Echo Park à Los Angeles, le 7 novembre 2020.

Christophe André a répondu à vos questions : « Les routines et les rituels sont un bon moyen de ne pas devenir dingue pendant le confinement »

Psychiatre, spécialiste de la méditation et auteur d’ouvrages sur le bonheur, il répondra à vos questions à partir de 14 h 45.

En plein reconfinement, en plein mois de novembre et face à ces temps jugés pénibles et trop incertains, il n’est pas aisé de garder le moral. Comment faire pour être serein en ce moment ? Pour se concentrer sur l’essentiel ? Pour dépasser ses peurs, pour guérir sa déprime, pour se faire du bien, se sentir bien ? Christophe André répondra à vos questions mercredi 11 novembre, à partir de 14 h 45.

Psychiatre, spécialiste de la méditation et auteur d’ouvrages sur le bonheur, il a effectué l’essentiel de sa carrière comme médecin à l’hôpital Sainte-Anne, à Paris, au sein d’une unité spécialisée dans le traitement et la prévention des troubles émotionnels (anxieux et dépressifs), notamment par le recours aux thérapies cognitives et comportementales, à la méditation de pleine conscience et à la psychologie positive. Il est l’auteur d’articles et ouvrages scientifiques, ainsi que de nombreux livres à destination du grand public.

Derniers ouvrages parus :

Abécédaire de la sagesse, L’Iconoclaste, 2020 (avec Alexandre Jollien et Matthieu Ricard).

Ces liens qui nous font vivre. Eloge de l’interdépendance, Odile Jacob, 2020 (avec Rébecca Shankland).

Le Temps de méditer, L’Iconoclaste et France Inter, 2019 (avec CD).

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Le Monde le 11 novembre à 16h24
Sur lemonde.fr
Ce tchat est désormais terminé, merci de nous avoir suivis. 
Une petite recommandation pour la route, enfin, pour la soirée : 

Sept films pour retrouver le sourire, même sans les salles de cinéma

Le Monde.fr« Tonnerre sous les tropiques », « Maine Océan » ; « Dieu seul me voit »... malgré le confinement, chacun peut revoir en ligne des films cultes ou oubliés.
Le Monde le 11 novembre à 16h23
Christophe André : Je suis désolé de devoir vous quitter, c’était vraiment intéressant de découvrir toutes vos questions. J’espère que mes réponses vous auront aidé à poursuivre votre propre réflexion. Toutes mes excuses à celles et ceux à qui je n’ai pas pu m’adresser. Je vous souhaite une belle après-midi, et plein de joies et d’énergie pour la suite !
Le Monde le 11 novembre à 16h20
Tchat
Votre dernière lecture ressourçante à nous partager ?

-Pauline
Christophe André : En ces temps tristounets (mais passionnants), je vous recommanderais tous  les livres de Christian Bobin, l’auteur qui me réconforte le plus, en tout temps. Par exemple, le récit de son enfance : Prisonnier au berceau (où il fait son portrait en enfant autoconfiné dans ses rêves et son univers).
 
Le Monde le 11 novembre à 16h16
Tchat
Bonjour et merci pour votre discours qui réconforte dans ces temps compliqués.J'ai l'impression que notre société essaie de nous enseigner que ce sont les cyniques et les égoïstes qui réussissent et mènent le monde. Comment croire que les choses peuvent changer ?

-Azerty
Christophe André : Peut-être que ce sont trop souvent des cyniques et des égoïstes qui mènent le monde ; mais pas toujours, quand même ! Je connais des femmes et hommes politiques qui sont admirables et se battent pour des idéaux. Que faire ? Déjà, voter pour des pas (trop) cyniques et égoïstes ; ou contre ceux qui le sont trump, pardon : trop. C’est un pouvoir très important. Ensuite, agir en tant que citoyen-ne : militer par exemple, partis ou associations. Enfin, agir en tant qu’humain : être au quotidien l’inverse de cynique (commencer par faire confiance) et l’inverse d’égoïste (donner, aimer, aider). La somme des microchangements donne des macrochangements !  
Le Monde le 11 novembre à 16h09
Tchat
Bonjour M. André,J'ai cette année un nouveau poste en tant qu'enseignant en classe préparatoires qui me demande beaucoup d'investissements car tous les cours sont à monter. J'avais une pratique régulière en club jusqu'alors, qui me "forçait" à prendre du temps pour moi ; depuis le reconfinement, j'avoue que j'ai du mal à prendre du temps pour me ressourcer bien que je sente que cela serait nécessaire. Malheuresement, c'est bête mais je n'y arrive pas : je regarde ma to-do list et je me dis "ah là mon coco, non, sois responsable, t'as pas assez avancé dans ton boulot !" Comment arriver à prendre du temps pour soi quand on croule sous le travail ? Comment se dire "bon allez à 18h, footing !" quand il reste encore de nombreuses choses sur la to-do list pour le lendemain ? Je suis preneur de votre expérience, compétence et sagesse.J'en profite pour vous témoigner ma grande joie de pouvoir vous transmettre une question et vous remercier pour tout ce que vous m'avez apporté et apportez à l'humanité. Vous êtes un de ces "héros tranquilles" M. André, vous êtes fan-tas-tique, un grand merci !!

-Enseignant passionné mais...
Christophe André : Oh la la, merci beaucoup, c’est gentil, bien que je ne sois pas fantastique (demandez à mes proches comment je suis quand je manque de sommeil, que j’ai trop de boulot, ou que j’ai lu trop de mauvaises nouvelles dans Le  Monde…).  Bravo à vous pour l’enseignement en classe prépa, je sais à quel point c’est un très gros boulot (mais les élèves doivent vous adorer). Il y a quelques trucs que j’ai fini par comprendre de la vie, à force d’aider mes patients anxieux et perfectionnistes, et à force de m’observer moi-même. Parmi ces trucs, voici le principal : ça ne vous arrivera JAMAIS,  j’écris bien JAMAIS, de pouvoir vous dire un jour “là, c’est cool, j’ai fini tout ce qu’il y avait à faire, je vais pouvoir me détendre un peu”. On a toujours des choses à faire, des choses plus urgentes que s’occuper de nous : travailler, ranger, s’occuper des autres… C’est le problème de ce qui est urgent et de ce qui est important. Urgent : le boulot, le ménage, les courses, les formalités administratives, les trucs à réparer, les coups de fil à passer… Important : me détendre, marcher dans la nature, faire du sport, rire avec mes amis, faire ce que j’aime... Si je néglige ce qui est urgent, j’ai des petits ennuis. Mais si je néglige ce qui est important, ma vie n’a plus de sens. Alors, je choisis quoi ? Attention aux fausses urgences, attention à notre perfectionnisme et notre désir de contrôle, et attention à ne pas nous négliger et nous oublier. Parce que, si nous tombons malade, qui va les faire, les trucs urgents ? Prenez soin de vous ! 
Le Monde le 11 novembre à 15h58
Tchat
Bonjour Christophe,Doit on absolument s’abstenir de pensees transitoires negatives, de moments d’anxiétés en particulier si ob a soi- même un tempérament pessimiste? J’imagine qu’on peut se permettre de rester pessimiste ou dans le doute du moment qu’on ne contamine pas les autres?

-Bernard
Christophe André : Bonjour Bernard. Les pensées ne nous demandent pas notre avis et arrivent à notre conscience d’elles-mêmes. Notre choix consiste non pas à les avoir ou à ne pas les avoir, mais à les suivre ou à les examiner pour décider quoi en faire. Les “pensées transitoires négatives”, c’est une appellation très belle et très juste. Nous les faisons durer en les ressassant et en les ruminant. Mais mieux vaudrait plutôt les écouter, voir ce qu’elles disent de juste et de fondé, agir en conséquence s’il y a lieu, puis revenir à notre vie, de notre mieux. Il y a un proverbe chinois qui dit cela mieux que je ne viens de le faire : “Tu ne peux pas empêcher les oiseaux de voler au-dessus de ta tête, mais tu peux les empêcher de faire un nid dans tes cheveux.” Remplaçons “oiseaux” par “pensées”, et mettons-nous au boulot. Et puis, c’est agréable parfois de regarder voler certains oiseaux ; comme il est agréable de voir passer dans notre cerveau certaines “pensées transitoires positives”. Lesquelles font moins de bruit que les négatives… 
Le Monde le 11 novembre à 15h56
Témoignages
Bonjour,Ily a un petit proverbe qui dit : "Au pied d'un arc en ciel se trouve un trésor".Merci pour le ciel.

-chris
Le Monde le 11 novembre à 15h46
Tchat
BonjourMerci pour votre aide. Je suis professeur des écoles et maman de jeunes enfants. Je sais que les interactions physiques sont fondamentales. Pour apprendre, ils ont besoin de voir les visages, manipuler des objets... Ma pédagogie allait dans ce sens en classe. Tout cela est très réduit, voir impossible à cause des protocoles sanitaires. Quelles seront les conséquences pour les enfants ? J'essaie d'adapter pour eux, d'insuffler de la joie, de leur apprendre à lire et compter avec des masques, sans trop manipuler... Mais je crains que cela ne suffise pas. Comment faire plus pour eux ? Nous faisons de la meditation tous les jours et mes jeunes élèves sont très réceptifs... Merci d'avoir contribué à l'essor de cette pratique. Je vous souhaite une excellente journée.

-Cécile
Christophe André : Bonjour Cécile, oui, c’est compliqué pour nos enfants. Mais ils sont incroyables : même si ça les gêne beaucoup, ils s’adaptent de manière étonnante, et gardent (pour la plupart d’entre eux) leur joie de vivre. Et ils nous montrent ce qu’est l’intelligence de vie et la résilience. Pour autant, bien d’accord avec vous, ce n’est pas une raison pour accepter que cela dure. Les apprentissages risquent tout de même d’être perturbés, surtout pour les enfants qui n’ont pas un environnement familial capable de leur redonner un peu de ce que l’école ne peut plus leur apporter en ce moment. S’il y a de prochaines pandémies (ce qui est chose possible, hélas) je fais partie de celles et de ceux qui pensent que la priorité sera de protéger l’avenir de nos enfants, et non de complètement le détruire pour offrir quelques années de plus aux anciens (dont je fais partie). En attendant, je sais que les enseignants font de leur mieux, et je pense aussi que pour les enfants, sortir de chez eux, être à l’école, apprendre et rire avec leurs camarades de classe, c’est le meilleur moyen pour ne pas être marqués durablement par cette sale période. 
Le Monde le 11 novembre à 15h37
Tchat
Bonjour, quelles routines simples pourriez-vous proposer spécifiquement pour structurer une journée durant cette période de confinement - et qui puisse être proposée également à des adolescents ?

-Karen75
Christophe André : Vous avez raison, les routines et les rituels sont un bon moyen de ne pas devenir dingue pendant le confinement. Sinon, on traîne, on traîne ; on se fait aspirer par des activités ou des inactivités qui ne sont pas forcément les plus épanouissantes, les plus utiles ou les plus enrichissantes ; et, à la fin de la journée, on se sent nul, vide, triste, tantôt énervé, tantôt fatigué, tantôt les deux en même temps. Mais ces routines doivent avoir du sens ; vous pouvez par exemple établir avec vos ados la liste des choses à faire dans une journée idéale : un peu de gym ou de méditation, un peu de boulot, un peu de loisirs, un peu d’activités familiales partagées (jeux de société, courses, cuisine, ménage), un peu d’altruisme (appeler papi, mamie, la tante un peu casse-pied, l’oncle un peu réac, etc.). Puis établir des horaires et s’y tenir, quoi qu’il arrive. En prenant soin de respecter le “principe de Premack” : faire précéder les activités faciles et agréables par une activité plus difficile et moins agréable (en apparence au moins) ; par exemple : les temps d’écran après le ménage de la chambre et d’une pièce commune… Bon, je sais bien que je parle d’un monde idéal ; mais les idéaux peuvent nous aider à nous rapprocher d’un truc un peu plus vivable ! Bon courage à vous et à vos troupes !   
Le Monde le 11 novembre à 15h27
Tchat
BonjourJ’adore me balader pour prendre l’air et respirer et sentir le soleil sur le visage avec cette sensation de réellement s’aérer... comment faire lorsque l’on porte le masque et qu’au contraire, on a l’impression d’être privé d’oxygène et de ne pas pouvoir respirer normalement ?Comment arriver à se recentrer sur soi et sur sa respiration malgré le masque ?

-Une aficionada de vos...
Christophe André : De tout cœur avec vous ! Moi aussi, j’en ai marre de respirer l’air recyclé dans mon masque ! Je vous avoue que dès que je suis dans un coin où il n’y a plus personne, je le retire, et c’est délicieux (au moins, le masque nous rappelle que c’est un bonheur de respirer les narines offertes au grand air). Sinon, je me dis que c’est casse-pieds, certes, mais transitoire (on va bien en finir, avec ce virus), que ça marche vraiment (les études sont claires : le masque protège autrui et me protège). Et puis, j’essaie de porter mon attention ailleurs : de regarder les gens, les lieux, de me concentrer sur ma marche, sur la couleur du ciel… L’agacement finit par passer, je finis par m’habituer. Pas par me réjouir d’être masqué, mais par m’habituer ; après tout je préfère cela à tomber malade ou à rendre quelqu’un malade. Entre deux maux, je choisis le moindre.  
Le Monde le 11 novembre à 15h24
Tchat
Bonjour monsieur André.J'éprouve beaucoup de gratitude pour ce direct.Je suis sage femme dans un chu et je me demande dans ce climat anxiogène comment continuer à rester optimiste, à fournir un accompagnement de qualité pour nos patientes dans ce climat si anxiogène et difficile pour tous.Merci beaucoupChloé

-Chloé
Christophe André : Merci Chloé, gratitude aussi pour vous, et tout ce que vous apportez à notre monde par votre métier et votre souci de soutenir autrui ! Vous arriverez d’autant mieux à rester optimiste que vous prendrez soin de vous. L’un des premiers signes de l’épuisement des soignants et des aidants, c’est justement la perte de confiance, le sentiment que ce que l’on fait n’a pas de sens, est dérisoire, ne sert à rien. Travailler dans des conditions difficiles est hélas devenu la (presque) règle en milieu hospitalier. Ce n’est pas normal du tout. S’il y a deux lieux sacrés pour une société, et auxquels la nation doit tout donner, ce sont bien l’hôpital et l’école. Mais en attendant que les choses changent, de tout petits détails de la part des soignants peuvent faire beaucoup de bien : un sourire, une petite attention, quelques mots échangés, faire parler les patient-e-s de leur vie : de la douceur. Tout cela aide les personnes soignées à mieux supporter tout le reste, et leurs angoisses… Mais je suis sûr que vous le faites déjà.
Le Monde le 11 novembre à 15h17
Tchat
Bonjour,L’angoisse et le stress ne sont pas toujours conscients et (mais) il est difficile de gérer les cauchemars. Avez vous des astuces pour ces éveils nocturnes ?

-Yeux grands ouverts
Christophe André : Oui, les soucis de la journée peuvent aussi polluer nos nuits. Il n’y a pas d’astuce instantanée, mais un ensemble de petites choses à mettre en place. Par exemple, noter vos cauchemars, et voir de votre mieux quel est leur sens, d’où ils proviennent (ce n’est en général pas trop compliqué). S’il s’agit de blessures du passé, écrivez-les, elles aussi, couchez-les sur le papier dans le détail. Peu à peu, ce travail d’extériorisation et de clarification pourra alléger les cauchemars et autres angoisses liées au sommeil. En vous endormant, essayez de songer aux beaux moments de la journée, ou à de beaux souvenirs de votre vie ; tâchez de bien les ressentir dans votre corps, pas seulement en pensée. Et enfin, relaxez-vous souvent dans la journée, pour éviter l’accumulation de stress lié à l’enchaînement des actions et des distractions. Rappel : se relaxer, ce n’est pas aller sur les réseaux sociaux ! C’est s’étirer, respirer profondément, marcher un peu, regarder le ciel…  
Le Monde le 11 novembre à 15h11
Tchat
Merci pour ce live! Je suis profondément attristée de voir dans quel monde grandit ma fille. Je l’élevais, tant bien que mal, pour cultiver la tolérance, la solidarité et la bienveillance. Elle est entourée d’enfants actifs sur les réseaux sociaux qui cultivent, malgré eux, le narcissisme, le jugement permanent (les likes) voire l’agressivité gratuite... Et le tout dans un contexte sanitaire, économique et de changement climatique qui tend les relations interpersonnelles et ampute la confiance en l’avenir. Effectivement, la question se pose : comment garder le moral ? Et la deuxième : comment élever nos enfants aujourd’hui pour qu’ils soient le mieux armés possible pour affronter les défis de leur époque ?

-Mélancolie
Christophe André : Bonjour Mélancolie, j’espère que vous allez changer de pseudo après ma réponse ;-) C’est merveilleux que vous ayez offert à votre fille cette éducation ; elle en bénéficiera toute sa vie. Comme vous le savez, les comportements narcissiques, compétitifs, égoïstes rendent tout le monde malheureux : les personnes qui les subissent, mais aussi celles qui les émettent (toujours insatisfaites, stressées, blessées, vexées, énervées…). Les réseaux sociaux sont effectivement toxiques sur ce plan. Elever nos enfants dans le respect des valeurs de bienveillance et de fraternité leur apprend quelque chose de plus précieux et utile encore que le sens de la compétition : celui de la collaboration. Et il semble que par temps de crise, celles et ceux qui savent collaborer, se faire aimer et apprécier s’en sortent mieux… 
Le Monde le 11 novembre à 15h02
Tchat
Bonjour,Pour ne pas tomber dans l'angoisse et la dépression (je vis suel), je fraude pour aller voir mes parents et des amis de temps en temps. Dois-je me sentir coupable de privilégier ma santé mentale au respect du confinement ?

-étudiantsolo
Christophe André : Ouh la, j’espère que le ministère de l’intérieur n’est pas sur le tchat ;-) Je ne vous jugerai certainement quant au fait que vous procédiez ainsi. Mon avis – très subjectif – de citoyen et non d’expert (méfions-nous des experts du confinement !) est que la gravité de votre “fraude” est moindre à deux conditions : 1) que vous soyez très vigilant sur les gestes barrières (masque et gel) en allant retrouver parents et amis (tant qu’à transgresser, faisons-le civiquement) ;  2) que vous le fassiez dans la discrétion la plus grande (pour ne pas encourager autrui à faire la même chose). Mais mes conseils sont le fruit d’une déformation professionnelle : en tant que médecin psychiatre, je souhaite vous éviter de déprimer, et j’ai confiance dans les humains !  
Le Monde le 11 novembre à 14h57
Tchat
 
Bonjour et merci pour ce live,Pourquoi faudrait-il s’accrocher à l’instant présent si celui-ci n’est pas radieux ?Qu’y gagne-t-on, en cette période douteuse ?

-Fuji-Tif
Christophe André : Se tourner vers l’instant présent, comme le recommande la méditation de pleine conscience, ce n’est pas fuir le réel mais aller à sa rencontre. Cela nous permet de voir les belles choses, les raisons de se réjouir et d’espérer (il y en a toujours, où que l’on soit, même si parfois il faut chercher et ouvrir grand les yeux). Et cela nous permet, face aux aspects plus douloureux, de les observer tels qu’ils sont : voir les problèmes tels qu’ils sont, et non tels que nous avons tendance à les voir (en les dramatisant, en les amplifiant, en les déformant). Si je suis malade, l’instant présent, c’est à la fois les souffrances du corps (et seulement elles, pas mes anticipations sur ce qu’elles vont peut-être devenir : ça ce n’est plus le présent mais le futur, plus le réel mais le virtuel), mais aussi le ciel bleu par la fenêtre, mes proches qui m’aiment, les soignants qui font de leur mieux… 
Le Monde le 11 novembre à 14h52
Tchat
Malgré une pratique quotidienne de méditation parfois mon moral flanche quand je vois ce que devient le monde, la violence et les privations de nos libertés. Comment rester sereine et croire que le monde sera en paix face à tous ces événements ?

-Laëtitia
Christophe André : Bienvenue au club, Laëtitia : moi aussi, il m’arrive d’avoir des coups de cafard devant la folie du monde ! Dans ces cas-là, je ne cherche pas à rester serein, mais d’abord à ne pas en rajouter dans la tristesse et la démoralisation, voire le pessimisme ou l’agacement. A nettoyer un peu mes “passions tristes”, mes émotions négatives, pour qu’elles ne déforment pas trop mon regard sur le monde : il y a déjà assez de problèmes en vrai, inutile de les amplifier dans ma tête ! Ensuite, je crois que nous n’avons pas à “croire” que le monde sera en paix ou pourra s’améliorer, mais nous pouvons agir, à notre petit niveau, pour cela : avoir des paroles de paix et de bienveillance, des comportements d’altruisme et d’entraide, secourir – sur les réseaux sociaux, par exemple – celles et ceux qui se font injustement ou excessivement agresser, etc. L’action altruiste calme nos angoisses et relève notre tristesse ; et si elle ne le fait pas parfaitement, au moins a-t-elle l'avantage d'améliorer un tant soit peu le monde.
Le Monde le 11 novembre à 14h52
Tchat
Bonjour, merci pour cette parenthèse de douceur. La bienveillance peut elle s'exercer a distance et même derriere un masque?

-Gyom
Christophe André : Oui, bien sûr ! On peut sourire derrière un masque, dire des paroles de bienveillance, de gentillesse, remercier, faire des compliments, rendre service… On peut être bienveillant avec soi-même, se faire tout le bien possible quand on n’est pas en forme… Et se montrer bienveillant à distance, en prenant soin par exemple de passer chaque jour un coup de téléphone à une personne que l’on sait isolée ou dans la tristesse...  
Le Monde le 11 novembre à 14h51
Tchat
Comment faire pour ne pas souffrir de la solitude et avoir autant confiance en soi alors qu'on voit moins nos proches, donc on a l'impression de s'eloigner de'ux ?

-Mathilde96
Christophe André : D’abord, se rappeler que cet éloignement n’est que transitoire (enfin, j’espère ;-). Un jour prochain, nous retrouverons nos proches comme notre liberté de mouvement. Ensuite, en restant en lien avec eux : lien direct, par téléphone et écrans interposés ; et lien indirect : en profitant de la période pour mettre par écrit tous les souvenirs précieux que nous avons sur eux, pourquoi ils nous sont chers, ce que nous révèle leur absence… En activant ainsi toute l’histoire que nous avons avec eux, nous l’enrichissons, nous nous en nourrissons, et cela nous donne un minimum de bonnes émotions pour tenir bon en attendant les retrouvailles...
Le Monde le 11 novembre à 14h50
Tchat
Bonjour, en cette période où les projets personnels et professionnels sont incertains, comment faire pour aborder sereinement l'avenir et ne pas se laisser guider par la peur ?

-Débutante en pleine...
Christophe André : Oui, beaucoup d’incertitude en ce moment. Mais c’est toujours le cas dans une vie humaine. Peut-être qu’en temps “normal”, il y en a autant, mais que nous ne les voyons pas : nous pensons que tous nos projets aboutiront, que la logique sera respectée, le mérite récompensé, etc. Beaucoup de nos certitudes sont illusoires. Cette période nous oblige à faire le ménage dans nos illusions, ce qui peut être une bonne chose. Face à l’incertitude, réfléchir à ce qui dépend de nous : nous maintenir en forme, mentale et physique, renforcer les liens avec nos proches, cultiver ce qui nous fait du bien de manière plus régulière qu’en temps “normal”, apprendre de nouveaux savoirs, de nouvelles compétences… Cela peut sembler de toutes petites choses par rapport à la taille de la crise à affronter, mais ces petites choses à la fois nous soutiennent moralement, et puis tout de même nous rapprochent d’un but (même si nous ne savons pas clairement lequel –encore l’incertitude…).
Le Monde le 11 novembre à 14h47
Tchat
Comment aider un proche qui est confiné loin de nous et qui apparaît moralement déprimé ? Sans qu’aucune de nos paroles semblent lui venir en aide et que lui même soit perméable à toutes aides proposées ?

-CMA
 
Christophe André : Souvent, nos mots de réconfort n’ont pas un effet immédiat, nos interlocuteurs semblent ne pas en tirer bénéfice tout de suite. Pourtant, il faut les prononcer : d’abord parce qu’ils peuvent avoir un “effet retard”, c’est-à-dire que la personne n’est pas soulagée sur le coup, mais va l’être en repensant à nos paroles et à notre soutien. Ensuite, parce que ce ne sont pas tant nos mots et nos conseils qui comptent, mais notre présence –montrer que nous sommes là, présents aux côtés de la personne en difficulté. 
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