En matière d’accueil des ressortissants étrangers et d’immigration, entre les restrictions imposées par l’administration Trump et celles dues à la pandémie de Covid-19, les choses pourraient difficilement aller plus mal qu’actuellement aux États-Unis, souligne Quartz, le site d’information économique new-yorkais, au lendemain de la victoire de Joe Biden :

La situation promet des succès relativement faciles du fait de l’énorme marge de progrès possibles. Tant d’un point de vue social qu’économique, Biden a beaucoup à gagner en ouvrant le pays à davantage d’immigrants.”

Vers une révision générale de la politique d’immigration

Au cours des quatre années de son mandat, Donald Trump a travaillé sans relâche pour rapprocher autant que possible les États-Unis d’une politique d’“immigration zéro”, observe sur le site de Forbes Stuart Anderson, directeur de la National Foundation for American Policy (NFAP), un organisme de recherche non partisane sur les politiques publiques américaines. Or “le plus simple”, pour Joe Biden, serait de prendre systématiquement le contre-pied de ce que l’administration Trump a réalisé :

Si l’équipe Biden est intelligente, elle rompra complètement avec l’ère Trump en annulant tous les règlements et toutes les décisions sur l’immigration qui ne sont pas directement liés aux problèmes de santé dus à la pandémie de Covid-19.”

Trump aura réussi à réduire de 49 % l’immigration légale, poursuit Stuart Anderson. Les taux de refus pour les premières demandes de visas H-1B, réservés aux travailleurs étrangers qualifiés, sont passés de 6 % en 2015 à 29 % au deuxième trimestre 2020. Quant aux inscriptions d’étudiants étrangers dans les universités américaines, elles n’ont pas cessé de baisser alors qu’elles augmentent dans d’autres pays anglophones.

Après avoir, en avril, suspendu l’octroi de visas H-1B ainsi que d’autres types de visas de travail jusqu’à la fin de 2020, l’administration américaine avait annoncé en octobre de nouvelles restrictions sur le programme de visas H-1B, afin, selon elle, de protéger les travailleurs américains. Elle avait également annoncé dernièrement la limitation de la durée des visas étudiant à deux ou quatre ans suivant le pays d’origine des demandeurs.

Retour aux valeurs de l’Amérique “nation d’immigrants”

Heureusement, le programme publié par le candidat démocrate laisse présager un changement radical de politique, explique Quartz :

Biden remplace la rhétorique xénophobe de Trump par l’idée de John F. Kennedy selon laquelle l’Amérique est par définition une ‘nation d’immigrants’.”

Soulignant que la politique d’immigration mise en œuvre par l’actuelle administration a eu un impact négatif sur un grand nombre de familles indiennes vivant aux États-Unis, The Economic Times, le grand quotidien économique de New Delhi, analyse en détail le chapitre consacré à l’immigration dans le programme du candidat Biden :

Il prévoit d’augmenter le nombre de visas pour les travailleurs qualifiés, notamment de visas H-1B, et de supprimer les quotas par pays. Biden devrait également revenir sur la décision prise par l’administration Trump de refuser des permis de travail aux conjoints de titulaires de visas H-1B.”

Actuellement, le nombre de visas de travail est plafonné à 140 000 par an – ce qui ne permet pas de répondre aux besoins du marché du travail américain, précise The Economic Times. L’équipe Biden a prévu d’augmenter le nombre de visas de travail susceptibles de déboucher sur la résidence permanente aux États-Unis, quitte à mettre en place des mécanismes pour le réduire temporairement en cas de hausse du chômage.

Joe Biden prévoit également de lever tout plafond pour les étudiants titulaires d’un doctorat dans les disciplines scientifiques et technologiques.

Répondre aux besoins des économies locales

Le programme de Joe Biden évoque aussi la possibilité de créer une nouvelle catégorie de visas pour permettre aux villes et aux comtés de demander des niveaux d’immigration plus élevés afin de soutenir leur croissance économique :

La disparité de croissance entre les villes américaines et entre les communautés rurales et les zones urbaines est l’un des grands déséquilibres économiques actuels. Biden prévoit un programme permettant aux administrations locales de demander des visas d’immigrants supplémentaires pour soutenir leur stratégie de développement.”

“Des générations d’immigrants sont venues dans ce pays avec pour tout bien les vêtements qu’ils portaient sur eux, l’espoir dans lecœur et le désir de revendiquer leur part du rêve américain. Les États-Unis méritent une politique d’immigration qui reflète nos valeurs les plus élevées en tant que nation”, proclame fièrement le programme de Joe Biden.

Les intentions affichées sont claires : la prochaine administration devrait apporter des changements majeurs en matière de politique d’immigration. Seul bémol évoqué au passge par Stuart Anderson dans Forbes : “À moins que les démocrates ne remportent deux scrutins en Géorgie, Biden pourrait ne pas disposer d’une majorité démocrate au Sénat, ce qui rendra plus difficile une législation ambitieuse sur l’immigration.”