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Site suspect: l'Agence internationale de l'énergie atomique réclame des explications à l'Iran

Selon son rapport, l'AIEA juge «non crédibles techniquement» les informations fournies par Téhéran sur un site suspect. Le pays continue par ailleurs d'accumuler de l'uranium suite au retrait américain de l'accord signé en 2015

Les installations nucléaires de Natanz à Isfahan, en Iran, le 21 octobre. — © REUTERS
Les installations nucléaires de Natanz à Isfahan, en Iran, le 21 octobre. — © REUTERS

L'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) a demandé des éclaircissements à l'Iran, jugeant «non crédibles techniquement» les informations fournies sur un site suspect, selon un rapport particulièrement scruté après la présidentielle américaine.

Après un bras-de-fer de plusieurs mois, Téhéran avait fait montre de coopération en autorisant, en septembre, des inspecteurs à accéder à deux sites soupçonnés d'avoir abrité dans le passé des activités nucléaires non déclarées. Les résultats d'analyses ne sont pas encore disponibles mais un troisième site pose question, et c'est celui-là qu'a pointé l'AIEA dans ce document consulté mercredi par l'Agence France Presse.

L'agence onusienne, qui déplore «le temps» perdu, réclame «des explications complètes et rapides de l'Iran concernant la présence de particules d'uranium anthropogénique (résultant d'activités humaines) sur un site non déclaré».

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Sa localisation n'a jamais été précisée officiellement, mais des sources diplomatiques ont indiqué à l'AFP qu'il s'agissait d'un entrepôt du district de Turquzabad de la capitale, dénoncé par le gouvernement israélien. Le directeur général de l'AIEA, Rafael Grossi, avait déjà fait part en mars de son inquiétude à ce sujet.

La production d'uranium poursuivie

«Evitons les commentaires hâtifs», a répliqué l'ambassadeur iranien auprès de l'AIEA, Kazem Gharib Abadi. «Malgré les différences techniques entre les deux parties, les interactions continuent afin de parvenir à une résolution de la question», a-t-il écrit sur Twitter.

Sans surprise, Téhéran continue par ailleurs à accumuler de l'uranium, même si le rythme a légèrement ralenti: la quantité d'uranium faiblement enrichi dépasse désormais de 12 fois la limite autorisée, d'après le rapport. Elle atteignait à la date du 2 novembre 2442,9 kilos pour une limite autorisée à 202,8 kg (ou 300 kg équivalent UF6). Dans le précédent rapport remontant à septembre, ce stock était de 2105,4 kg.

Le rapport confirme également l'installation de «centrifugeuses avancées» dans une partie souterraine de l'usine de Natanz (centre), après qu'une autre installation du site a été touchée début juillet par une explosion qualifiée de «sabotage» par Téhéran.

L'Iran poursuit donc sa trajectoire de production d'uranium, en riposte au retrait américain de l'accord signé en 2015 à Vienne et au rétablissement par l'administration Trump des sanctions qui ont plongé le pays dans une profonde récession.

Un retour des Etats-Unis?

Pour le président iranien Hassan Rohani, l'élection de Joe Biden offre aux Etats-Unis la possibilité «de se rattraper» pour leurs «erreurs passées». «Notre but est de briser la pression des sanctions qui accable notre peuple», a-t-il insisté mercredi, appelant à saisir chaque occasion.

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Joe Biden a promis de «changer de cap» après la campagne de «pression maximale» exercée par Donald Trump, coupable selon le démocrate d'avoir rapproché «l'Iran de la bombe atomique».

En cas de levée des sanctions, et à ces conditions seulement, l'Iran a promis de revenir au respect de ses engagements pris dans le cadre de l'accord de 2015 (JCPOA), qui avait été conclu après de fastidieuses années de négociations. Depuis que les Etats-Unis s'en sont retirés en 2018, ce pacte ne tient qu'à un fil, soutenu à bout de bras par les Européens (Allemagne, France, Grande-Bretagne), aux côtés de la Russie et de la Chine.

L'AIEA, une «marionnette» aux mains des Occidentaux, pour Pyongyang

La Corée du Nord a rejeté mercredi à l'Assemblée générale de l'ONU le rapport annuel de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) l'accusant de violer le droit international. «Manquant d'impartialité et d'objectivité pour une organisation internationale, l'AIEA n'est rien moins qu'un outil politique des pays occidentaux», a déclaré l'ambassadeur nord-coréen auprès de l'ONU, Kim Song.

«La Corée du Nord n'aura jamais de relations avec l'AIEA tant qu'elle manquera d'impartialité et d'objectivité (...) et restera une marionnette dansant au rythme des forces hostiles» à Pyongyang, a-t-il insisté.

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Auparavant, Rafael Mariano Grossi, directeur général de l'AIEA, avait affirmé que «les activités nucléaires de la Corée du Nord restaient une cause de préoccupation sérieuse». «La poursuite du programme nucléaire du pays est une claire violation des résolutions du Conseil de sécurité et il est profondément regrettable. J'appelle la Corée du Nord à appliquer pleinement ses obligations définies par les résolutions du Conseil de sécurité», a-t-il ajouté.

En 2003, la Corée du Nord a quitté le Traité de non-prolifération (TNP). Les inspecteurs de l'AIEA ne sont plus autorisés à entrer dans le pays, devenu entre-temps une puissance nucléaire.