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Économie

L'Agence pour la création d'entreprises menacée de faillite

Le 16 avril, un conseil de l’APCE pourrait déclarer sa cessation de paiement. Les auto-entrepreneurs se mobilisent pour la sauver.
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APCE
L'APCE lors d'un salon pour les entrepreneurs.
(c) Sipa

C’est un paradoxe: après le vibrant plaidoyer de Manuel Valls pour l’entreprise, mardi 8 avril, devant les députés, l'Agence pour la création d’entreprises (APCE) risque de disparaître. Le 16 avril prochain, un conseil d’administration étudiera l’opportunité d’une cessation de paiement de l’agence publique. Une situation préoccupante, à tel point que la fédération des Auto-entrepreneurs (FEDAE) a lancé une pétition pour soutenir l’APCE, qu’elle souhaite adresser à Arnaud Montebourg.

"Nous avons lancé cet appel par ce que de tous les interlocuteurs avec lesquels nous avons travaillé depuis cinq ans, nous n’en avons trouvé AUCUN qui soit autant à l’écoute et autant au service des entrepreneurs", s’enflamme Grégoire Leclercq, président de la Fedea. "Leur site internet est une machine de guerre, il traite TOUS les sujets, juridiques, sociaux, fiscaux… Si on ferme l’agence, dans trois mois le site sera obsolète car plus personne ne sera là pour l’alimenter. Or les textes auxquels sont soumis les entreprises évoluent tous les jours", poursuit-il.

Sandra le Grand, PDG de Kalidea et Vice-présidente du réseau Croissance Plus, qu’elle représente au conseil d’administration de l’APCE, ne dit pas autre chose. "En terme de signal et d’image, c’est extrêmement dommage de supprimer un outil comme l’APCE, alors que la création d’entreprise est encouragée par le gouvernement et qu’on sait qu’elle constitue une véritable solution contre le chômage, déplore-t-elle. De plus, l’APCE sert énormément aux artisans et aux commerçants."

Une "belle endormie"

Depuis des mois, l’APCE se sait menacée. Cette agence, créée en 1979, fournit une mine d’informations et assure un service de veille sur la réglementation. Son site internet est l’un des sites dépendant du gouvernement les plus consultés. Il revendique plus d’un million de visiteurs uniques chaque mois.

Mais le gouvernement précédent a reproché à l’agence son manque de visibilité, et surtout un caractère redondant avec les missions d’Oseo, qui a été fusionné au sein de Bpifrance. En raison de l’ancienneté de certains membres de l’équipe, et de sa faible coordination avec les régions, l’agence a été qualifiée de "belle endormie".

Interrogés dans une pépinière d’entreprises trois jeunes entrepreneurs ayant franchi avec succès le cap des trois ans après la création n’ont pas caché leur désintérêt. "La QUOI ? Ah, oui, l’APCE. Ca ne sert à rien. Le site est plutôt bien fait mais après on passe par son expert-comptable. Encore un "machin". Au-delà des maux dont elle est accablée (la Cour des Comptes a jugé début 2013 qu’elle n’était plus en état de remplir sa mission), l’APCE pâtit des restrictions budgétaires. Entre 2006 et 2013, le financement de l’Etat est passé de 4 à 2,7 millions par an, et à présent il est question d’un total désengagement financier.

L'heure de la mobilisation

Un rapport, commandé à l’automne par Fleur Pellerin à Dominique Restino, préconise de multiplier les services payants (site web, service d’études, formations pour les créateurs d’entreprises) pour trouver des ressources propres. De son côté, le MEDEF a signalé qu’il souhaitait s’impliquer dans la future organisation de l’agence. Pour Sandra le Grand, "ce qui est dommage, c’est de ne pas avoir pu anticiper. Nous comprenons très bien la nécessité pour l’Etat de faire des économies et de limiter le budget, même si à notre sens il ne doit pas totalement se désengager. En revanche, une entreprise ne peut pas changer de modèle en un an : cela prend au minimum trois ans. Il n’y a pas de raison que l’APCE échappe au système. Il faut lui donner les moyens de sa transition. Et n’oublions pas que si elle ferme ses portes, cela coûtera extrêmement cher".

En attendant que les partes prenantes se décident, l’APCE et l’équipe d’une quarantaine de salariés sont inquiets. La direction, elle, n’a pas souhaité "faire de vagues". C’est donc la FEDAE qui a lancé l’alerte. Lancée ce matin, la pétition a déjà recueilli 640 signatures. 

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