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Netflix : Sophia Loren, 86 ans et « la vie devant soi »

Après dix ans d'absence, Sophia Loren revient sur les écrans dans une nouvelle adaptation du roman de Romain Gary. Une émouvante ode de piété filiale - réalisée par Edoardo Ponti, le fils de l'actrice -, même si cette production signée Netflix n'a pas la force et la facture cinématographique du « Roma » d'Alfonso Cuarón.

Sophia Loren, magnifique Madame Rosa, et Ibrahima Gueye, dans le rôle de Momo, dans cette version de «La vie devant soi» transposée à Bari, dans les Pouilles.
Sophia Loren, magnifique Madame Rosa, et Ibrahima Gueye, dans le rôle de Momo, dans cette version de «La vie devant soi» transposée à Bari, dans les Pouilles. (Régine de Lazzaris Aka Greta)

Par Pierre de Gasquet

Publié le 13 nov. 2020 à 06:02

La « Madame Sans-Gêne » napolitaine est de retour. Avec Marcello Mastroianni, elle a formé le plus beau couple de l'histoire du cinéma italien. Inoubliable dans « Une journée particulière » d'Ettore Scola, où elle incarne une mère anéantie par le devoir conjugal, la mythique actrice napolitaine, née Sofia Scicolone, revient, à 86 ans, sur les écrans, sous la direction de son fils, le cinéaste Edoardo Ponti, dans une nouvelle adaptation de « La Vie devant soi », produite par Netflix.

Première comédienne à remporter l'Oscar de la meilleure actrice pour un film en langue étrangère à Hollywood, en 1962, avec « La Ciociara » de Vittorio De Sica, si elle venait à être nommée en 2021, selon « Variety », elle pourrait battre le record de maturité de l'académie, avec Anthony Hopkins, pour « The Father » de Florian Zeller.

Avec Claudia Cardinale, Sophia Loren reste l'une des deux icônes de l'âge d'or du cinéma italien de la fin des années 1950. Fille illégitime d'un ingénieur et d'une professeure de piano, sosie de Greta Garbo, elle n'a jamais perdu ce mélange d'exubérance rebelle et de gouaille napolitaine qui en fait une actrice unique, sorte d'alter ego latine de la pétulante Audrey Hepburn. Elle a fait ses débuts sur les écrans après avoir été repérée dans un concours de beauté par le grand producteur italien Carlo Ponti. De vingt-deux ans son aîné, il deviendra son mari et mentor et la propulsera très vite à Hollywood.

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Curieusement, la plus exubérante des actrices italiennes, aux courbes vésuviennes légendaires, n'a jamais vraiment tourné avec Federico Fellini (à part dans une petite comédie, « Les Feux du music-hall », cosignée avec Alberto Lattuada en 1950). Sinon, elle a joué avec les plus grands : depuis Vittorio De Sica jusqu'à Charlie Chaplin (« La Comtesse de Hong Kong »), Sidney Lumet ou George Cukor… En 1962, elle obtient le Prix d'interprétation féminine à Cannes pour « La Ciociara » (sorti en France sous le titre « La Paysanne aux pieds nus »). « Rossellini voulait donner la Palme d'or à 'Une journée particulière' en 1977, mais elle est allée à 'Padre Padrone' des frères Taviani en raison du zèle contre-productif de Robert Favre Le Bret (NDLR : le président du festival) », se souvient aujourd'hui le successeur de ce dernier, Gilles Jacob.

Le tragique destin des jeunes migrants

« Je ne suis pas Italienne, je suis Napolitaine, c'est très différent ! » aime à répéter Sophia Loren. Dans la version de « La Vie devant soi » d'Edoardo Ponti, elle incarne magnifiquement une Madame Rosa épuisée, ancienne prostituée, tiraillée entre sa générosité instinctive et sa lassitude de femme hantée par sa déportation à Auschwitz. Transposé de Belleville à Bari, dans les Pouilles, le roman de Romain Gary prend des allures de conte âpre et cruel sur le tragique destin des jeunes migrants échoués sur les côtes italiennes, à mi-chemin entre l'atmosphère des récits de Roberto Saviano sur les « baby gangs » napolitains et les romans d'Elena Ferrante.

Les fans de « La Ciociara » pleureront dans la cave de Madame Rosa. Plus de quarante ans après la version de Moshé Mizrahi avec Simone Signoret (1977) - qui remporta l'Oscar du meilleur film en langue étrangère en 1978 -, « La Vie devant soi » d'Edoardo Ponti sonne comme une adaptation juste et émouvante de l'oeuvre de Romain Gary. S'il reste loin de la force évocatrice du « Roma » d'Alfonso Cuarón (2018), - une des plus intéressantes productions originales de Netflix jusqu'ici, avec « Marriage Story » de Noah Baumbach (2019), ou l'« Irishman » de Martin Scorsese -, le film d'Edoardo Ponti est une belle ode de piété filiale.

La Vie devant soi, d'Edoardo Ponti, avec Sophia Loren, Ibrahima Gueye, Renato Carpentieri. 1 h 34. Disponible sur Netflix à partir du 13 novembre.

Pierre de Gasquet

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