CLIMATLes « fragiles » glaciers des Pyrénées poursuivent leur inéluctable fonte

Pyrénées : Les « fragiles » glaciers des Pyrénées ont (encore) reculé de 8 mètres cette année

CLIMATParticurlièrement sensibles au réchauffement climatique, les « petits » glaciers des Pyrénées poursuivent leur fonte régulière, d’après les mesures annuelles de l’association spécialisée Moraine
Hélène Ménal

Hélène Ménal

L'essentiel

  • Tous les ans, les bénévoles de l’association Moraine mesurent l’évolution des glaciers des Pyrénées.
  • En dix-huit ans, ils ont perdu près de la moitié de leur surface.
  • Et leur fin est programmée pour 2050 par les climatologues.

Les années se suivent et se ressemblent pour la quinzaine de « petits » glaciers des Pyrénées : ils ont encore reculé cette année, de 8,10 m en moyenne selon le dernier rapport de l'association Moraine. Ses spécialistes bénévoles, montagnards aguerris, en sont à leur 18e campagne de sondage. Tous les ans au mois de mai, ils rechaussent leurs crampons et retournent à leurs balises pour mesurer le manteau de glace qu’ont accumulé les glaciers durant l’hiver.

Puis ils y reviennent tous les mois durant l’été, mesurant la fonte et livrant aux spécialistes mondiaux du climat leurs dernières données. Précieuses, car les glaciers des Pyrénées, à la différence de leurs cousins alpins, sont particulièrement « fragiles » et sensibles au réchauffement climatique du fait de leur petite taille. « Ils n’ont pas de marge de manœuvre pour s’équilibrer, rappelle Pierre René, glaciologue et président de l’association. Ils ne peuvent pas puiser dans la glace fabriquée à très haute altitude comme dans les Alpes ».

Une fonte de 45 % en dix-huit ans

Et, après un été particulièrement chaud et alors que les « épisodes extrêmes se multiplient », la campagne 2020 confirme donc une fonte qui semble irrémédiable. « Chaque année, ce sont 3,6 ha de glace qui disparaissent », alerte l’association Moraine. En 2002, les glaciers pyrénéens couvraient 140 ha. Leur surface globale est désormais de 79 ha, 45 % de moins.

A titre d’exemple, le seul glacier de Boum, dans le Luchonnais (Haute-Garonne) s’étendait sur 8 ha en 2000. Il s’est aujourd’hui rétracté sur 3,5 ha, à peine.

Le glacier du Boum dans le Luchonnais s'étendait sur 8 hectares en 2000.
Le glacier du Boum dans le Luchonnais s'étendait sur 8 hectares en 2000. - Association Moraine
En 2020, le glacier du Boum, dans le Luchonnais, de couvre plus que 3,5 hectares.
En 2020, le glacier du Boum, dans le Luchonnais, de couvre plus que 3,5 hectares. - Association Moraine

Si les épaisseurs de glace ont réservé peu de surprise cette année, Pierre René a toutefois relevé que les glaciers de la partie occidentale de la chaîne ont mieux résisté que dans sa partie centrale ou orientale. « On peut penser que l’influence océanique a assuré un réservoir d’humidité, entraînant davantage de précipitations », avance le glaciologue, laissant aux climatologues le soin de tirer des conclusions définitives. D’après leurs calculs actuels, la disparition des glaciers des Pyrénées est programmée aux alentours de 2050. L’association Moraine n’aura alors plus rien à mesurer.

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