Quand Emmanuel Macron se plaint auprès du New York Times de la couverture des attentats

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Quand Emmanuel Macron se plaint auprès du New York Times de la couverture des attentats

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Emmanuel Macron a appelé la rédaction du New York Times pour se plaindre du traitement des attentats en France
Emmanuel Macron a appelé la rédaction du New York Times pour se plaindre du traitement des attentats en France
© Getty - Robert Alexander

Le quotidien américain publie un article relatant un appel téléphonique du Président français reçu jeudi dernier par l'un de ses journalistes. Emmanuel Macron voulait, expliquent-ils, se plaindre du traitement anglo-saxon des attentats qui ont visé la France ces dernières semaines et le journaliste en a fait un article

Emmanuel Macron, mécontent du traitement par les médias anglo-saxons des attentats qui ont secoué la France ces dernières semaines, aurait téléphoné à Ben Smith, le tout nouveau journaliste spécialiste des médias au New York Times. Et Ben Smith, qui n'a visiblement pas apprécié la démarche, ne s'est pas privé de faire un article de cette discussion. 

L'article commence assez mal. 

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"Le président a quelques comptes à régler avec les médias américains", peut-on lire. 

L'auteur relate la discussion avec le président français, qui l'aurait appelé pour ce que l'on pourrait décrire comme une mise au point. 

Les Anglo-saxons ne comprennent pas la "laïcité à la française" 

Principal reproche fait par Emmanuel Macron : les médias anglo saxons ne comprennent pas "la laïcité à la française". Emmanuel Macron n'aurait pas apprécié les commentaires après la mort de Samuel Paty. Selon lui, les médias américains ont surtout reproché à la France d'être raciste et islamophobe plutôt que de dénoncer les violences islamistes. 

Ben Smith de son coté rappelle que lorsque l'enseignant a été tué, Emmanuel Macron a "répondu par la répression de musulmans accusés d’extrémisme" fermant des associations. Il estime que les Américains accordent de l'importance à la tolérance religieuse et à la liberté d'expression protégée par le premier amendement de la Constitution. À cela, Emmanuel Macron répond qu'il y a une forme d'incompréhension de ce qu'est le modèle européen, en particulier français. 

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Ben Smith analyse l'acte d'Emmanuel Macron comme une "obsession du racisme, nos points de vue sur le terrorisme, et notre réticence à exprimer notre solidarité, même un instant, avec sa République assiégée".

Selon le journaliste, le Président français Emmanuel Macron reproche aux médias anglo-américains de préférer dénoncer le système d’intégration français plutôt que ceux qui ont commis une série d’attaques meurtrières qui a débuté le 16 octobre avec la décapitation de Samuel Paty, un enseignant qui, lors d’un cours sur la liberté d’expression, avait montré à ses élèves des caricatures, parues dans le journal satirique Charlie Hebdo, qui moquaient le prophète Mahomet.

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“Lorsque la France avait été attaquée il y a cinq ans, toutes les nations du monde nous avaient soutenus”, a dit Emmanuel Macron, en référence au 13 novembre 2015, lorsque 130 personnes ont été tuées lors d’attaques simultanées dans une salle de concert, un stade de football, et des cafés parisiens.

“Et quand je vois, dans ce contexte, de nombreux journaux, qui je pense viennent de pays qui partagent nos valeurs, qui écrivent dans un pays qui est l’enfant naturel des Lumières et de la Révolution Française, et qui légitiment ces violences, qui disent que le coeur du problème, c’est que la France est raciste et islamophobe, je dis : les fondamentaux sont perdus”.

Bref on comprend bien que le New York Times n'a pas trop apprécié le coup de fil présidentiel. Le journaliste américain conclut d'ailleurs en se demandant si les plaintes d’Emmanuel Macron à l'encontre des médias américains n'ont pas un coté trumpien. 

Précisions de l’Élysée après le papier du New York Times, intitulé "Macron contre les medias" dans lequel le journaliste Ben Smith déclare que le président français "a quelques comptes à régler avec les médias américains" et qu'il l'a appelé jeudi après midi dernier pour " soumettre une plainte".

L'Elysée dément

L'Élysée précise que le journaliste américain était en contact depuis plusieurs jours avec l'équipe de communication du Président de la République au sujet de la rédaction de son article. 

"C'est lui qui nous a sollicités", indique l'entourage d'Emmanuel Macron. Il n'y a pas eu de "coup de sang" du Président 

Toujours selon l'équipe de communication présidentielle, Ben Smith souhaitait parler directement à Emmanuel Macron. L'échange téléphonique a été programmé à jeudi 20H. "Il a duré 10 minutes et a été courtois". 

L'Elysée précise :

"Si c'est le palais qui a rappelé le journaliste américain à l'heure convenue, ce n'est que pour une question de forme : l'Elysée ne communique pas la ligne directe quand un rendez vous est fixé, c'est le secrétariat qui appelle l'interlocuteur."

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