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Vaccination contre le Covid : une partie de la classe politique penche pour l'obligation

Alors que les différents vaccins annoncés doivent encore passer plusieurs phases de tests avant d'être disponibles, plusieurs personnalités politiques appellent d'ores et déjà à ce qu'ils soient rendus obligatoires une fois sur le marché.
par Sacha Nelken
publié le 17 novembre 2020 à 12h50

Un vaccin contre le Covid-19 obligatoire pour tous ? L'idée commence à faire son chemin dans la classe politique française. Face aux réticences de la population à se faire vacciner alors que plusieurs laboratoires comme Pfizer et BioNtech, Gamaleïa et Moderna ont, ces derniers jours, annoncé des vaccins pour lutter contre le coronavirus efficaces à plus 90%, plusieurs personnalités politiques plaident pour que les injections soient rendues obligatoires. Ces traitements doivent, pourtant, encore passer plusieurs étapes avant d'être validé et mis sur le marché.

A ce petit jeu, c'est l'eurodéputé Europe Ecologie-les Verts Yannick Jadot qui a dégainé le premier. Interrogé sur France Info, le 10 novembre dernier, celui qui se rêve candidat des écologistes pour la présidentielles de 2022 est la première personnalité politique à s'être dite favorable à ce que la vaccination contre le Covid-19 soit rendue obligatoire. «Oui», a-t-il répété à deux reprises lorsque la question lui a été posée. «Regardez le traumatisme que vivent nos sociétés. On ne peut pas se permettre aujourd'hui d'allonger la période de confinement, la période d'affaissement culturel, social et économique de notre pays. Donc, à partir du moment où le vaccin sera là, j'espère que tout le monde ira se faire vacciner», développait-il alors.

Mais, pas si vite répondait-on dans son parti : «Même si l'annonce de Pfizer est encourageante, il n'y a, pour l'heure, pas encore de vaccin. Quand il sera là et que des évaluations seront menées, alors là, nous pourrons dire s'il faut le rendre obligatoire ou non», tempérait après la prise de position de Yannick Jadot le secrétaire national des Verts, Julien Bayou, auprès de Libération.

Pécresse, Larcher, le PRG aussi favorables

Comme le député européen écolo, d'autres, et notamment à droite, se sont prononcés, ces derniers jours, pour la vaccination obligatoire. Pour la présidente de la région Ile-de-France Valérie Pécresse, elle serait même «nécessaire». «J'y suis favorable » a-t-elle annoncé sur BFM TV lundi. «Mais pas dans un premier temps, comme nous n'aurons pas suffisamment de doses, il faudra les flécher vers les personnes les plus fragiles», a-t-elle argumenté. La veille, l'indéboulonnable président LR du Sénat, Gérard Larcher, s'était, aussi, prononcé en faveur d'une vaccination obligatoire «si nécessaire». «Quand on se vaccine, ce n'est pas que pour soi, c'est une forme de chaîne solidarité et de protection de l'ensemble de la société», expliquait-il au Grand Jury RTL, Le Figaro, LCI. Le troisième homme de l'Etat appelle toutefois à ce que le potentiel caractère obligatoire du futur vaccin soit voté par le Parlement.

Dans le camp des «pro-vaccination obligatoire», le Parti radical de gauche (PRG) y va lui aussi de sa proposition. Pour le petit parti de centre gauche, le vaccin contre le Covid-19 devra, non seulement, «être obligatoire pour les personnes à risques et les personnels de santé ou d'accompagnement de vie des personnes âgées», mais les radicaux de gauche appellent aussi à ce que les personnes qui refusent de se faire vacciner «ne disposent plus des remboursements de soins inhérents à leurs choix et prennent en charge les frais de santé dès personnes qu'elles contamineront». «La société doit porter le coût des vaccins, pas les dépenses de ceux qui refusent de se protéger et de protéger les autres», explique le président du parti Guillaume Lacroix.

Le gouvernement plus prudent

Face à ses différentes prises de paroles, le gouvernement se veut, lui, plus prudent. «Je trouve assez incroyable que des gens, des experts, des politiques puissent déjà avoir un avis sur cette question», a affirmé ce mardi le ministre de la Santé, Olivier Véran, au micro de BFM et de RMC. «Parce que moi je n'en ai pas et ce n'est pas parce que je ne maîtrise pas le sujet ou parce que je m'en désintéresse, a-t-il poursuivi. C'est qu'avant même de poser la question de l'obligation vaccinale je me pose la question "allons-nous déjà avoir un vaccin ?", "quelles seront ses caractéristiques ?" […] Je reste prudent, tout est question de balance bénéfice/risque.»

Dans les ministères l'heure est plutôt à la préparation de la distribution du futur vaccin en préréservant, notamment, à l'échelle européenne «plusieurs millions de doses». La question d'une vaccination obligatoire pourrait bien se poser dans les prochaines semaines face aux réticences de la population. D'après un sondage Ipsos, les Français ne seraient en effet que 54% à envisager la vaccination contre le coronavirus. Il faudrait pourtant qu'entre 60 et 70% de la population soit immunisée pour, à terme, mettre fin à l'épidémie de Covid-19.

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