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Comment les investisseurs américains reviennent en France

Après les « hedge funds » et les « family office », les investisseurs plus classiques font leur retour.

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Après les « hedge funds » et les « family office », les investisseurs plus classiques font leur retour. John Grieshop/Getty Images/AFP

Par Pierrick Fay

Publié le 13 avr. 2014 à 13:13

Tous les ans, depuis 15 ans, Paris Europlace organise un forum à New York pour rencontrer les investisseurs américains et les inciter à revenir sur le marché français. Depuis 2008, l’exercice était pour le moins frustrant. De l’écoute, beaucoup, mais au final, peu d’investisseurs prêts à choisir la destination France. Mais depuis l’annonce en mai du « tapering » de la Fed (réduction des achats d’actifs), les capitaux américains reviennent. «Depuis six mois, nous avons fortement surpondéré la classe action, plus spécifiquement en Europe et plus spécifiquement encore en France. Dans le cas d’un portefeuille géré type, en juin 2012, seuls 18 % de nos investissements en actions étaient en Europe (et très minoritairement en France) contre 36 % aujourd’hui, au sein desquels la France est désormais fortement représentée », explique Kyril Courboin, président de JP Morgan France.

Dans un premier temps, poursuit Patrick Legland, directeur de la recherche à la Société Générale, « ce sont les investisseurs prêts à prendre le plus de risque, des “hedges funds”, des “family office”, qui sont intervenus et depuis le début de l’année, on voit revenir les investisseurs plus classiques qui s’appuient sur des fondamentaux un peu meilleurs. » La troisième phase pourrait venir un peu plus tard, celle des fusions transfrontalières. « Les entreprises françaises ont profité de l’euro fort pour acheter de la croissance aux Etats-Unis. Mais l’inverse n’est pas encore vrai. Ils attendent sans doute aussi des signes tangibles de reprise, explique Kyril Courboin. C’est peut-être lié au manque de réformes structurelles, et à un manque de compétitivité de la France. Le “french bashing” a peut-être aussi influencé les dirigeants des grands groupes américains. »

Le « french bashing », l’un des exercices favoris d’une partie de la presse anglo-saxonne, n’a en revanche pas dissuadé les investisseurs de placer leur argent sur la dette ou sur les actions françaises. Logique, selon Patrick Legland : « Les investisseurs professionnels ont une analyse très fondamentale, très détaillée des pays. Au-delà d’articles un peu polémiques, ils vont au fond des choses et ils voient que la situation de la France est relativement saine. Ils constatent que la conjoncture européenne est en train de s’améliorer. Ils observent aussi le besoin à la fois de réformes structurelles et de stabilité en France. Tout cela représente pour eux un potentiel d’amélioration. » Car selon le stratégiste de la Société Générale, ces investisseurs voient un peu plus loin que le bout de la dette française, proche des 2.000 milliards d’euros. Ils mettent en parallèle l’épargne très importante des Français et, notamment, les 1.500 milliards d’euros investis dans l’assurance-vie. « C’est très rassurant pour les investisseurs qui veulent avoir une certaine sécurité dans leur placement », conclut Patrick Legland. « Par ailleurs, pendant la crise, les entreprises françaises ont fait du très bon travail en protégeant globalement leurs marges. Beaucoup ont réduit fortement leur niveau d’endettement parce qu’elles avaient des inquiétudes sur l’avenir. Les américains apprécient d’investir dans des actifs relativement peu risqués, qui ont été bien gérés et ils se disent qu’à chaque fois qu’il y aura des investissements, que la dette remontera dans le bilan, cela fera monter mécaniquement la rentabilité des actions dans lesquelles ils investissent ».

L’optimisme des marchés et des investisseurs semblent tout de même trancher avec la morosité ambiante de la société française. Un paradoxe ? Pas forcément selon Patrick Legland : « Si je prends ma casquette d’économiste, je vais vous dire : la conjoncture en France reste extrêmement fragile, beaucoup d’incertitudes demeurent et il y a un vrai besoin de relance. Mais si je prends ma casquette de stratégiste, c’est-à-dire de tacticien de marché, je vais vous dire : le pire est passé. Nous avons devant nous un vrai potentiel d’amélioration ». Mais c’est aussi une question de confiance, selon Kyril Courboin : « Pour avoir de la croissance, il faut de la confiance mais pour avoir de la confiance, il faut de la croissance, comme l’a dit le Premier ministre, Manuel Valls. Le jour où l’on verra que les entreprises françaises performent bien, cela participera au retour de la confiance. »

Pierrick Fay

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