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"Le temps est venu de prendre des mesures pour mettre fin à l’impunité du tyran Erdogan"
"Cette stratégie de conquête néo-ottomane s’inscrit dans la suite de la politique expansionniste du nouveau sultan dans son environnement."
© Adem ALTAN

"Le temps est venu de prendre des mesures pour mettre fin à l’impunité du tyran Erdogan"

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Conseil de coordination des organisations arméniennes de France (CCAF), Conseil démocratique kurde en France (CDK-F) et d'autres associations dénoncent le jeu dangereux que joue Recep Tayyip Erdogan.

Les velléités de pogrom qui se sont manifestées contre les Français d’origine arménienne à Vienne, Décines et Dijon les 28 et 29 octobre, après les violences de même nature qui s’étaient déroulées à Décines le 24 juillet dernier, indiquent que l’ingérence de l’islamo-fasciste Recep Tayyip Erdogan sur le territoire a franchi un nouveau palier. Celle-ci s’était déjà exprimée de la pire façon avec l’assassinat impuni de trois militantes kurdes à Paris, le 9 janvier 2013. Elle prend aujourd’hui un tournant avec les tentatives de conférer un caractère de masse aux ambitions islamistes d’Erdogan d’étendre son influence jusqu’en France.

Stratégie de conquête néo-ottomane

Ce n’est absolument pas un hasard si les horribles attentats djihadistes survenus à Conflans-Sainte-Honorine et à Nice interviennent à la suite des discours haineux du président Erdogan contre la France. L’instrumentalisation des mosquées sous contrôle d’Ankara, la création de filiales de l’AKP et la propagation des idéologies panturques, panislamistes et négationnistes du génocide arménien sur le sol national, constituent autant de vecteurs d’une ingérence dangereuse pour la concorde républicaine et la démocratie.

Cette stratégie de conquête néo-ottomane s’inscrit dans la suite de la politique expansionniste du nouveau sultan dans son environnement. Après avoir poignardé dans le dos la résistance kurde à Daech en Syrie, l’an dernier, l’État turc provoque aujourd’hui ouvertement l’Europe, en violant l’espace maritime de la Grèce et de Chypre, en pérennisant l’occupation illégale de cette île. Et ce, alors qu’il intervient militairement dans le conflit libyen et qu’il est à la manœuvre dans l’entreprise d’épuration ethnique qui est en train de se mener contre les Arméniens du Haut-Karabakh, avec notamment l’envoi de mercenaires djihadistes, de matériel militaire de la dernière génération et d’armes non conventionnelles.

"Erdogan se prépare à étendre son invasion à toute la bande frontalière du nord de la Syrie"

Dans le nord de la Syrie, les régions kurdes – Afrin, Ras al-Aïn et Tall Abyad – occupées par la Turquie et ses hordes djihadistes sont confrontées à des crimes de guerre et des exactions quotidiennes. Le régime turc y mène un nettoyage ethnique à l’encontre des Kurdes, des Assyro-Chaldéens et des Arméniens.Aujourd’hui, Erdogan se prépare à étendre son invasion à toute la bande frontalière du nord de la Syrie. Parallèlement, il menace le Kurdistan irakien, notamment le Sinjar, une région yézidie profondément meurtrie par l’invasion de Daech en 2014.

Cet impérialisme qui ambitionne de reconstituer l’Empire ottoman se double à l’intérieur de la Turquie d’une répression féroce contre la société civile, les forces démocratiques, les intellectuels, la presse, alors que le pays s’enfonce dans la crise économique.

"Le temps est venu de dire "stop" à ce tyran"

Les victimes des folies mégalomaniaques d’Erdogan se comptent aujourd’hui par dizaines de milliers. Et leur nombre pourrait s’étendre jusqu’en Europe, si celle-ci continue à pratiquer la politique de l’autruche à l’égard de cet autocrate dangereux pour les siens et pour les autres. Le temps est venu de dire "stop" à ce tyran, qui est à la fois le produit d’une longue dérive criminelle et autoritaire de l’État turc, mais aussi des aveuglements et des compromissions de l’Europe et des puissances à son endroit.

Le temps est venu de prendre, dans le cadre de la République et de nos institutions, toutes les mesures susceptibles d’endiguer la menace. Ce qui implique notamment d’interdire toutes les structures inféodées à ce dictateur, et d’instaurer des contre-feux idéologiques, par exemple une loi de pénalisation du négationnisme du génocide arménien, à l’instar de celles relatives aux autres crimes contre l’humanité du XXe siècle.

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Il est grand temps également que la justice française mette fin à l’impunité du meurtre des militantes kurdes Sakine Cansiz, Fidan Dogan et Leyla Saylemez. La France doit empêcher que le régime turc commette à nouveau ces crimes épouvantables sur le territoire français.

Le temps est également venu de reconnaître le droit légitime des peuples de la région à disposer d’eux-mêmes et de les aider à se défendre contre ce péril, y compris militairement, car ils constituent la première ligne de résistance face au risque qui pèse sur nos sociétés démocratiques, nos valeurs républicaines, dont la laïcité, le féminisme, l’antiracisme, la liberté et la tolérance. Les défendre, c’est nous protéger. Nous attendons de nos élus qu’ils prennent la mesure de la situation et du Président de la République qu’il adopte sans faiblir toutes les décisions d’intérêt général qui s’imposent face à la menace représentée par Recep Tayyip Erdogan. Avant qu’il ne soit vraiment trop tard.

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Signataires :

Conseil de coordination des organisations arméniennes de France (CCAF)
Conseil démocratique kurde en France (CDK-F)
SOS Racisme
Union syndicale Solidaires
Renée Le Mignot, présidente du Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples (MRAP)
Yves-Jean Gallas, Mouvement de la Paix
La communauté chypriote de France
L'association France-Chypre
La communauté hellénique de Paris et des environs
Le Comité de soutien aux chrétiens d'Irak
ACTIT (Association culturelle des travailleurs immigrés de Turquie)

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Natacha Polony, directrice de la rédaction de Marianne