Montpellier : Tarik, l’étudiant qui cuisine pour ses camarades en galère
Pour aider les jeunes qui en ont besoin, Tarik Oukil cuisine des petits plats et les partage.
Il a préparé du thé, est en train de concocter son repas de midi et demande tout de suite si on veut manger quelque chose.
Tarik Oukil, 24 ans, est avenant et généreux, ça se voit tout de suite. Originaire de Rennes, le Breton est arrivé à Montpellier en septembre pour suivre un master de droit des personnes et de la famille. Quand il a cherché à louer un appartement, son critère principal était d’avoir une grande cuisine.
"Tout le monde cuisine dans la famille. On est trois garçons, je suis le plus petit. Ma mère est un chef, elle nous a beaucoup appris." Il trouve son bonheur place de l’Om, dans l’Écusson, tout près de la fac de droit.
Proposer de l’aide "à mon échelle"
Au début du confinement, Tarik Oukil rentre d’un footing, croise un voisin, lui aussi étudiant, et lui demande comment il vit cette période particulière. "Il m’a répondu qu’il galérait financièrement et que sa priorité était de payer le loyer, pas de remplir le frigo. Ça m’a fait mal au cœur. Je lui ai proposé de lui faire à manger tous les soirs."
Depuis, chaque soir, Tarik remplit une assiette pour son voisin et pense aussi à lui quand il va faire ses courses "pour du lait, des céréales, des petites choses". L’aider l’amène à s’interroger. "Je me suis dit que d’autres étudiants devaient galérer." Le 14 novembre, sur sa page Facebook, il poste un message et quelques photos de ses plats, présentés avec soin.
Le goût d’aider les autres
"J’ai pris conscience que le confinement ne réussit pas à tout le monde et j’ai eu envie de proposer de l’aide, à mon échelle. Je cuisine avec ce que j’ai sous la main, je ne veux surtout pas que les gens fassent les courses."
Dans la maison familiale, la maman de Tarik cuisine beaucoup et le jeune homme l’a toujours vue inviter ou partager ses grands plats de couscous ou de tajine avec les voisins. "Ma mère nous a inculqué le goût d’aider les autres. Kévin, l’animateur de la maison de quartier où j’étais bénévole, aussi."
Le rugby - Tarik était rugbyman de haut niveau avant de se blesser -, a aussi sûrement contribué à cet esprit d’équipe.
"Me sentir utile, tout simplement"
En trois jours, sept jeunes sont venus chercher à manger chez Tarik avec leur boîte en plastique. Avant de leur préparer un plat, Tarik s’informe sur leurs goûts, leurs allergies, puis s’attelle aux fourneaux pour faire mijoter ses spécialités : des ramens, des tajines aux olives ou aux pruneaux, des feuilles de brick au thon, au poulet, des rouleaux de printemps… Son plaisir ? "Me sentir utile, tout simplement. Et lire, le matin, que les gens se sont régalés avec ma cuisine."
Deux associations l’ont aussi démarché pour cuisiner pour elles, mais Tarik hésite car la priorité doit rester ses études. "Je me suis rendu compte que je pouvais dépanner, même sans grands moyens", conclut-il. Sans grands moyens mais avec beaucoup de cœur.
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