En Île-de-France, la gauche veut supprimer la charte de la laïcité

VIDÉO. Empêtrée dans des débats, la gauche d'Île-de-France ne cesse de refuser la charte régionale de la laïcité mise au point par Valérie Pécresse.

Par et

Temps de lecture : 4 min

Il existe des groupes politiques qui ont le mérite de la constance… Pour la 26e fois depuis mars 2017, le groupe Front de gauche au conseil régional d'Île-de-France a déposé un amendement visant à supprimer la charte locale de la laïcité, votée en mars 2017 par l'exécutif régional. Cet amendement rituel déposé par le Front de gauche propose de remplacer la « charte régionale des valeurs de la République et de la laïcité » par une énonciation de principe : « Le bénéficiaire s'engage à lire et à respecter la loi de 1905. » Rien de surprenant à ce que cette charte locale, qui prévoit que les bénéficiaires de subventions de la région Île-de-France fassent « respecter les valeurs de la République et le principe de laïcité », ne soit pas du goût de l'extrême gauche…

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Plus surprenant, en revanche, est la solidarité des écologistes, des hamonistes et des socialistes qui ont voté en bloc en faveur de cette suppression pure et simple.

Moulins à vent

Pour Jonathan Kienzlen (PS), les élus de son groupe ont voté pour la suppression de la charte, car ce texte ne serait qu'« un outil de communication au service de la campagne de Valérie Pécresse. Cette charte chasse des moulins à vent, les services de la région ne sont pas habilités à contrôler les associations, et pas une seule subvention n'a été refusée pour non-respect de cette charte. » Pour l'élu, qui reconnaît que ce vote peut sembler troublant pour qui n'est pas rompu aux arcanes de la politique régionale, il ne faudrait pas en déduire que les élus socialistes sont opposés à la laïcité : « Nous défendons évidemment la laïcité, mais nous considérons que toutes les religions ne sont pas traitées de la même manière, notamment par la majorité qui n'hésite pas à voter des fonds à des associations catholiques comme Laissez-les servir. »

L'association en question, qui a pour but de ramener les décrocheurs scolaires dans le circuit, n'a pas de caractère confessionnel. Présidée par un ancien officier, Nourouddine Abdoulhoussen, elle est subventionnée par l'État et des organismes privés comme la fondation Vinci. « Et de toute façon, même si elle était catholique ou musulmane, où serait le problème ? » avance la présidente de la région Île-de-France, Valérie Pécresse. « À partir du moment où une association signe la charte, s'engage à être neutre et à aider tout le monde, il n'y a aucun souci. En l'occurrence, Laissez-les servir a signé notre charte et elle la respecte. » La gauche pointe aussi régulièrement la présence dans la majorité régionale de militants catholiques du mouvement Sens commun… trois sur cent vingt élus… « Et eux, de toute façon, ont voté la charte de la laïcité, souligne Valérie Pécresse. Les élus de gauche ont-ils aussi compté le nombre de juifs, de musulmans ou d'athées que j'ai dans ma majorité ? Je n'ai pas à rendre de compte, des élus de tous les horizons me soutiennent. »

Stricte neutralité

Cette charte adoptée en mars 2017 prévoit de limiter l'attribution de subventions régionales aux associations qui s'engagent au respect de la laïcité. Le texte rappelle notamment aux agents territoriaux leur devoir de « stricte neutralité […], quelle que soit la nature de sa relation avec un administré ou un usager ». À rebours des interprétations « ouvertes » de la laïcité, le document rappelle aux citoyens que la laïcité ne se limite pas à la neutralité des agents de l'État et insiste sur le fait que les utilisateurs des services publics régionaux « ne peuvent se prévaloir de convictions politiques, philosophiques ou religieuses pour ne pas appliquer les principes et valeurs de la République, ni porter atteinte au vivre ensemble ».

Les élus régionaux écologistes avaient saisi l'Observatoire de la laïcité, qui, fidèle à son interprétation très ouverte et œcuménique de la laïcité, avait émis un avis sur cette charte régionale, sur un ton un rien moraliste : « Dans l'État de droit français, caractérisé par un principe de liberté, on n'interdit pas tout ce que l'on désapprouve », avait écrit son président Jean-Louis Bianco à la présidente de région, rappelant dans le même courrier que, « face à des phénomènes nouveaux, apparus ces dernières décennies dans un contexte social fragile, de montée de revendications communautaires, de contestation ou d'instrumentalisation du principe de laïcité, le droit positif, sans que ce soit sur le fondement du principe de laïcité, permet de répondre aux comportements ou agissements contraires aux exigences minimales de la vie en société ». Pas assez pour Valérie Pécresse, qui entend désormais inviter toutes les collectivités d'Île-de-France à signer ce texte. Une motion de l'exécutif régional a été soumise aux élus de la région réunis en séance plénière ce 19 novembre. « Moi, ce que je désapprouve, ce sont les atteintes à la République ! affirme Valérie Pécresse au Point. On ne doit pas utiliser l'argent public pour nourrir les ennemis de la République ! Cette charte représente une vraie protection pour les collectivités afin d'éviter qu'elles financent des associations pratiquant le séparatisme. » Un scrutin qu'il sera intéressant d'analyser.

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Commentaires (80)

  • iluro_64

    Utiliser cette expression est donner une excuse à cette gauche en raison du sens compatissant du mot pauvre.
    La gauche, trop empêtrée dans un galimatias d'idéologies diverses et contradictoires, n'a plus aucune excuse. Elle se renie elle-même sans en prendre conscience.
    Elle a tellement galvaudé le sens du mot socialisme qu'elle ne sait même plus de quoi il s'agit, coincée dans le sens marxiste du terme, coincée dans la victimisation systématique, coincée dans une opposition sans fondement.
    S'opposer à une charte de la laïcité est, en quelque sorte un summum de contradiction idéologique à chercher entre les "bouffeurs" de curés et les sympathisants " islamophiles " des imams politico-islamistes.

  • OP111

    La gauche n'a décidément rien compris ou alors est d'un cynisme abject. J'espère que cette gauche là ne reviendra jamais au pouvoir.

  • tonton jacquot

    @ Par le couperet
    Le problème c'est que 90% des médias et des chaines d'infos sont également de gauche.