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Aurélien Taché, le tâcheron de la démission permanente
Aurélien Tâché
GUILLAUME SOUVANT / AFP

Aurélien Taché, le tâcheron de la démission permanente

Humeur

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Pour le député du Val-d’Oise, la polygamie relève simplement d'un "mode de vie différent", et il faut donc s'en accommoder. À quand la suite ?

Avec le député Aurélien Taché, ex PS reconverti en macronien pur sucre avant de faire ses valises pour le groupe "Écologie, démocratie, solidarité" (EDS), on n’est jamais déçu, c’est même à ça qu’on le reconnaît. Il suffit qu’il ouvre la bouche pour que s’envole quelque incongruité de la plus belle espèce.

La dernière concerne la polygamie. De passage sur CNews, où l’on est habitué à entendre des vertes et des pas mûres, le député du Val-d’Oise a expliqué qu’il ne fallait pas en faire une montagne, que c’était juste « un mode de vie différent », et que la République n’avait pas à s’en mêler.

Qu’un homme puisse partager son toit avec plusieurs femmes, entre lesquelles il est à même de choisir au gré de ses humeurs, de ses désirs ou de ses fantasmes, voilà qui ne choque pas le respectable parlementaire. Ce dernier s’interroge benoîtement : « On va maintenant regarder combien il y a de personnes sous la couette ? ». Et de poursuivre en expliquant qu’il est « étonnant que l’État se mêle de ce genre de choses », avant de conclure que : « La société française est plurielle et diverse ».

La diversité a bon dos

En somme, au nom de la "diversité", il faudrait accepter tout et son contraire, s’asseoir sur des principes universels, et tolérer l’intolérable sous prétexte qu’il est des contrées où des mœurs attentatoires à la dignité humaine ont droit de cité.

En vertu de tels préceptes, Aurélien Taché avait déjà expliqué ailleurs qu’il ne voyait pas au nom de quoi il faudrait interdire les certificats de virginité. De même, il avait confié qu’à ses yeux le hijab et le serre-tête c’était burka bleue et bleue burka. En août dernier, le gouvernement a pris des mesures à l’encontre d’une famille originaire de Bosnie-Herzégovine ayant séquestré et tondu une jeune musulmane de 17 ans accusée de s’être éprise d’un jeune serbe chrétien. Aussitôt, le parlementaire indigné a accusé les ministres concernés de remettre « une pièce dans le juke-box de la haine anti-musulmane », laissant entendre que le lynchage fait partie du mode de vie des musulmans. Et ainsi de suite.

Avec Aurélien Taché, on n’est jamais au bout de ses mauvaises surprises. La seule question qui se pose avec lui est : quel sera son prochain coup de sang ? Va-t-il proposer d’interdire l’IVG ? Va-t-il demander qu’on légalise l’excision ? Va-t-il légitimer la chasse aux gays sous prétexte qu’il est des pays où l’homosexualité est passible de la peine de mort ? Va-t-il, pour la même raison, proposer de légaliser le travail des enfants et si oui à partir de quel âge ?

Les leçons de l'histoire

Certains diront que ce déçu du macronisme est l’irresponsabilité faite homme et qu’il ne faut guère prêter d’attention à ses foucades. Ce n’est pas entièrement faux, à ceci près que les prises de position de l’honorable parlementaire reflètent l’état d’esprit d’une partie de l’élite politico-intellectuelle, toujours prête à capituler devant les tenants du relativisme culturel qui sapent les fondements même du pacte républicain.

Pour ces petits soldats de l’ombre, rien ne sert de défendre des règles et des principes humanistes arrachés au fil des luttes populaires. À leurs yeux, invoquer ces préceptes revient d’office à vouloir mépriser les « dominés » ou les « racisés », comme ils disent, quitte à nourrir le discours islamiste qui infuse dans certains milieux. Dès que l’on dénonce leur mélopée victimaire, ils crient à la censure et au retour du maccarthysme – preuve qu’ils n’ont rien appris les leçons de l’histoire.

Voilà pourquoi la nième affaire Taché ne doit pas être prise à la légère. Elle n’est que le dernier épisode d’une lancinante rengaine qui revient en permanence et qui connaîtra d’autres épisodes. Il ne faut ni s’y habituer ni s’en accommoder, car il est des taches qui ne s’effacent jamais.

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Natacha Polony, directrice de la rédaction de Marianne