Avec la première voie autoroutière dédiée au covoiturage, Grenoble veut proposer une piste pour la mobilité de demain. Cette mesure doit permettre d'inciter les automobilistes à ne plus voyager seuls alors que 70 % des trajets quotidiens domicile-travail se font en voiture, et ainsi réduire la pollution de l'air. 

C’est une première en France Au nord de l’agglomération grenobloise, depuis fin septembre, un tronçon d’autoroute de huit kilomètres est désormais dédié aux covoitureurs, dans le sens Lyon/Grenoble. Cette voie réservée, située à gauche et signalée par un losange noir et blanc, n’est activée que lorsque le trafic se densifie, ce qui est régulièrement le cas aux heures de pointe.
Seules les voitures comptant plus de deux passagers, les taxis – même vides – et les voitures électriques sont alors autorisés à l’emprunter. "L’ouverture de la voie réservée au covoiturage apportera un gain de temps significatif aux covoitureurs, notamment en fiabilisant leur temps de trajet", estime le gestionnaire Area dans un communiqué, mettant en avant les bénéfices de ce mode de transport : "des économies, moins de pollution, l’accès à la mobilité pour ceux qui n’ont pas de véhicule/permis, la convivialité et surtout moins de congestions à terme."  
Objectif : 3 millions de trajets en covoiturage par jour d’ici 2024
Un radar d’un nouveau type a été installé pour compter automatiquement le nombre de passagers dans chaque véhicule, "à l’avant comme à l’arrière, de jour comme de nuit et dans toutes les conditions climatiques", précise le gestionnaire autoroutier. Dans les premiers mois, de la pédagogie sera faite auprès des automobilistes, à l’aide de panneaux lumineux, de spots radio et de courriels envoyés aux clients abonnés au télépéage. Mais à terme, les contrevenants risquent une amende de 135 euros.  
L’État prévoit de nouvelles expérimentations de ce type sur l’A15 en Île-de-France et sur l’A7 à Marseille. À Rennes, une ligne de covoiturage payante pour les chauffeurs et gratuite pour les usagers va aussi être lancée en janvier prochain. L’objectif est de tripler le nombre de trajets quotidiens en covoiturage d’ici 2024 pour atteindre les trois millions. De quoi éviter l’émission de 7 800 tonnes de CO2 par jour avec un million de voitures en moins sur les routes. Pour cela, la loi Mobilités de 2019 va permettre d’accélérer la création de voies réservées sur les axes routiers et faciliter le stationnement des covoitureurs. Le forfait mobilités, proposé aux salariés et élargi au covoiturage, vient en outre de passer de 400 à 500 euros par an.  
En pleine épidémie de Covid-19, le développement du covoiturage – qui reste autorisé sous conditions – apparaît comme d’autant plus nécessaire pour lutter contre la pollution de l’air. Une récente étude internationale publiée dans la revue Cardiovascular Research estime en effet qu’environ 15 % des décès dans le monde dus au Covid-19 pourraient être attribués à une exposition à long terme aux particules fines. Une proportion qui monte à 18 % en France et même à 27 % dans les régions les plus polluées de la planète, comme l’Asie de l’Est. 
Concepcion Alvarez @conce1

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