Allemagne : ces anti-masques qui se comparent à des résistants face au nazisme

Des manifestations anti-masques sont organisées chaque week-end en Allemagne, rassemblant militants de la gauche radicale, conspirationnistes et extrémistes de droite.

 Une manifestante anti-masque à Leipzig le 21 novembre
Une manifestante anti-masque à Leipzig le 21 novembre REUTERS/Hannibal Hanschke

    La scène a déjà été visionnée plus d'un million de fois. Montée à l'estrade lors d'un rassemblement anti-masques dans les rues d'Hanovre, une femme de 22 ans compare sa vie à celle de Sophie Scholl, étudiante allemande exécutée par les nazis en 1943 pour son rôle dans la résistance.

    « Je ne travaille pas pour la sécurité pour (entendre) de telles absurdités », s'insurge un agent de sécurité lorsque, dans le même temps, la jeune femme éclate en sanglots et laisse tomber son micro avant de quitter l'estrade.

    Cette séquence illustre à elle seule l'écho suscité en Allemagne par les manifestants anti-masques en Allemagne. Celles-ci rassemblent parfois jusqu'à 20 000 personnes issues, entre autres, de la gauche radicale, des milieux conspirationnistes ou de l'extrême droite. Samedi dernier, à Karlsruhe, c'est une fillette de 11 ans qui estimait vivre un cauchemar à la hauteur de celui vécu par Anne Frank parce qu'elle avait dû fêter son anniversaire au calme. Plusieurs centaines de personnes se sont également rassemblées dimanche à Berlin pour une nouvelle manifestation contre les restrictions anti-Covid.

    « Aucun rapport entre les manifestations et les combattants de la résistance »

    « Quiconque aujourd'hui se compare à Sophie Scholl ou Anne Frank se moque du courage dont il a fallu faire preuve pour tenir tête aux nazis », a déclaré dimanche le ministre des Affaires étrangères Heiko Maas dans un tweet. Une telle attitude « banalise l'Holocauste et révèle un oubli inadmissible de l'histoire. Il n'y a aucun rapport entre les manifestations (contre les restrictions anti) coronavirus et les combattants de la résistance. Aucun ! », s'est-il indigné, comme de nombreux Allemands.

    L'Allemagne a pendant longtemps mis un point d'honneur à faire face à son passé nazi et à reconnaître « sa responsabilité éternelle » dans l'extermination des juifs. Le parti d'extrême droite AfD a au cours des dernières années contesté cette culture de la mémoire historique, ses dirigeants appelant à cesser d'expier les crimes du nazisme.

    Un aménagement des mesures mercredi

    L'Allemagne a renforcé les restrictions depuis début novembre pour tenter d'endiguer la deuxième vague de contaminations : les restaurants, bars, lieux culturels et centres de loisirs ont été contraints de fermer tandis que les commerces et établissements scolaires ont été autorisés à rester ouverts.

    VIDEO. Berlin, Londres, Floride... Pourquoi ils manifestent contre le port du masque obligatoire

    Mercredi, la chancelière Angela Merkel et les seize lands devront décider si des mesures encore plus strictes doivent être adoptées d'ici Noël. Le ministre des Finances Olaf Scholz a déclaré dimanche au quotidien Bild que les restrictions actuelles « devront sans doute être prolongées pendant un certain temps ».