La peur et la colère de parents d’élèves de maternelle, dont les enfants racontent des viols, Mediapart

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… et avant même un scandale de pédo-criminalité, on lit dans Mediapart cette sensation d’abandon quand nos familles sont menacées et l’Etat est absent. Pendant ce temps, le Monde raconte les méthodes scrupuleuses de la Brigade des mineurs, ses policiers d’élite ont-ils raté la souffrance de petits parisiens?

On parle d'enfants... 

Des enfants petits qui dans leurs familles, devant des médecins, parlent de sexe et de violences qu'on leur aurait imposées,  des "choses méchantes", des "jeux méchants", vous lirez dans Mediapart ces mots crus qui empoisonnent des familles depuis plus d'un an, mais il s'agit moins d'un article sur la pédocriminalité que sur la sensation d'abandon et la colère qui s'empare de nous quand nous sentons nos familles menacées et l'Etat la Police, les juges ne sont pas au rendez-vous. 

On parle d'un quartier protégé de Paris, le 3e arrondissement, et d'une école maternelle dont trois élèves se plaignent d'agressions sexuelles, ils mettent en cause un animateur, nous sommes en janvier 2019. La brigade des mineurs est saisie de l'affaire mais elle boucle vite son enquête et après elle le parquet classe le dossier. Mais d'autres témoignages surviennent et dès l'été 2019, une nouvelle information est ouverte, un autre service de police est saisi, et en septembre 2020 enfin, treize enfants -treize!- sont auditionnés par les policiers puis à l'hôpital de l’Hôtel-Dieu. 

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Mais un an et demi a passé et dans ce temps perdu s'est installé le doute et la psychose. Le doute parce que les enfants ont grandi, leur langage est mieux maitrisé mais les souvenirs sont moins nets ou ils ont été pollués par l'angoisse des parents, l'atmosphère de l'école, la psychose. 

Et Mediapart raconte ce qu'ont vécu les familles, prévenues en février 2019 par un mel envoyé à 23h14 un soir de départ en vacances qu'un animateur de l'école avait été suspendu. Et après, des évitements, des propos lénifiants de l'école, des élus, les peurs qui s'installent, à qui faire confiance, comment savoir si son enfant a été violenté, des gamins deviennent phobiques ou jouent à des jeux sexuels, on consulte des pédopsychiatres...

Chacun peut s'imaginer à la place de ces parents, perdus.

De tous les évitements que rapporte Mediapart, le plus troublant est celui de la Brigade des mineurs, qui refusait au printemps 2019  d'enregistrer d'autres témoignages de familles, et qui aurait provoqué le premier enterrement du dossier... 

Et ce refus est terrible car cette brigade est citée en exemple pour le dévouement de ses policiers à la cause des enfants victimes... 

Justement le Monde, dans un dossier sur l'inceste, raconte de l'intérieur les méthodes de la Brigade des mineurs, sa culture des mots qui sont souvent la seule matérialité des crimes contre l'enfance, ses règles minutieuses pour extraire sans la contaminer la parole des petits, jusqu'au moment où sort l'insoutenable. On ne peut voir un enfant victime qu'une seule fois, sinon commence l'influence possible, il faut sans cesse y prendre garde... L'enquête du Monde est fascinante comme celle de Mediapart est accablante. Ces policiers par scrupule ont-ils manqué la vérité de petits parisiens, sont-ils au coeur de ce qui deviendra un scandale une douleur nationale, on lit, on est démuni.... 

On parle aussi d'adultes...

Qui cherchent des des solutions quand les certitudes tombent, tels ces silos céréaliers qui depuis près de 60 ans dominaient le port du Havre et qui une dernière fois dominent  la une de Paris Normandie, enfin, on est en train de les faire tomber, cela vingt ans qu'ils ne servaient plus. 

Dans le nouveau monde, certains triomphent, racontent les Echos, la Chine qui non seulement envoie une fusée creuser le sol de la lune, mais élève aussi des visons, pour remplacer ceux que nous tuons en Europe, et les géants de l'internet qui profitent de la crise pour "évangéliser" nos petites et moyennes entreprises peu digitalisées, créer son site, se mettre au click and collect, prendre un abonnement youtube pour être informés suggère Google dans ses ateliers numériques, inexorable. 

Il est  brave Monsieur Gilles Soulier maire d'Ancy-Dornot, qui  dans le Républicain lorrain s'oppose à l'installation de casiers Amazon dans  sa gare SNCF, il veut favoriser une plateforme numérique de producteurs locaux. 

Et quand des journaux préparent les mots d'un Président « attendu comme le Messie » titre la Provence et cela sonne comme une galéjade, d'autres plus nombreux, parlent de leur petit monde, qui se défend. 

La Montagne raconte ces commerçants qui livrent les maisons confinées isolées, l'Yonne républicaine écoute les volontaires de la banque alimentaire qui ont préparé la collecte, les DNA accompagnent une association caritative à la rencontre des SDF de la place Kleber à Strasbourg, qui plus que de la nourriture demandent des gants de bonnets de chaussettes et de couvertures. Les animateurs de « ô coeur de la rue » sont de jeunes musulmans engagés religieusement, qui distribuent la soupe que mijotent des dames à la mosquée mais aussi des pizzas Domino. On n'est pas en Alsace pour rien, où la laïcité est moins stricte , les DNA expliquent pourquoi la charité est un pilier de l'Islam. 

Pas seulement de l'Islam. A la Une de la Croix, le Pape François, plaide pour le partage du travail et des richesses comme dans les utopies d'autrefois, il prône dans un livre qui sort la semaine prochaine le revenu universel, cet homme suit son chemin... 

Si loin de la douceur de François, vous lirez dans Ouest-France un trafic d'arme géant qu'en quatre années d'enquête nos gendarmes d’Angers ont démantelé, 4000 armes saisies, 400 perquisitions 20 mises en examen, un réseau tentaculaire attrapé après l'arrestation d'un militaire en septembre 2016 près du Mans, et qui comptait un employé d'une armurerie du ministère de l'intérieur et un cadre qui assemblait des armes dans une ferme en Seine-et-Marne, c'est vertigineux, et en d'autres temps, la presse ne parlerait que de cela... 

Et on parle de femmes...

Deux survivantes et la dernière perdue. La première se nomme Lynn Conway, Slate en ligne la raconte, une ingénieure surbrillante en informatique, elle travaillait en 1968 chez IBM à un ordinateur ultra -apide quand elle fut licenciée parce que l'entreprise redoutait son scandale, Lynn était née garçon et parachevait alors sa transition en femme, ce n'était pas dans l'air du temps, mais elle était pionnière, elle a vécu une belle vie et octogénaire vient de recevoir les excuses de l'entreprise. 

Chez nous vit Simone qui a 98 ans et s'étonne presque de sourire encore dans le Courrier picard, elle a développé le Covid mais sans en ressentir les symptômes, elle en aura vu des choses. 

Chez nous ne vit plus Aurélie qui avait 35 ans aide-soignante en pleine santé,  mais morte du même Covid le 20 novembre, son mari Karim veut savoir et vit après elle dans le Journal de Saône-et-Loire avec leurs deux enfants, hospitalisée, Aurélie lui avait envoyé un texto, « prends soin de toi, je t’aime", ils étaient un couple drôle qui en juin dernier s'amusait à la télévision dans l'émission les Z’amours, il s'étaient rencontrés dans un karaoké chantant du Bruel, j’te l’dis quand même, nous l'entendons.

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