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Reportage international

Albanie: une femme sur deux serait victime de violences, selon un rapport de l’ONU

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C'est aujourd'hui la Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes et à cette occasion, RFI se mobilise et propose des débats, des invités, des analyses et des reportages sur nos antennes et notre site. Reportage en Albanie où une femme sur deux est victime de violences domestiques.

Marche de manifestantes pour la défense et la protection des femmes vulnérables et contre les violences domestiques, le 8 mars 2019 à Tirana.
Marche de manifestantes pour la défense et la protection des femmes vulnérables et contre les violences domestiques, le 8 mars 2019 à Tirana. AFP - GENT SHKULLAKU
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Les mouvements de libération de la parole type « #MeToo » n’ont pas trouvé beaucoup d’échos dans cette société conservatrice et très patriarcale. Pourtant, certaines arrivent à trouver le courage de faire face aux stigmatisations.

Raconter son histoire pour donner du courage à celles qui se taisent. Il y a 20 ans, Ina Kasimati a choisi de garder son enfant contre l’avis de son mari et de sa belle-famille. Pendant presque 3 ans, elle a souffert le calvaire sous les coups de son conjoint.

« La violence physique, c’est…, c’est quelque chose d’affreux. Ce n’est pas seulement la violence d’un moment, ce n’est pas seulement la violence d’une année, mais ça t’accompagne… ça t’accompagne toute ta vie. Et quand tu vois une autre femme qui souffre, cette violence se manifeste à nouveau en toi. »

Au bord du gouffre, Ina a décidé de partir et d’élever seule son enfant. Si les divorces sont aujourd’hui fréquents en Albanie, ils restent très mal vus dans cette société patriarcale où la femme mariée est souvent perçue comme la « propriété » du mari. Enseignante, Ina tient à changer le regard des femmes sur leurs conditions : « Tu ne dois pas accepter qu’un homme te violente. Qu’est-ce que c’est cette forme d’amour ? Il n’y a pas d’amour avec de la violence. Un homme qui te frappe n’est pas un homme qui t’aime. »

Libérer la parole et briser les tabous, c’est le but du livre qu’Elga Mitre a lancé sur internet. Avec ces pinceaux, elle donne des formes et des couleurs aux témoignages comme celui d’Ina.

« Il ne faut pas attendre qu’une femme soit assassinée pour se rappeler qu’il y a de la violence dans les familles. Et c’est ça, le but de mon livre : qu’en le lisant certaines femmes se disent " Ok, je ne suis pas la seule à avoir vécu ça, je ne suis pas responsable de ce qui m’arrive. " »

En juin dernier, des milliers de jeunes ont défilé dans les rues de Tirana pour dénoncer le viol sordide d’une adolescente. Elga Mitre compte sur cette nouvelle génération pour changer les choses.   

« Si tu as décidé de parler des violences, les gens vont te regarder de façon épouvantée. Mais bon, il faut que les choses changent. Et j’espère beaucoup que la jeune génération qui a grandi avec une autre mentalité et des idées plus ouvertes, elle pourra apporter du changement. »                                                   

Selon un rapport de l’ONU de 2019, une Albanaise sur deux serait victime de violences domestiques. Figure du féminisme local, Sevim Arbana salue le récent durcissement des peines pour les auteurs de ces violences. Mais avec un État encore largement absent, elle reste prudente.

« C’est affreux : une femme sur deux ! Violence physique ou psychologique… L’État ne s’est jamais vraiment préoccupé de ces questions ! Pourtant c’est avec des lois que les mentalités changent. Des lois sont rédigées aujourd’hui, mais les mentalités ne vont pas changer tout de suite. Il faudra au moins une décennie pour changer les mentalités. »

Dans l’un des pays les plus pauvres d’Europe, les conséquences économiques de la Covid-19 ont déjà eu des effets tragiques. Depuis mars, les rares ONG qui viennent en aide aux femmes albanaises ont toutes noté une forte hausse des violences conjugales.

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