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Douze leaders pro-démocratie convoqués par la police thaïlandaise pour lèse-majesté

La loi sur le lèse-majesté punit jusqu'à 15 ans de prison toute insulte, critique, diffamation envers le roi ou un membre de sa famille. Après quatre mois de rassemblements, la tension monte en Thaïlande

Des manifestants pro-démocratie réclamant une réforme de la monarchie à Bangkok, en Thaïlande, le 20 septembre 2020. — © REUTERS /Athit Perawongmetha
Des manifestants pro-démocratie réclamant une réforme de la monarchie à Bangkok, en Thaïlande, le 20 septembre 2020. — © REUTERS /Athit Perawongmetha

Douze organisateurs du mouvement pro-démocratie sont convoqués par la police «sur la base de l'article 112 du Code pénal», a déclaré l'association des avocats thaïlandais de défense des droits humains (TLHR). Ils pourraient être mis en examen pour lèse-majesté, une première depuis le début de la contestation qui prévoit un nouveau rassemblement mercredi à Bangkok pour dénoncer l'opacité des finances royales.

La loi sur le lèse-majesté, l'une des plus sévères au monde, punit jusqu'à 15 ans de prison toute insulte, critique, diffamation envers le roi ou un membre de sa famille. Elle n'a plus été utilisée depuis 2018.

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«Qu'est-ce que cela signifie, que la monarchie a déclaré une guerre totale au peuple?», s'est interrogé le leader Parit Chiwarak, dit «Penguin», une des douze personnes visées, parlant à l'Agence France Presse (AFP). «Une telle attitude pourrait attirer encore plus de monde dans la rue.»

Les protestataires de plus en plus virulents

Le mouvement pro-démocratie avait initialement prévu de marcher mercredi vers le Crown property bureau (CPB), qui gère la fortune royale. Pour éviter d'éventuels affrontements avec des ultra-royalistes, il a finalement décidé de se rassembler devant les bureaux de la Siam Commercial Bank, une des plus grandes banques du royaume dont le roi est à titre personnel l'un des principaux actionnaires.

Les protestataires se montrent de plus en plus virulents envers la royauté dont il demande une réforme en profondeur, réclamant notamment un contrôle sur les gigantesques finances royales.

Le roi Maha Vajiralongkorn a fait adopter une loi lui donnant un pouvoir total sur le CPB. Auparavant, le ministre des Finances siégeait au conseil, assurant un semblant de contrôle de la part du gouvernement.

Une réponse des forces de l'ordre et judiciaire

BTP, banque, chimie, assurances, immobilier: le CPB n'est pas tenu de publier ses chiffres, mais les analystes estiment qu'il administre entre 30 et 60 milliards de dollars d'actifs, ce qui fait de la monarchie thaïlandaise l'une des plus riches du monde.

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Après quatre mois de rassemblements, la tension monte en Thaïlande. La semaine dernière, la police a fait usage de canons à eau et de gaz lacrymogènes contre des protestataires et six personnes ont été blessées par balles, des tirs dont l'origine reste indéterminée.

La riposte des autorités intervient aussi sur le front judiciaire: depuis le premier rassemblement du 18 juillet, au moins 174 personnes ont été mises en examen pour «participation illégale à une manifestation» et au moins 46 sont poursuivies pour «sédition», un crime passible de sept ans de prison, selon TLHR.