LES PLUS LUS
Publicité
Publicité

Diego Maradona, le numéro 10 de Dieu, la part du Diable

Diego Maradona dans le film du même non d'Asif Kapadia.
Diego Maradona dans le film du même non d'Asif Kapadia. © DR
Yannick Vely , Mis à jour le

L'ancien footballeur argentin Diego Maradona est mort, annonce la presse argentine.

Tous les amoureux du football, tous les enfants qui ont joué un jour avec un ballon improvisé dans une cour d'école ou sur un terrain vague sont en deuil. Le gamin en or, le «Pibe de Oro» est mort à tout juste 60 ans et c'est tout un pan de l'histoire du sport et de la contre-culture qui s'écroule. Diego Armando Maradona n'était pas seulement un joueur de football, peut-être le plus grand talent individuel jamais vu sur un terrain, il était une rock-star, l'icône de toute une génération, un Che Guevara du sport adulé par toute une jeunesse sud-américaine et pas seulement. 

Publicité

Le 3 novembre dernier, Diego Maradona avait été opéré d'un hématome à la tête, cinq jours après avoir fêté son soixantième anniversaire. Il est mort d'un arrêt cardiaque dans la banlieue de Buenos Aires, a annoncé mercredi son porte-parole, Sebastian Sanchi. Le gouvernement argentin a immédiatement décrété trois jours de deuil national. Depuis la fin de sa carrière, il avait lutté contre de nombreux ennuis de santé, notamment cardiaques. Il a payé de son corps une overdose d'excès et de coups de folie, d'être un génie aussi insaisissable sur la pelouse que dans la vie. La légende est déjà écrite, chantée (notamment par la Mano Negra) et filmée (par Emir Kusturica et Asif Kapadia). 

La suite après cette publicité

Santa Maradona par Mano Negra

La suite après cette publicité

Pourquoi cette mythologie autour d'un simple joueur de football ? Maradona c'était David contre Goliath, le «pauvre» Argentin d'un bidonville de Buenos Aires contre les «riches» Anglais et Allemands qu'il a terrassés, presque à lui tout seul, lors de la Coupe du Monde 1986. Il n'avait pas le physique des footballeurs d'hier et d'aujourd'hui, ne mesurait qu'un mètre 65, n'a jamais été particulièrement affuté. Et pourtant... Dès qu'il prenait le ballon, le temps s'arrêtait. Ce ballon qu'il a apprivoisé parfois tard dans la nuit. La légende raconte qu'il jonglait parfois seul des heures durant sur le terrain vague, réglant le métronome de ses jongles au bruit du ballon sur son pied gauche. Il avait le feu sacré, le don pour enflammer les foules, d'abord à Argentinos Juniors (1976-1981), club moyen qu'il va mettre sur la carte, puis Boca Juniors (1981-1982), enflammant le chaudron de la Bombonera par ses dribbles. Puis ce fut le FC Barcelone avec, comme principal fait d'armes une incroyable bagarre en finale de la Coupe d'Espagne face à l'Athletic Bilbao (1982-1984), et enfin Naples. Le Napoli dont il sera le meilleur joueur, le héros, le Dieu - il finira après sa carrière par des passages à FC Séville, Newell's Old Boys et Boca Juniors. 

Mais revenons à Naples. A son arrivée à l'aéroport de la ville, 70 000 supporters l'attendent comme le messie. Le Napoli n'est pas encore le grand club du sud de l'Italie qu'il est devenu mais une formation de milieu de tableau, loin de l'excellence de Juventus Turin de Michel Platini. Après une première saison moyenne, Diego Maradona va hisser le club napolitain au sommet de la Serie A, lui offrant deux Scudetti en 1987 et 1990, une Coupe d'Italie, en 1987 et une Coupe de l'UEFA, en 1989. C'est sa meilleure période sportive, aussi bien en club qu'avec le maillot de la sélection argentine. Après une première Coupe du Monde décevante et terminée par un carton rouge suite à une réaction épidermique aux tacles italiens, le Mondial 1986 remporté face à l'Allemagne en finale sera son chef d'oeuvre, avec bien sûr le fabuleux doublé face à l'Angleterre en quart de finale, d'abord «la main de Dieu», but inscrit de la main par le diabolique Diego, puis un slalom insensé dans la défense adverse. Nous étions alors juste après la guerre des Malouines et en un doublé, Maradona a redonné la fierté à tout un pays. 

La suite après cette publicité
La suite après cette publicité

Sous le maillot argentin, Diego Maradona n'aura pas connu que des succès. On se souvient de ses larmes en finale de la Coupe du Monde 1990, après la défaite face à l'Allemagne, quand, sifflé par le public romain, il a compris qu'il ne serait plus jamais le meilleur joueur du monde - il a d'ailleurs entamé son déclin sportif après la compétition. En 1994, il sera même viré sans ménagement de la compétition alors disputée aux Etats-Unis pour dopage... après une première suspension pour usage illicite de drogues. Diego Maradona a pris beaucoup de cocaïne lors de sa carrière, mais jamais pour briller sur le terrain. Il aimait la fête, les femmes et ne vivait qu'à cent à l'heure, incapable de rester en place, ou sur un banc. Sa carrière après le terrain fut désastreuse, avec comme point d'orgue ou plutôt comme principal couac une humiliation face à l'Allemagne lors de la Coupe du Monde 2010 - il était alors le sélectionneur de l'Albiceleste.

Alors gardons le souvenir du joueur, de l'artiste, de l'enfant en or avec une dernière vidéo - la demi-finale de 1986 face à la Belgique. Une victoire 2-0 que l'auteur du montage qualifie de plus grand match individuel jamais joué. 

Contenus sponsorisés

Publicité