Cet article vous est offert
Pour lire gratuitement cet article réservé aux abonnés, connectez-vous
Vous n'êtes pas inscrit sur Le Monde ?

L’éléphant Happy est-il une personne ?

Les défenseurs de la cause animale souhaitaient que l’éléphant soit reconnu comme une personnalité juridique. Si la cour suprême de New York a finalement rejeté cette demande, voici des arguments et contre-arguments pour un débat de soirée.

Publié le 27 novembre 2020 à 15h18 Temps de Lecture 2 min.

L’éléphant Happy dans son enclos du zoo du Bronx, à New York, en octobre 2018.

Le 19 novembre, la cour suprême de New York s’est penchée sur le cas de Happy, un éléphant femelle du zoo du Bronx. Les défenseurs de l’animal espéraient que le pachyderme soit légalement reconnu comme une personne, et non comme un bien, afin qu’il soit libéré. Une option que les juges ont finalement rejetée.

L’argument partisan

Dans une époque où l’écologie et le bien-être animal sont des préoccupations de plus en plus communes, il faut ­cesser de penser que l’être humain est le seul à pouvoir bénéficier de droits, estime le Nonhuman Rights Project. L’association a poursuivi le zoo du Bronx en octobre 2018 pour demander le transfert de Happy dans un sanctuaire d’éléphants. Elle estime que le pachyderme, dont « la liberté est violée », souffre de solitude depuis dix ans dans son petit enclos.

L’argument juridique

Généralement considérés comme des biens, de rares animaux ont été vus comme des personnalités juridiques. En 2014, une femelle orang-outan a pu quitter un zoo, la justice argentine lui ayant reconnu le droit de vivre en liberté en tant que « personne ». Dans ce même pays, Cecilia, chimpanzé de 19 ans, a été placée dans un sanctuaire grâce au statut de « personne non humaine ». En Inde, le Gange bénéficie du même statut, pour le protéger plus efficacement de la pollution.

L’argument scientifique

Pour appuyer le cas de Happy, des experts ont procédé à une expérience comportementale. En 2005, trois psychologues ont placé un miroir géant dans son enclos. Au bout de trois jours, ils ont peint une croix sur le front de l’animal. Face au miroir, le pachyderme a frotté la marque avec sa trompe, comme pour l’enlever. Happy est devenu le premier éléphant à réussir le test de reconnaissance de soi dans un miroir. Une capacité seulement prêtée jusque-là aux humains, chimpanzés et dauphins.

Le contre-­argument partisan

Cette modification de statut servira surtout aux associations de défense des animaux pour judiciariser leur combat. Différents procès se retrouveront alors au centre de campagnes politiques. Ainsi, c’est bien l’homme qui sera toujours derrière ces actions en justice. On imagine mal Happy faire valoir ses droits toute seule. Elle est aidée par son avocat, Steven Wise, fondateur et président du Nonhuman Rights Project, qui a déjà plaidé au nom de trois autres éléphants du Connecticut et de quatre chimpanzés. Sans succès pour l’instant.

Lire aussi Article réservé à nos abonnés Steven Wise, l’avocat des grands singes

Le contre-­argument juridique

La reconnaissance comme personnalité juridique est certes synonyme de droits, mais aussi de devoirs. En France, la mort d’Elisa Pilarski, en novembre 2019, pose la question de la responsabilité d’un animal devant la justice. Son chien, un pitbull, suspecté de l’avoir tuée, donc considéré comme dangereux, pourrait être euthanasié. Une culpabilité confirmée par un rapport d’expertise. Pourtant, la Fondation Brigitte-Bardot espère bien sauver le chien. L’affaire montre que l’on ne peut juger un chien comme un homme.

Le contre-argument scientifique

Il existe évidemment des différences profondes entre les intelligences humaine et animale. D’ailleurs, une dizaine d’espèces seulement a réussi le test du miroir. Si l’on estime que celles-ci méritent une personnalité juridique, que faire des autres ? Une discrimination au sein des animaux pourrait se créer. Le koala, par exemple, n’est pas réputé pour son intelligence et possède le plus petit cerveau de tous les mammifères. Pourtant, ce marsupial en voie d’extinction aurait bien besoin d’un outil juridique pour assurer sa défense.

L’espace des contributions est réservé aux abonnés.
Abonnez-vous pour accéder à cet espace d’échange et contribuer à la discussion.
S’abonner

Contribuer

Réutiliser ce contenu

Lecture du Monde en cours sur un autre appareil.

Vous pouvez lire Le Monde sur un seul appareil à la fois

Ce message s’affichera sur l’autre appareil.

  • Parce qu’une autre personne (ou vous) est en train de lire Le Monde avec ce compte sur un autre appareil.

    Vous ne pouvez lire Le Monde que sur un seul appareil à la fois (ordinateur, téléphone ou tablette).

  • Comment ne plus voir ce message ?

    En cliquant sur «  » et en vous assurant que vous êtes la seule personne à consulter Le Monde avec ce compte.

  • Que se passera-t-il si vous continuez à lire ici ?

    Ce message s’affichera sur l’autre appareil. Ce dernier restera connecté avec ce compte.

  • Y a-t-il d’autres limites ?

    Non. Vous pouvez vous connecter avec votre compte sur autant d’appareils que vous le souhaitez, mais en les utilisant à des moments différents.

  • Vous ignorez qui est l’autre personne ?

    Nous vous conseillons de modifier votre mot de passe.

Lecture restreinte

Votre abonnement n’autorise pas la lecture de cet article

Pour plus d’informations, merci de contacter notre service commercial.