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Loi 21: un avocat fait un lien avec les nazis

Les attaques se font vicieuses au procès de la laïcité

Palais de justice de Montréal
Me Azim Hussain s’est inquiété vendredi des dérapages que pourrait occasionner la Loi sur la laïcité de l’État. Photo Chantal Poirier


Un avocat qui veut faire invalider la Loi sur la laïcité de l’État a laissé entendre qu’elle pourrait mener à des dérapages discriminatoires, en évoquant des atrocités commises durant la Deuxième Guerre mondiale et des lois raciales promulguées par les nazis pour persécuter les Juifs.

Les débats entourant le procès sur la loi de la laïcité ont pris une tournure inattendue vendredi, alors que l’avocat Azim Hussain a évoqué des exemples « extrêmes » de lois dans l’Histoire qui ont eu des effets terribles de discrimination. 

  • Écoutez l'entrevue de Jacques Saada qui est membre du C.A du Musée de l'Holocauste de Montréal avec Benoit Dutrizac sur QUB Radio: 

Le Canada n’est pas exempt de ces situations, alors que des Japonais ont été internés dans des camps durant la Seconde Guerre après les attaques sur Pearl Harbor, en vertu de la Loi sur les mesures de guerre. 

« Les situations de guerre ne font pas ressortir le meilleur de la société », a fait valoir le juge Marc-André Blanchard, qualifiant « d’abjects » ces événements.

Or, l’avocat représentant la Coalition Inclusion Québec a enchaîné en soulignant que « les Lois de Nuremberg n’ont pas été passées dans un contexte de guerre ». 

Ces lois raciales mises de l’avant par le régime nazi sont venues grandement discriminer la communauté juive.

« Aucune limite »

« La forme que prend la discrimination existe de manière variable et nous avons vu dans l’Histoire qu’elle peut devenir de plus en plus haineuse, de plus en plus horrible. Et que la société pensait à ce point : “C’est juste ça, c’est juste ces lois”, mais après ça progresse, a dit Me Hussain. Les lois [de Nuremberg] ont jeté les bases pour ce qui s’est passé plus tard. »

« Si l’argument du procureur général au sujet de la loi 21 est accepté, alors encore une fois, nous prenons l’exemple des Canadiens d’origine japonaise, aucune protection des Chartes ne sera disponible pour la prochaine minorité soumise à une mesure similaire. L’argument du procureur général ne contient aucune limite en soi qui empêchera davantage de violations [des droits] », a-t-il affirmé, ajoutant que le tout « devait être pris en compte dans l’analyse ».   

  • Écoutez l'analyse de Caroline St-Hilaire et d'Antoine Robitaille avec Benoit Dutrizac sur QUB Radio:  

Par ailleurs, la controverse entourant les choix de lecture du premier ministre François Legault s’est invitée durant les plaidoiries, estimant que la loi s’inscrit dans « une montée du populisme en Occident » et que des experts venus à sa défense ont un tel discours.

« Quand Jacques Beauchemin [vient témoigner], directeur de thèse de Mathieu Bock-Côté, dont le livre se trouve sur la table de chevet de François Legault et on sait que ça a déclenché toute une controverse dans les derniers jours, c’est là, ça existe [le populisme] », a affirmé Me Rémi Bourget, représentant la Fédération autonome de l’enseignement.

Speak white

Il a rappelé que la minorité québécoise francophone a subi des humiliations dans le passé, citant le fameux poème Speak White.

« Cette minorité a le droit de vouloir s’affirmer et d’être respectée, mais elle doit faire attention de ne pas elle-même involontairement écraser d’autres minorités », a estimé Me Bourget.


♦ Les plaidoiries au procès de la loi sur la laïcité se poursuivent lundi.

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