Il y a 40 ans, le monde sans voix après l’assassinat de John Lennon

Le 8 décembre 1980, l’entrée de l’immeuble Dakota, en face de Central Park, à New York, devenait l’épicentre d’un terrible « tremblement de terre » : le lieu où John Lennon venait d’être abattu.

Des fans du monde entier rendent hommage toute l’année à John Lennon devant la mosaïque qui lui est consacrée à Central Park, à New York.
Des fans du monde entier rendent hommage toute l’année à John Lennon devant la mosaïque qui lui est consacrée à Central Park, à New York. (Photo EPA)

New York, 8 décembre 1980, il est bientôt 23 h. John Lennon et son épouse Yoko Ono rentrent chez eux après une séance d’enregistrement, quand un homme surgit devant leur immeuble et tire cinq balles en direction du chanteur.

Gravement blessé, Lennon est transporté d’urgence à l’hôpital sur la banquette arrière d’une voiture de police. Mais il a perdu beaucoup de sang et « n’avait pas la moindre chance de survivre », expliquera un médecin.

« L’ancien Beatles John Lennon a été assassiné lundi soir devant son domicile de New York » : la première dépêche cette nuit-là marque le début d’une abondante couverture de cet événement tragique par l’Agence France Presse. À la mesure de la popularité planétaire de l’artiste.

L’immeuble du Dakota Building, qui borde Central Park, à Manhattan, où vivait l’ancien Beatle et où il fut abattu par un « fan » déséquilibré, au soir du 8 décembre 1980.
L’immeuble du Dakota Building, qui borde Central Park, à Manhattan, où vivait l’ancien Beatle et où il fut abattu par un « fan » déséquilibré, au soir du 8 décembre 1980. (Photo AFP)

Le meurtrier, interpellé sur les lieux du crime, s’appelle Mark Chapman, il a 25 ans et il n’a pas pu résister aux « voix » qui l’ont poussé au meurtre.

Quelques heures avant de passer à l’acte, Chapman s’était mêlé à des fans devant le domicile de Lennon, qui lui avait griffonné un autographe sur un exemplaire de « Double Fantasy », son tout nouveau 33 tours.

L’assassin de John Lennon, Mark David Chapman (ci-dessus en 2010), est incarcéré depuis quarante ans à la prison d’Attica, à New York. Ses onze demandes de libération ont été refusées par la justice américaine.
L’assassin de John Lennon, Mark David Chapman (ci-dessus en 2010), est incarcéré depuis quarante ans à la prison d’Attica, à New York. Ses onze demandes de libération ont été refusées par la justice américaine. (Photo EPA)

À 40 ans, avec cet album, le musicien britannique revenait à peine sous les projecteurs, après plusieurs années de silence. Mais personne ne l’avait oublié, même dix ans après la fin des « Fab Four », comme en témoignent les archives de l’AFP retraçant les hommages qui ont suivi.

« Grande tragédie »

C’est une « grande tragédie », réagit le président élu américain Ronald Reagan, peu après l’annonce du décès, tandis que des milliers d’admirateurs ne tardent pas à affluer près de Central Park, devant le prestigieux « Dakota Building » où Lennon résidait avec Yoko Ono et leur fils Sean.

« Irritée par le tumulte », la veuve prévient rapidement qu’il n’y aura pas de funérailles publiques : elle ne veut pas de « cirque », explique alors David Geffen, le président de la nouvelle maison de disques du couple.

Les Beatles, ici en 1966, avaient été fondés par John Lennon (deuxième à gauche, ci-dessus) et Paul McCartney (à sa gauche, ci-dessus) en 1957. Ils furent rejoints en 1958 par George Harrison (décédé en 2001) et Ringo Starr, en 1962, au moment où ils signaient leur premier contrat d’enregistrement. Séparés en 1970, leur catalogue est riche de plus de 250 chansons enregistrées en seulement en huit ans et, avec plus de 650 millions de disques écoulés sur la planète, est le plus vendu de toute l’histoire de la musique populaire. On estime aussi que plus de 5 000 artistes ont repris leurs chansons sur disques, de Bob Dylan, à Michael Jackson, en passant par Elvis Presley, les Rolling Stones, Prince, David Bowie, Oasis, Elton John, Stevie Wonder, Tina Turner, U2, Frank Sinatra, Ella Fitzgerald…
Les Beatles, ici en 1966, avaient été fondés par John Lennon (deuxième à gauche, ci-dessus) et Paul McCartney (à sa gauche, ci-dessus) en 1957. Ils furent rejoints en 1958 par George Harrison (décédé en 2001) et Ringo Starr, en 1962, au moment où ils signaient leur premier contrat d’enregistrement. Séparés en 1970, leur catalogue est riche de plus de 250 chansons enregistrées en seulement en huit ans et, avec plus de 650 millions de disques écoulés sur la planète, est le plus vendu de toute l’histoire de la musique populaire. On estime aussi que plus de 5 000 artistes ont repris leurs chansons sur disques, de Bob Dylan, à Michael Jackson, en passant par Elvis Presley, les Rolling Stones, Prince, David Bowie, Oasis, Elton John, Stevie Wonder, Tina Turner, U2, Frank Sinatra, Ella Fitzgerald… (Photo AFP)

Cela n’empêchera pas John Lennon, qui avait fait scandale quelques années plus tôt en comparant la popularité des Beatles à celle de Jésus, de recevoir des adieux hors du commun.

Le 14 décembre, entre cent et deux cent mille personnes bravent le froid à Central Park, à deux pas de la scène du crime, pour lui rendre hommage. Le documentariste français Raymond Depardon, qui se trouve par hasard à New York, immortalise l’événement, chargé d’une lourde et intense émotion. La municipalité fait diffuser du Beethoven et « des chansons tendres des Beatles, avec Lennon en vedette ».

« Il faut remonter à la mort tragique de John Kennedy ou du Pasteur Martin Luther King, dans les années 60, pour trouver une telle émotion suscitée par la mort d’une personnalité », relève ce jour-là l’AFP.

À Miami, Los Angeles, Chicago, Seattle ou encore Boston, des dizaines de milliers d’admirateurs se réunissent « dans des parcs, sur des places, dans de simples parkings ou dans l’amphithéâtre naturel des Red Rocks, au cœur des Rocheuses, où les Beatles avaient donné un concert en 1964 ».

Des centaines de radios américaines diffusent non-stop des morceaux des Beatles pendant une journée entière et observent les dix minutes de silence souhaitées par la veuve du musicien.

Jusqu’à Moscou !

« Il faut remonter à la mort tragique de John Kennedy ou du Pasteur Martin Luther King, dans les années 60, pour trouver une telle émotion suscitée par la mort d’une personnalité », relève ce jour-là l’AFP.

Une statue de John Lennon, au centre de sa ville natale de Liverpool, en Angleterre.
Une statue de John Lennon, au centre de sa ville natale de Liverpool, en Angleterre. (Photo AFP)

Au Royaume-Uni aussi, l’émotion est forte. En particulier à Liverpool, la ville natale du chanteur pacifiste, où « quelque 20 000 personnes ont entonné en chœur « Give Peace a Chance » », à la fin d’un concert organisé en sa mémoire, ce même 14 décembre.

Comme au temps de la Beatlemania, des fans pleurent et s’évanouissent. « John Lennon n’est pas mort. Tant que sa musique vivra, il ne pourra mourir », lance, devant la foule endeuillée, un ancien impresario du groupe le plus célèbre et le plus influent de l’histoire de la musique populaire.

L’Union soviétique n’avait pas échappé au phénomène du groupe pop du siècle, dont les enregistrements importés se négociaient au marché noir.

Des hommages auront lieu jusqu’à Moscou, où la police soviétique devra intervenir quelques jours plus tard pour disperser plusieurs centaines de jeunes gens rassemblés près de l’université, brandissant des portraits de Lennon.

L’Union soviétique n’avait pas échappé au phénomène du groupe pop du siècle, dont les enregistrements importés se négociaient au marché noir.

John Lennon et Yoko Ono, le 25 mars 1969, à l’hôtel Hilton d’Amsterdam, lors de l’un de leurs célèbres « Bed-in » pour promouvoir la paix dans le monde.
John Lennon et Yoko Ono, le 25 mars 1969, à l’hôtel Hilton d’Amsterdam, lors de l’un de leurs célèbres « Bed-in » pour promouvoir la paix dans le monde. (Photo EPA)

Des décennies après sa mort, c’est lors de ventes aux enchères officielles que se négocient au prix fort certaines reliques de John Lennon.

Le piano sur lequel il composa « Imagine » a trouvé preneur, en 2000, à Londres, pour 2,45 millions d’euros et une de ses guitares pour plus de 2 millions de dollars (1,9 million d’euros) aux États-Unis, en 2015.

Newsletters La Matinale
Chaque matin, l’essentiel de l’actualité
Tous les matins à 8h

Des nostalgiques n’ont pas hésité non plus à débourser plus de 137 500 livres (150 000 euros) à Londres, en 2019, pour s’offrir une paire de ses fameuses lunettes de soleil rondes, et même 35 000 dollars au Texas, en 2016, pour une mèche de ses cheveux.

Pour aller plus loin

Monde #Musique #Culture
Revenir en arrière

Il y a 40 ans, le monde sans voix après l’assassinat de John Lennon

sur Facebook sur Twitter sur LinkedIn
S'abonner
Application Le Télégramme Info Bretagne

Application Le Télégramme

Vous aimez la Bretagne ? Vous allez adorer l'application du Télégramme. Profitez d'une expérience de lecture personnalisée et d'un accès rapide à l'actualité de votre commune.

Application Le Télégramme Journal
Application Le Télégramme Journal