Au Louvre, priorité au plus offrant

Le musée du Louvre organise jusqu’au 15 décembre une vente aux enchères et tarifie ses prestations exclusives. Enchérissez, il n’y en aura pour personne.

Par Sophie Cachon

Publié le 07 décembre 2020 à 19h20

Mis à jour le 08 décembre 2020 à 00h11

Du déhanché de Beyoncé devant la Joconde jusqu’au déplacé « glamping » (contraction de glam et de camping), à l’occasion d’un concours financé par Airbnb, dont le lauréat était invité à passer la nuit sous la Pyramide l’année dernière : au Louvre, on aura tout vu. Et ça continue. Depuis le 1er décembre, le musée renouvelle l’exercice du fundraising original, ou collecte de fonds (le milieu est anglophone, comme le titre donné à l’événement : Bid for the Louvre), en organisant une vente aux enchères en ligne avec la prestigieuse maison Christie’s et l’hôtel Drouot. Jusque-là rien que du classique, diront les lecteurs de Télérama accros aux séries américaines se déroulant dans l’Upper East Side. Des artistes ou des marques prestigieuses offrent des lots, une toile de Soulages (enchère à ce jour, 800 000 €) ou un sac de l’hyper hype Virgil Abloh (4 500 €), le directeur artistique des collections homme chez Vuitton. Mais le petit plus qui fait la différence, ce sont les « services de personnalisation », c’est-à-dire des prestations « exclusives » pour « accéder à l’inaccessible », vante le musée.

Pour l’examen de la Joconde hors de sa vitrine en compagnie du président du Louvre : prix de départ 10 000 €. Pour la visite du cabinet d’art graphique avec son responsable : 5 000 €. On n’attendrait pas mieux d’un palace 5 étoiles, sauf que le Louvre est avant tout une institution publique, avec des collections nationales et des conservateurs fonctionnaires. L’argent collecté à l’international auprès des ultra riches servira à financer un espace dédié « aux jeunes, aux familles, aux scolaires, au public vulnérable, aux personnes handicapées ou précaires et leurs accompagnants ». Finalement, tout ce qui constitue — hors crise sanitaire — le cœur de cible d’un musée national quand il n’est pas acquis aux millions de touristes qui font tourner la machine.

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