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Quatre ans de prison requis contre le prêtre sarthois accusé d'agressions sexuelles sur mineurs

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Au terme de deux jours de procès, le procureur de la République a requis quatre ans d'emprisonnement contre le père Max de Guibert, accusé d'agressions sexuelles sur neuf adolescents de moins de 15 ans à Mamers et Bonnétable (Sarthe), entre 1990 et 2003. Mais il demande aussi une relaxe partielle.

Le procès touche à sa fin au tribunal du Mans Le procès touche à sa fin au tribunal du Mans
Le procès touche à sa fin au tribunal du Mans © Radio France - Ruddy Guilmin

Le prêtre Max de Guibert a-t-il agressé sexuellement neuf adolescents sarthois entre 1990 et 2003 dans les paroisses de Mamers et Bonnétable (Sarthe) où il était vicaire et aumônier ? Peut-on certifier le caractère sexuel des douches ou des punitions qu'il a reconnu avoir données à ces jeunes âgés entre neuf et quinze ans, il y a parfois plus de 30 ans ?  

Au terme d'une instruction longue de cinq ans, ouverte après des faits de viol finalement abandonnés mais qui ont déclenché tous les autres témoignages, au vu du dossier de 17 tomes compilant plus de 14.000 pièces et 2.000 auditions et après deux jours de procès, le ministère public a estimé ce mardi soir que oui, en partie. Au moins pour sept des neufs cas examinés.

La relaxe requise pour deux des neuf cas examinés

Pour ceux-là, le procureur de la République estime que les faits et leur dimension sexuelle sont caractérisés, que les témoignages sont précis et les "conséquences traumatiques" pour les victimes. Il requiert donc quatre années d'emprisonnement, assorties d'une obligation de soins et d'un suivi socio-judiciaire de dix ans. Une peine déjà en partie exécutée par Max de Guibert, privé de liberté pendant 18 mois durant la procédure. En revanche, "faute de certitude", il demande au tribunal de prononcer une relaxe à propos de deux cas d'agressions.

"Deux relaxes, c'est bien...", ironise l'avocat de Max de Guibert, Stefan Squillaci. Avant de tempêter dans la salle d'audience : "Mais vous auriez pu aller plus loin car dans ce dossier il n'y a rien ! RIEN ! C'est à vous de démontrer la culpabilité et il n'y a eu aucune démonstration" contre un prévenu "présumé coupable car il est prêtre, donc pédophile !"

Une personnalité rigide et ambigüe

Un peu plus tôt dans l'après-midi, le tribunal s'était penché sur la personnalité du prévenu, jugée par beaucoup rigide et ambigüe. Une chose est sûre, avec un père colonel dans l’armée de terre et une scolarité secondaire au Prytanée de La Flèche, Max de Guibert a grandi dans un cadre strict qui l'a peut-être amené à utiliser des méthodes "déplacées", comme ces fessées cul-nu ou ces douches forcées. "J'agissais parfois dans un réflexe non contrôlé plus que selon un projet éducatif réfléchi", admet-il. "Aujourd'hui, ce genre de choses ne serait pas du tout adapté mais à l'époque..." 

Issu d'une famille de six enfants baignée dans la religion, il entre, comme un de ses frères, au séminaire. Très tôt, dès ses 20 ans. Une formation au terme de laquelle ses tuteurs noteront "une raideur disciplinaire nécessitant un accompagnement afin de prévenir tout dérapage". En effet, une fois ordonné, il se sent investi d’une mission, ce qui le pousse à outrepasser régulièrement les limites de sa fonction : le vicaire ou l’aumônier du collège s’improvise alors éducateur, tuteur ou père de substitution auprès de jeunes difficiles, en manque de repères. Avec l’obsession de les remettre dans le droit chemin.

"La puissance de sa fonction lui confère une sorte d’impunité", estime l'experte psychologue, chargé de l'examiner en 2016. Pour elle, le prêtre satisfait ses fantasmes sexuels inassouvis au travers de "ce personnage d'éducateur pervers". "Une pédophilie cachée dans un sadisme de façade", analyse-t-elle, éclairant d'une manière différente ces fessées cul-nu ou ces douches vigoureuses qu'il imposait parfois aux jeunes garçons.

Il ne voit le mal nulle part...

Un portrait psychologique à charge que réfute le prévenu. Tout comme Loïc, venu témoigner en sa faveur. Ancien habitué des retraites de profession de foi encadrées par le prêtre quand il était jeune, celui qui explique être devenu "un ami" décrit une personne "entière, honnête, qui peut être excessive mais qui ne voit le mal nulle part. Pour lui, il n'y avait aucune connotation sexuelle à ce qu'on lui reproche alors que quand il me raconte ce qu'il a fait, pour moi, oui, c'est évident." 

Alors, bon samaritain naïf ou pervers sadique ? Il revient désormais aux trois juges du tribunal correctionnel du Mans d'en décider. Il rendront leur décision le 18 janvier.

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