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Oui, les masques sont efficaces

Le port du masque obligatoire a permis de réduire jusqu’à 75% les nouvelles infections en Allemagne, et même jusqu’à 90% chez les plus de 60 ans. Plus que jamais, c’est la mesure sanitaire au meilleur rapport coût/efficacité, jugent les auteurs d’une étude

Image d'illustration. — © JOEL SAGET / AFP
Image d'illustration. — © JOEL SAGET / AFP

Le port du masque de protection… protège-t-il? Question rhétorique, quoique très concrète, à l’heure où bien des dirigeants s’interrogent sur l’efficacité réelle d’une telle mesure. La réponse ne fait aucun doute, c’est oui, si l’on s’en tient aux résultats d’une étude parue vendredi 4 décembre dans la revue PNAS. Une équipe germano-danoise d’économistes affirme que les masques de protection ont permis de réduire d’environ 47% le nombre de nouvelles infections, vingt jours après leur obligation de présence en Allemagne.

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Pour parvenir à cette conclusion, les auteurs ont analysé les données épidémiologiques publiques de 401 régions d’Allemagne identifiées selon le découpage municipal, et les ont comparées entre elles afin de juger s’il existait une différence entre les régions ayant imposé le masque et celles ne l’ayant pas rendu obligatoire, en regardant en particulier le suivi temporel des cas cumulés de Covid-19, globaux et pour 100 000 habitants.

Chute du nombre de cas

En Thuringe, Iéna, 100 000 habitants, avait été la première ville du pays à prendre une telle mesure dans les magasins et les transports en commun dès le 6 avril, avant d’être rejointe par d’autres tout au long du mois. Les cas de covid survenus à Iéna ont été comparés à ceux d’un groupe de contrôle, en l’occurrence six villes comparables à Iéna mais n’ayant pas régulé le port du masque.

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Résultat: les auteurs disent avoir observé une différence significative dans les nouveaux cas de covid. «Nos calculs indiquent que l’introduction précoce des masques de protection à Iéna a abouti à une chute des nouveaux cas de Covid-19 d’environ 75% après vingt jours», écrit Timo Mitze, économiste à l’Université du Danemark du Sud à Odense. Autrement résumé, si une ville «non masquée» enregistre 100 cas sur vingt jours, Iéna n’en comptabilise que 25. Selon les régions considérées, qui ont pris des mesures à des dates différentes, la réduction du nombre de cas de covid est évaluée de 15% à 75% sur vingt jours, pour une moyenne pondérée de 47%.

© PNAS
© PNAS

Pour s’assurer de la solidité de leur analyse, les scientifiques ont pris en compte les diverses autres mesures d’intervention potentiellement à l’œuvre, et se sont assurés grâce à divers tests statistiques que les villes de Thuringe n’ayant pas imposé le masque le 6 avril ont bien subi une augmentation du nombre d'infections (une diminution aurait suggéré que la baisse observée à Iéna provenait d’autres facteurs, étrangers au masque).

Il ressort en outre que c’est chez les personnes de plus de 60 ans que la chute du nombre de cas est la plus spectaculaire, avec 90% d’infections en moins. De même, les effets les plus considérables ont été observés dans les grandes villes, où la densité de population est plus élevée.

Les masques, la meilleure mesure?

Compte tenu du coût dérisoire des masques de protection comparé à celui des mesures plus drastiques (fermeture des écoles, des restaurants, confinement généralisé, déprogrammation d’opérations chirurgicales, etc.), les auteurs estiment que les masques constituent un moyen économiquement approprié pour ralentir la propagation du coronavirus SARS-CoV-2. «Bien entendu, ils ne suffisent pas à réduire les infections autant qu’on pourrait le souhaiter, reconnaît Klaus Wälde, un des auteurs de l'Université Johannes-Gutenberg de Mayence. D’autres mesures – si l’on s’en tient aux aspects sanitaires de la pandémie – sont nécessaires.»

L’étude n’a pas examiné dans le détail quels masques étaient portés. Au printemps, en pleine pénurie de ces équipements, de nombreux masques artisanaux étaient utilisés, leur confection recommandée par les autorités allemandes. Ont-ils facilité l’effet protecteur observé, ou au contraire freiné? Les chercheurs ne le savent pas.

Il est toutefois raisonnable de penser que les masques, conçus pour limiter la dispersion des gouttelettes respiratoires, sont bel et bien un atout dans la lutte contre la pandémie. Bien que les données manquent encore au sujet du Covid-19, des travaux similaires antérieurs ont abouti à des conclusions compatibles avec celles-ci: il avait été estimé que le port du masque avait permis d’éviter 78 000 infections en Italie et 66 000 à New York entre avril et mai cette année.