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Charnier de Paris-Descartes : un préparateur soupçonné de vols d’ossements et de bijoux mis en examen
L'université Paris-Descartes.
Martin Noda / Hans Lucas / Hans Lucas via AFP

Charnier de Paris-Descartes : un préparateur soupçonné de vols d’ossements et de bijoux mis en examen

Info Marianne

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Des bijoux, des crânes et même des mâchoires ont été retrouvés à son domicile. Un ancien préparateur en anatomie a été mis en examen pour « atteinte à l’intégrité d’un cadavre » dans l’affaire des charniers de Paris-Descartes. Il lui est reproché d’avoir participé à un trafic d'ossements et de bijoux subtilisés sur des dépouilles.

Des corps destinés à la science, nus, démembrés, en putréfaction, gisant dans des chambres froides en panne et infestées de rongeurs… Le scandale du charnier de l’université Paris-Descartes, révélé par L’Express en novembre 2019, s’enlise aujourd'hui encore un petit peu plus dans le macabre. Comme le révèlent des sources concordantes à Marianne, un homme a été mis en examen ce 4 décembre pour « atteinte à l’intégrité d’un cadavre », dans le cadre de l'information judiciaire ouverte par le parquet de Paris, le 8 juillet 2020.

Crâne et mâchoires à son domicile

Les faits qui sont reprochés à cet ancien préparateur en anatomie, qui a travaillé de 1975 à 2011 au Centre du don des corps (CDC) de la prestigieuse faculté parisienne, dévoilent un nouvel aspect des conditions de conservation des dépouilles. Début décembre, lors des perquisitions effectuées au domicile de cet homme de 77 ans aujourd'hui à la retraite, les policiers du Bureau de la répression de la délinquance contre la personne (BRDP) ont découvert des ossements humains issus de ces cadavres du CDC. Des crânes, de mâchoires, des dents, tous subtilisés sur des cadavres, et stockés dans des sacs, dans des conditions indignes.

Selon nos informations, des bijoux, en particulier des alliances prises sur des dépouilles, ont également été saisis. Ce septuagénaire est soupçonné d'avoir subtilisé et revendu ces bijoux. Selon une source proche du dossier, « la tradition voulait, semble-t-il, qu’au bout d’un an, lorsqu’un cadavre n’était pas réclamé, des préparateurs se répartissent entre eux les objets retrouvés sur des corps, notamment les alliances. Certaines étaient revendues au marché noir ».

De fait, pour les enquêteurs, les quelque 30 000 euros en liquide également retrouvés au domicile du mis en cause, proviennent d’un trafic d’ossements, possiblement destiné à des détenteurs de cabinets de curiosité, mais ce n'est qu'une hypothèse des policiers. L'enquête de L'Express évoquait déjà des trafics officieux d’organes et de corps, de la part de préparateurs qui les revendaient à des chirurgiens, mais aussi à des commerces de « pièces anatomiques » (membres et organes). Pièces habituellement vendues par le CDC à des laboratoires et des entreprises privées (900 euros ou 400 euros).

La révélation de cette affaire avait provoqué un tollé : 170 proches de défunts ont déposé plainte contre X et le CDC a été fermé administrativement dans les jours suivants.

Selon le parquet de Paris, le suspect a été placé sous contrôle judiciaire avec interdiction de se rendre dans l'établissement et d'entrer en contact avec des employés du Centre. Sollicité par Marianne, son avocat, Me Antoine Van Rie, n’a pas souhaité s’exprimer.

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Natacha Polony, directrice de la rédaction de Marianne