Esther, rescapée d’Auschwitz, "n’oublie pas de raconter" : "On a vraiment cru entrer dans l’enfer"

  • Ester Senot, 92 ans, a témoigné ce jeudi depuis le Rectorat.
    Ester Senot, 92 ans, a témoigné ce jeudi depuis le Rectorat. MIDI LIBRE - RICHARD DE HULLESSEN
Publié le , mis à jour
Frédéric MAYET

Esther Senot, 92 ans, se souvient. Et raconte sa vie d'adolescente sous l’occupation puis la déportation.

Veste bleu nuit, chevelure argentée, Esther Senot porte ses 92 printemps avec une élégante vigueur. Enfant du siècle passé, la dame se remémore la petite juive d’origine polonaise qu’elle fut dans le Paris populaire des années 1930. Avec toute sa famille. Avant l’ouragan de l’Occupation. Et de la déportation.

"Nous n’avons pas fui Paris car nous n’avions nulle part où aller." Dès l’automne 1940, la gamine de 12 ans qui avait passé son certif découvre "les squares interdits aux Juifs et aux chiens. La vie a commencé à être difficile avec ma sœur et mon petit frère."

Juillet 1942, la rafle du Vel d’Hiv sidère la jeune fille qui, du haut de ses 14 ans et de la fenêtre de l’appartement familial, voit des policiers français "descendre sur une civière un vieux monsieur. Dans ma rue, 86 personnes ont été arrêtées le 16 juillet." Leur tort ? Être juifs. Le lendemain, 17 juillet, les policiers reviennent et embarquent sa mère, son père, sa sœur et son petit frère.

Sortie visitée sa belle-sœur, Esther retrouve la porte sous scellés. Dès lors, l’adolescente commence une odyssée. D’une loge de concierge de la place de la République où elle passe quelques jours, cachée, jusqu’à Bordeaux où elle transite pour retrouver son frère soldat dans un régiment cantonné à Pau, ville encore en zone libre à l’été 1942.

"J’ai croisé des gens assez complaisants pour m’aider." Une France de peu (chauffeur de bus, fermier landais…) qui tend la main à l’adolescente perdue. En novembre 1942, le frère soldat rejoint les Forces Françaises libres en Afrique du Nord. Esther retourne à Paris "dans l’espoir de retrouver mes parents."

"Des gens maigres comme des squelettes"

Quête veine. À la fin juillet 1943, l’adolescente de 15 ans est arrêtée à la sortie du métro. "Je me suis retrouvée au camp de Drancy, gardé par des gendarmes, avant, le 2 septembre, d’être déportée, avec mille femmes et des vieillards, dans un convoi pour Auschwitz-Birkenau." Trois jours de trajet dans des wagons à bestiaux au milieu des excréments et des premiers cadavres. Esther arrive dans un ailleurs terrifiant. "On a vraiment cru entrer dans l’enfer. Il y avait beaucoup de fumée, une odeur qu’on n’arrivait pas à définir. Des kapos courraient après des gens maigres comme des squelettes."

Au bout de seize mois de travaux forcés, d’une évacuation en janvier 1945 (la fameuse marche de la mort), ombre parmi les ombres, Esther, 32 kilos et cheveux rasés, achève ce voyage au bout de la nuit dans le camp de Mauthausen en mai 1945. "Surtout n’oublie pas de raconter", lui avait murmuré sa sœur agonisante. La vieille dame a bien tenu parole.

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