« On a fait du stock, on va élargir les horaires » : comment les pharmacies se préparent à l’afflux de patients avant les fêtes

Une tente dédiée aux tests antigéniques devant une pharmacie à Nice, le 5 décembre.

Une tente dédiée aux tests antigéniques devant une pharmacie à Nice, le 5 décembre. SYSPEO / SIPA

32 % de Français comptent effectuer un test Covid avant les fêtes de fin d’année. Un flux de patients que les pharmaciens anticipent.

Dans un courrier adressé aux pharmaciens le mercredi 9 décembre, le professeur Jérôme Salomon, directeur général de la Santé, enjoint les professionnels de santé à « anticiper et sécuriser l’approvisionnement en tests antigéniques de mi-décembre à début janvier ».

« Selon un récent sondage, 32 % des Français interrogés envisagent de réaliser un test Covid-19 avant les fêtes d’année, et notamment la semaine précédant Noël (entre le 19 et le 24 décembre) », rapporte le courrier du professeur Salomon.

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Il demande notamment aux officines de pharmacie « que les commandes soient passées dès à présent, soit directement auprès des fournisseurs de tests antigéniques, soit auprès des grossistes répartiteurs, pour disposer d’un stock important de tests en prévision de cette période de fin d’année ».

Ces tests, 100 % pris en charge par l’assurance-maladie, permettent d’obtenir des résultats rapides et peuvent s’effectuer en pharmacie. Les pharmaciens se préparent à gérer une grande affluence de patients, venus se faire tester avant les fêtes.

Des moyens renforcés

A Montélimar, Gilles Bonnefond, président de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO) a créé un centre de dépistage que partagent les infirmiers et les pharmaciens de la ville. « Avec la mairie, on a installé le centre de dépistage dans le palais des congrès », explique-t-il. Deux salles de 600 mètres carrés au total, qui accueillent pendant trois heures, tous les jours, du lundi au samedi matin, des habitants venus se faire tester. Deux personnes sont en poste pour effectuer les prélèvements.

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« On sait que la semaine qui précède les fêtes, et certainement celle qui suivra, il faudra être beaucoup plus nombreux et mettre en place plus de postes de prélèvements », poursuit le pharmacien. Dans cette ville de 40 000 habitants, le centre effectue 60 à 80 tests par jour. « La semaine avant Noël, ce chiffre va être multiplié par trois », assure Gilles Bonnefond.

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« On s’est organisé pour absorber ce surplus de demande sur les trois jours et demi avant Noël. D’ailleurs, on a prévu de faire du dépistage y compris le 24 décembre au matin. »

Des plages horaires étendues

Béatrice Clairaz est pharmacienne d’officine à Châtenay-Malabry, dans les Hauts-de-Seine. Elle effectue 4 à 5 tests antigéniques par jours, mais s’attend à voir plus de monde à l’approche des fêtes. « J’ai l’impression que les gens ont bien compris qu’il fallait se faire tester, notamment s’ils voulaient passer du temps avec leurs aînés », explique-elle.

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Elle se dit prête. « En termes de stock, on a ce qu’il faut. En termes d’organisation, on réfléchit à ouvrir une heure plus tôt les 23 et 24 décembre pour ne faire que ça, une heure consacrée essentiellement aux tests antigéniques. » Dans les officines, un seul lieu est prévu pour effectuer les dépistages.

Yorick Berger, pharmacien d’officine dans le 13e arrondissement de Paris et secrétaire général de la Chambre syndicale des pharmaciens de Paris (FSPF-75), est également limité par la place. « Nous avons fait le choix de procéder aux tests antigéniques en intérieur. Une pièce y est donc consacrée, mais elle ne peut accueillir qu’une seule personne à la fois », explique-t-il.

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« On a mis nos stocks à flot pour pouvoir répondre à la demande. On s’est organisé, on a prévu d’avoir du personnel qui soit là à ce moment-là, nos process sont rodés, donc ça devrait bien se passer. »

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Sa pharmacie effectue actuellement une trentaine de dépistages Covid par jour. Il prévoit de frôler la centaine de tests quotidiens avant les fêtes. « On faisait des tests de 15 heures à 18 heures sans rendez-vous. On va passer à une plage horaire de 9 heures à 20 heures. »

Un casse-tête administratif

Pas de nouveaux postes de dépistage ouvert, donc, mais des renforts pour s’occuper de la partie documentation. « On a ajouté du personnel administratif », explique Yorick Berger.

Avec le test antigénique, ce n’est pas l’opération de dépistage qui prend du temps. « Trois minutes par patients, assure Yorick Berger. C’est l’opération documentaire qui est très longue. La logistique va être renforcée pour que le dépistage prenne le moins de temps possible, que la personne vienne, fasse son test, et qu’elle soit prise en charge tout de suite. Cela va nous permettre de mieux cadencer. » Le pharmacien parisien poursuit :

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« Les autorités nous imposent pas mal de contraintes, il faut remplir tout un tas de documents. Rien n’est automatisé. »

Il y a une triple saisie à faire :

« On saisit sur l’ordinateur, ensuite on saisit sur le bordereau que l’on remet au patient, ensuite on reprend ce bordereau qu’on valide et qu’on numérise, et on entre les données sur le site SI-DEP [une plateforme gérée par le ministère de la Santé, NDLR], que le test soit négatif ou positif. »

Actuellement, plus de 30 000 tests antigéniques sont saisis chaque jour dans SI-DEP.

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Si le test est positif, une nouvelle procédure administrative doit être suivie. « On va faire ce qu’on appelle le contact tracing », explique le pharmacien montilien Gilles Bonnefond. « Cela signifie enregistrer le patient 0 sur la base de données de l’assurance-maladie, et enregistrer les personnes contacts pour que derrière, l’assurance-maladie puisse les contacter pour leur demander de venir se faire tester. »

Ne pas abandonner les gestes barrières pour autant

« Ce dépistage permet de déterminer les cas positifs et de pouvoir les isoler. Et ce n’est que ça, ce test », met en garde Gilles Bonnefond. « Il faut que les personnes positives soient mises à l’isolement et que toutes les personnes qui ont été en contact avec elles se fassent dépister. »

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« Etre négatif, ça ne veut surtout pas dire que c’est quartier libre ! », s’alarme Gilles Bonnefond, qui appelle à la prudence. « Il faut rappeler que si l’on est négatif, on n’a pas de virus suffisant pour être détecté, mais cela ne veut en aucun cas dire que l’on ne sera pas contaminant dans quelques jours. »

A noter également que l’efficacité des tests antigéniques pour détecter le virus est estimée à 70 %. Malgré de moins bonnes performances, la Haute autorité de Santé reste favorable à leur utilisation car la rapidité de l’obtention des résultats compense le manque de fiabilité.

« Oublier les gestes barrières avec la famille, ce serait la pire des choses », insiste Gilles Bonnefond. « Même avec le dépistage, il faut garder les bons réflexes. »

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