Colmar Témoignage : il s'interpose entre une femme et son ex violent

Le passant qui s’est interposé face à un homme menaçant une femme, ce mardi vers 13 h 15 dans la rue du Rempart à Colmar, a craint pour sa vie mais ne regrette rien.
Jean-Frédéric SURDEY - 11 déc. 2020 à 05:00 | mis à jour le 24 août 2021 à 12:05 - Temps de lecture :
Archives L'Alsace
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« Surtout ne me présentez pas comme un héros, ce n’est pas du tout ça, j’ai juste agi à l’instinct. Sentant que ça allait mal se terminer pour cette femme, je ne pouvais pas rester les bras croisés, j’allais trop m’en vouloir de n’avoir rien fait », souligne cet homme d’une quarantaine d’années, qui s’est interposé face à un ex menaçant ce mardi vers 13 h 15 dans la rue du Rempart à Colmar. D’emblée, il précise relater sa « perception des faits la plus sincère, sans prétendre qu’il s’agit de la vérité absolue : pendant ces longues minutes, la tension était telle qu’on était un peu sur une autre planète… »

« On l’a maintenu au sol »

Ce Colmarien sortait du travail lorsqu’il a aperçu, dans la rue, un homme « particulièrement insistant voire menaçant en hurlant en direction d’une femme, qui pleurait et tremblait comme une feuille. Quand j’ai demandé si elle avait besoin d’aide, elle m’a répondu avoir très peur et qu’il lui avait pris son téléphone portable. Ils ont eu une nouvelle altercation et j’ai demandé à l’homme de dégager, j’admets qu’une insulte est sortie spontanément. Il est parti puis a fait demi-tour, en me disant qu’il allait me défoncer. Acculé à une vitrine, je ne pouvais pas partir et ai franchement eu peur », assure le passant. Bien que « trapu et costaud », du haut de son mètre 75 pour 73 kg, il lui rendait une quinzaine de centimètres et une trentaine de kilos.

« Tout en tentant de me protéger, j’ai reçu deux salves de quatre à cinq coups de poing sur la tête, et me suis dit qu’il fallait absolument tenter quelque chose : je lui ai porté deux ou trois coups, l’ai empoigné et suis parvenu à le faire chuter au sol en faisant un croche-pied. J’ai pu le maintenir à plat ventre avec l’aide d’un collègue, en attendant l’arrivée de la police ». Pour une légère plaie au front et une entorse à une cheville « au moment du croche-pied », un médecin généraliste a évalué l’ITT (incapacité totale de travail) à huit jours.

Un couteau tombé de la poche

Ayant quitté les lieux dès l’arrivée des forces de l’ordre pour se rendre à un stage, le quadragénaire a été contacté par la police et a porté plainte, « surtout pour me protéger pour la suite », sans demander réparation de son préjudice. « J’ai vraiment craint pour ma peau, encore plus rétrospectivement puisqu’au cours de la bagarre un long couteau est tombé de sa poche. Mais je n’ai rien contre cet homme, que je connaissais juste de vue et qui ne semblait pas dans son état normal, c’est même plutôt triste. Je ne lui en veux même pas ». Se disant « pas bagarreur », il n’en rajoute pas au sujet d’un éventuel traumatisme psychologique : « Je vais bien, et préfère avoir quelques traces de coups que me dire que je n’ai pas bougé face à une situation révoltante ».

Sorti le matin même de l'hôpital psychiatrique

L’ex menaçant était sorti le matin même du service psychiatrique où il avait séjourné. Mardi en fin de matinée, il s’est rendu sur le lieu de travail de son ex-compagne, qui a pris peur et s’est réfugiée chez une voisine. Il aurait porté des coups sur la porte, et est soupçonné d’avoir dérobé un fond de caisse sur ce lieu d’activité professionnelle. Lorsque la police a interpellé cet homme maîtrisé par des témoins, il s’est rebellé, a proféré des outrages et aurait commis des violences sur des fonctionnaires, sans les blesser. Il a été placé en garde à vue, y compris pour vol et violences conjugales, en raison de bousculades malgré l’absence supposée de coups. Tandis que l’enquête pénale se poursuit, cet homme souffrant manifestement d’une grave dépression a de nouveau été hospitalisé en psychiatrie. Un expert devra déterminer si son discernement a été ou non altéré voire aboli au moment des faits.