A la Mairie de Paris, trop de femmes sont nommées à des postes de direction. Tel est le reproche inattendu fait par l’Etat à l’équipe de la maire socialiste Anne Hidalgo. Reproche assorti d’une sanction : faute de promotions équilibrées entre hommes et femmes, la Ville de Paris doit payer 90 000 euros au titre de l’année 2018. Et dire que les élus croyaient bien faire…
Le calcul effectué par le ministère de la fonction publique est simple. En 2018, la Ville de Paris a effectué 16 nominations de directeurs et sous-directeurs dans de nouveaux emplois. Elles ont bénéficié à 11 femmes et seulement 5 hommes. Soit un taux de nominations féminines de 69 %. « Ce chiffre très élevé contribue fortement à la féminisation des emplois de l’encadrement supérieur et dirigeant » de la ville, reconnaît le ministère de la fonction publique dans son bilan annuel du dispositif des nominations équilibrées institué en 2013. « Il aboutit toutefois à un non‑respect de l’objectif légal de 40 % de nominations de personnes de chaque sexe dans ces emplois », ajoute le ministère. D’où la pénalité financière.
Nouvelle disposition
Une ville sanctionnée pour ses efforts de rééquilibrage des postes de direction, donc du pouvoir, entre les genres : la situation a de quoi surprendre. « Il est paradoxal de nous reprocher des nominations qui permettent de rattraper le retard que nous avions », constate Antoine Guillou, l’adjoint d’Anne Hidalgo chargé des ressources humaines. Cette curiosité ne durera pas. La loi de transformation de la fonction publique d’août 2019 a prévu une dispense de pénalités pour les employeurs qui nomment trop d’hommes ou de femmes si cela n’aboutit pas à un déséquilibre parmi les emplois concernés. C’est le cas pour la Ville de Paris, qui compte 47 % de femmes cadres supérieures. Cette nouvelle disposition n’est cependant entrée en vigueur qu’en juin. Trop tard pour éviter la sanction au titre de 2018.
Pour l’heure, la Mairie compte bien poursuivre ses efforts en vue d’arriver à un meilleur équilibre dans son personnel. Il s’agit en particulier d’accroître la part des femmes dans les métiers traditionnellement occupés par les hommes. Si la ville compte 56 % de femmes dans son effectif total, celles-ci ne représentent encore que 40 % des ingénieurs des services techniques, et 5 % des éboueurs. L’objectif est aussi de réduire les écarts de rémunération. Au sein des fonctionnaires de la ville, les femmes touchent encore 6 % de moins que leurs collègues masculins. Un plan « Paris employeur inclusif » doit être lancé au premier trimestre 2021.
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