Amnesty International accuse lundi 14 avril les autorités algériennes d'avoir fait taire les voix critiques et limité la liberté d'expression à l'approche de l'élection présidentielle prévue jeudi.
Le président en exercice, Abdelaziz Bouteflika, 77 ans dont quinze à la tête de l'Algérie, apparaît comme le favori de ce scrutin malgré ses ennuis de santé qui l'ont empêché de mener lui-même campagne.
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« L'accumulation des atteintes à la liberté d'expression à l'approche de l'élection à venir en Algérie souligne les dérangeantes lacunes du pays en matière de droits de l'homme », indique un communiqué de l'ONG, sise à Londres.
La volonté de « faire taire les voix critiques et d'écraser la contestation sociale figure en tête des inquiétudes. Avec l'élection à venir, les [autorités algériennes] ont accru la répression et montré qu'elles ne toléraient la critique publique à aucun niveau. Le manque de débat ouvert et les limites posées au droit de critiquer ou de protester pour exprimer des doléances sociales ou des demandes politiques jettent le doute » sur le scrutin, affirme le texte.
L'Algérie, qui a connu une guerre civile meurtrière dans les années 1990, a levé l'état d'urgence en 2011, « mais des restrictions sont toujours imposées à la liberté d'expression, d'association et d'assemblée », regrette Amnesty International.
Evoquant « les troubles économiques et sociaux alimentés par la corruption, l'augmentation du coût de la vie, un taux de chômage important et le manque d'accès au logement », l'organisation indique que les autorités ont « répondu aux protestations en les dispersant par la force, en harcelant et en arrêtant des manifestants et militants syndicalistes ».
« Les autorités continuent de prendre pour cible les Algériens, notamment les journalistes, qui s'écartent du discours officiel pro-Bouteflika », poursuit le communiqué, prenant appui sur un exemple d'intimidation – sans citer de sources ou de noms.
L'épouse d'un journaliste ayant couvert des manifestations de l'opposition a « été attaquée par trois individus en civil, vraisemblablement des membres des forces de sécurité. Ils lui auraient demandé sous la menace des armes que son époux cesse de critiquer les autorités sur Facebook, avant de jeter sur elle de l'eau chaude », a affirmé l'organisation.
Amnesty fait également référence à la fermeture le mois dernier d'une chaîne privée de télévision, Al-Atlas TV, perquisitionnée par les forces de sécurité après avoir critiqué les autorités dans ses émissions.
« Attaquer une chaîne privée de télévision simplement parce qu'elle a osé diffuser un point de vue différent est une attaque répréhensible contre la liberté d'expression. »
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