C’est un événement historique pour la Ligue des champions. Mardi 8 décembre, les joueurs de l’Istanbul Basaksehir et du PSG ont interrompu le match qui les opposait, en raison des propos jugés racistes proférés par le quatrième arbitre, le Roumain Sebastian Coltescu, à l’encontre du Camerounais Pierre Achille Webo, membre du staff du club turc.

La presse turque se fait le relais de l’indignation partagée par les instances sportives et les médias du monde entier, mais y ajoute un ton plus politique, alors que les relations d’Ankara se tendent avec l’Union européenne et les États-Unis.

“Le racisme est la maladie incurable de l’Occident, c’est cette caractéristique qui l’a poussé pendant des siècles à la colonisation et à détruire tous les peuples du monde”, écrit sur Twitter le rédacteur en chef du quotidien islamo-nationaliste Yeni Safak. Le quotidien islamiste Yeni Akit cite les propos du président turc Recep Tayyip Erdogan visant plus spécifiquement la France et son affrontement à distance avec Emmanuel Macron : “La France est malheureusement devenue un lieu où se multiplient les paroles racistes. J’espère que le match de ce soir se passera convenablement.” Interrompue mardi soir, la rencontre se déroulera en effet ce mercredi soir.

“Nous ne soutenons pas Basaksehir”

La presse d’opposition, elle, souligne ce que le quotidien de gauche Evrensel nomme une “symphonie d’hypocrisie” :

Nous voyons sur les réseaux sociaux l’AKP et le MHP [parti d’extrême droite allié du gouvernement] partager des messages contre le racisme, eux qui jusqu’à aujourd’hui n’ont cessé de discriminer les Kurdes, les Arméniens, les Syriens, les Alévis [minorité religieuse turque].”

Surnommée le “FC Erdogan”, l’équipe stambouliote de Basaksehir est un très jeune club fermement soutenu par le pouvoir politique. Les membres du Basaksehir 1453 (une référence à l’année de la prise d’Istanbul par le sultan Mehmet II), le principal groupe de supporters du club, s’inscrivent dans la ligne islamo-nationaliste du président turc. “Nous ne soutenons pas Basaksehir, de la part de qui nous avons été victimes de racisme, mais nous déclarons notre solidarité à Webo”, a ainsi déclaré le club d’Amedspor, de la ville de Diyarbakir, principale ville kurde de Turquie, rapporte le quotidien Cumhuriyet.