Au Brésil endeuillé par le Covid-19, la tendresse plus forte que le virus

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Au Brésil endeuillé par le Covid-19, la tendresse plus forte que le virus

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Déguisée en mère Noël, une bénévole étreint une enfant pour un câlin derrière une bâche de plastique, dans un hôpital de Belo Horizonte, au Brésil.
Déguisée en mère Noël, une bénévole étreint une enfant pour un câlin derrière une bâche de plastique, dans un hôpital de Belo Horizonte, au Brésil.
© AFP - Douglas Magno

Le monde dans le viseur. Le Brésil, deuxième pays le plus touché au monde par l'épidémie de Covid-19, vient de passer le seuil de 180 000 morts et plus de 6,8 millions de personnes contaminées. La guerre des vaccins y fait rage. Un dossier éminemment politique, dans une crise pourtant très humaine.

La scène, photographiée pour l'AFP par Douglas Magno le 7 décembre, se passe dans un quartier pauvre de Belo Horizonte, dans le Minas Gerais, au Brésil.

Chaque année, déguisée en mère Noël, la bénévole Fatima Sanson va à la rencontre des enfants malades à qui elle offre cadeaux et câlins. Et cette fois, son âge, 61 ans, et son récent combat contre un cancer du sein ne l'en a pas empêché.

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Face à l'épidémie de Covid-19, qui ravage le Brésil, deuxième pays le plus touché au monde, avec désormais officiellement 180 437 morts et 6 836 227 personnes contaminées – chiffre sous-estimé selon les experts – cette femme a trouvé une parade : un paravent de plastique, dans lequel elle a percé deux trous pour y passer les bras, eux-mêmes protégés par des manchons de plastique, afin de pouvoir embrasser les enfants sans danger.

On dépasse la maladie, pour retrouver l'humanité.

Pour la photographe Axelle de Russé, c'est "une image extrêmement forte, pleine d'émotion". Elle note ainsi "le contraste si fort entre la froideur du plastique, la distanciation qu'il induit, et l'immense tendresse et la douceur du geste", comme en témoignent les yeux clos de la femme et de l'enfant, absorbés dans l'instant.  

Toute la composition de l'image participe de sa force, notamment avec les deux diagonales crées par le plastique. "En photographie, les diagonales – des lignes de fuite – servent à guider le regard vers ce qu'il faut voir. Ici, elles se croisent parfaitement au centre de l'image où se trouve le visage de l'enfant, la seule chose qui ne soit pas protégé par du plastique."

L'absence d’élément perturbateur dans le décor, la gamme chromatique limitée au blanc, au rouge et au jaune contribuent à centrer l'attention sur ce visage, encadré par le rouge du costume de mère Noel, qui forme presque un cœur parfait autour de l'enfant, note encore la photographe.  

"On ne regarde plus vraiment les photos sur le coronavirus. Or celle-ci se démarque parce qu'elle a une force symbolique énorme : elle exprime les conséquences invisibles de la Covid-19, _ce besoin de se prendre dans les bras, de se toucher__."_ 

"En photographie, les diagonales servent à guider le regard vers ce qu'il faut voir. Ici, elles se croisent parfaitement au centre de l'image où se trouve le visage de l'enfant."
"En photographie, les diagonales servent à guider le regard vers ce qu'il faut voir. Ici, elles se croisent parfaitement au centre de l'image où se trouve le visage de l'enfant."
© AFP - Douglas Magno

Avec cette "mère Noël" qui trouve le moyen de remplir ce besoin de tendresse, c'est "une des rares photos douces liées à cette épidémie", remarque Axelle de Russé. 

La guerre des vaccins

Une photo d'autant plus forte qu'elle s'inscrit dans ce contexte de Noël, marqué dans le monde par les premières mises en place de vaccins. 

Au Brésil, pays fédéral de 212 millions d'habitants, cette course au vaccin est même devenue l'enjeu par procuration d'une bataille politique sans merci entre le président Jair Bolsonaro et celui que l'on présente comme son principal rival à l’élection présidentielle de 2022, son ancien allié, João Doria, le gouverneur conservateur de l'État de São Paulo. 

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Jair Bolsanaro est un farouche adversaire du vaccin chinois, celui que son rival entend précisément utiliser dans l'État de São Paulo dans le cadre d'une campagne de vaccination qu'il veut lancer dès le 25 janvier.

Jair Bolsanoro, à l'instar de Donald Trump, fait partie de ceux qui minimisent l'impact de la pandémie, qu'il juge "surdimensionnée".

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En novembre, dans un discours aux accents homophobes, le président d’extrême-droite, fidèle à sa ligne provocatrice, haranguait encore la foule : "Il n'y en a que pour la pandémie, il faut en finir avec ça. Je regrette les morts, je les regrette. Nous allons tous mourir un jour, tout le monde ici va mourir. Ça ne sert à rien de fuir cela, de fuir la réalité. Il faut arrêter d'être un pays de pédés. Nous devons nous battre la tête haute, lutter."

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Le mois dernier, il s'était félicité la suspension momentanée des essais cliniques du Coronavac après la mort d'un volontaire. En octobre, il avait déjà ordonné l'annulation d'un accord pour l'acquisition de millions de doses de ce vaccin chinois, affirmant qu'il refusait de faire des Brésiliens des "cobayes".

Comme Donald Trump toujours, Jair Bolsanoro multiplie depuis le début de l'épidémie les attaques contre la Chine, d'où est partie l'épidémie.  

João Doria a promis que sa campagne de vaccination débuterait le 25 janvier. Les personnels de santé seront les premiers vaccinés. Puis viendront les personnes de plus de 60 ans, les indigènes et les quilombolas, membres de communautés de descendants d'esclaves fugitifs.

La course à l'homologation du vaccin

Revue de presse internationale
6 min

"Pourquoi attendre mars si on peut sauver des vies dès janvier ?" a-t-il lancé, critiquant le plan national d'immunisation contre la Covid-19, qui prévoit un début des vaccinations en mars. Selon sa stratégie, 9 millions de personnes pourraient être vaccinées d'ici le mois de mars dans son état, le plus riche et le plus peuplé du Brésil, avec 46 millions d'habitants. Un objectif difficile à atteindre pourtant tant que le vaccin Coronavac n'a pas été encore homologué par les autorités sanitaires. 

Jair Bolsonaro, lui, a en effet jeté son dévolu sur le vaccin du laboratoire suédo-britannique AstraZeneca élaboré par l'université d'Oxford, pour lequel son gouvernement a passé un accord visant à la fabrication locale de plus de 100 millions de doses. 

Sur son compte Twitter, le président brésilien a déclaré que dans le cas où Anvisa certifierait ces vaccins, son gouvernement "offrira le vaccin à tout le monde, gratuitement". 

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De fait, l'exemple de l’élection américaine l'a prouvé : la gestion de la pandémie de coronavirus est probablement aujourd'hui le marqueur politique déterminant des élections à venir. Et Jair Bolsonaro, candidat à sa propre succession, le sait. 

Pourtant assuré d'une base fidèle, le président brésilien pourrait en effet commencer à ressentir les premiers effets politiques du Covid-19, alors que l'épidémie repart de plus belle dans son pays. Lors des municipales du 15 novembre, il a essuyé une cinglante défaite : quasiment aucun des candidats qu’il soutenait n’a passé le premier tour.