La famille de Vladimir Poutine, le secret le mieux gardé de Russie

Dans l’histoire récente russe, l’expression "la Famille" renvoie à l’entourage du premier président post-soviétique Boris Eltsine, plus précisément au clan qui a aidé à sa réélection en 1996 et œuvré à organiser sa succession : sa fille Tatiana Diatchenko et l’époux de cette dernière, Valentin Ioumachev ; les hommes d’affaires Boris Berezovski et Roman Abramovitch, Anatoli Tchoubaïs, et autres ingénieurs de la vie politique russe au tournant du millénaire. C’est cette "famille" qui a porté Vladimir Poutine au pouvoir. Mais ce n’était pas la sienne propre et le nouveau chef du Kremlin s’en est émancipé depuis.

Liaison secrète

Ce que l’on sait, c’est que Vladimir Poutine et son ex-épouse Lioudmila, qui se serait retirée dans un couvent après leur divorce en 2013, ont deux filles, Еkaterina et Мaria, devenues des jeunes femmes aux carrières remarquables. Elles n’ont jamais été vues publiquement aux coté de leur père, Poutine n’a jamais prononcé leurs noms ni même concédé confirmer leurs liens. En outre, une rumeur d’autant plus tenace que jamais confirmée l’a marié à l’ancienne championne olympique devenue députée, la gymnaste Alina Kabaeva, avec laquelle il aurait trois enfants.

Au fil des ans, ces mystères et ces sujets tabous sont devenus autant de secrets de Polichinelle, tandis que la famille, au sens étroit et large, de Poutine, fait l’objet désormais de passionnantes enquêtes, non pas de la presse à scandale, mais de médias d’investigation sérieux, qui se penchent essentiellement sur la corruption des cercles du pouvoir russe, peuplés par les proches de Vladimir Poutine, principalement ses amis de jeunesse.

Il y a quelques jours, par exemple, le média iStories racontait comment Kirill Chamalov, le fils d’un ami de très longue date de Vladimir Poutine, et qui a également été marié à sa fille Ekaterina entre 2013 et 2018, est devenu milliardaire à 32 ans grâce à ses sociétés offshore et ses relations. iStories a obtenu et passé au crible des milliers de mails de Chamalov, dans lesquels on découvre non seulement des transactions juteuses, mais aussi le train de vie fastueux des ces gens qui "vivent leur vie normalement» et «ne font pas d’affaires".

Vladimirovna

Plus croustillant, et moins connu – une enquête récente du média d’investigation Proekt, a révélé l’existence d’une autre enfant possible de Vladimir Poutine, qu’il aurait eue avec une certaine Svetlana Krivonoguikh. D’origine pétersbourgeoise très modeste, de trente ans sa cadette, elle aurait rencontré le futur chef d’Etat au moment où ce dernier entamait son ascension vers le sommet, à la fin des années 90. En 2003, elle mit au monde une fille, Elizaveta, dont le certificat de naissance ne mentionne pas de père, juste un patronyme – Vladimirovna. Les photos de l’adolescente trouvées par les journalistes de Proekt sur les réseaux sociaux révèlent une ressemblance troublante avec le Président.

Depuis le début des années 2000 et jusqu’à aujourd’hui, Svetlana Krivonoguikh mène la grande vie ; elle est actionnaire minoritaire de Rossiya, la principale banque du Kremlin, qui appartient à des amis proches de Vladimir Poutine. Ils sont aussi beaucoup à posséder des hôtels particuliers dans le même lotissement d’élite à Saint-Pétersbourg, en plus d’être voisins de datchas de luxe. Incidemment, les mêmes sont les principaux investisseurs d’Igora, une station balnéaire huppée appartenant à Svetlana Krivonoguikh, dans laquelle Poutine avait marié, en grande pompe et loin des caméras, sa fille Ekaterina. Ainsi va la vie des grandes familles.