Le professeur Jean-Bernard Fourtillan, vu dans «Hold-up», interné en psychiatrie

Ce militant anti-vaccin, qui accuse l’institut Pasteur d’avoir fabriqué le coronavirus, était recherché pour exercice illégal de la profession de médecin.

 Jean-Bernard Fourtillan faisait l’objet d’un mandat d’amener, délivré par un juge d’instruction parisien.
Jean-Bernard Fourtillan faisait l’objet d’un mandat d’amener, délivré par un juge d’instruction parisien. Hervé Morin

    Le centre hospitalier Le Mas Careiron, à Uzès (Gard), connaît des jours agités. Depuis vendredi, le standard téléphonique est assailli d'appels, tandis que des dizaines d'internautes laissent des avis furieux sur sa page de présentation numérique.

    C'est que cette institution psychiatrique abrite depuis la veille un célèbre patient : le professeur Jean-Bernard Fourtillan, notamment vu dans le documentaire complotiste « Hold-up », au cours duquel il accusait l'institut Pasteur d'avoir fabriqué le coronavirus en 2003.

    L'information a commencé à circuler vendredi par le biais d'une vidéo très relayée, partagée, entre autres, par la figure des Gilets jaunes Eric Drouet. Dans celle-ci, un homme présenté comme un soutien du pharmacologue indique, « en accord avec ses proches », que ce dernier « a été interné contre son gré en hôpital psychiatrique ».

    « Il est bien évidemment hors de question qu'il y demeure plus longtemps sans son consentement […]. Dès ce soir, vous pouvez vous mobiliser, agir en téléphonant à cet hôpital » ou encore « leur écrire », appelle l'homme devant la caméra, dénonçant un « plan diabolique ».

    Contactée vendredi pour confirmer l'internement de cette figure du mouvement anti-vaccin, la préfecture du Gard s'est bornée à un bref communiqué. « Les services de l'État sont sollicités ce jour au sujet d'une mesure individuelle d'hospitalisation qui relève d'une prescription médicale, souligne-t-elle. Dans ce cadre, aucune précision ne sera apportée à cette situation individuelle. »

    Recherché par la justice

    Le procureur de Nîmes, Eric Maurel, a donné davantage d'explications au quotidien Midi Libre. Le septuagénaire était notamment recherché par la justice pour avoir donné des traitements expérimentaux à des personnes souffrant de la maladie d'Alzheimer ou de Parkinson et d'avoir exercé illégalement la profession de médecin ou de pharmacien.

    Fin 2019, les autorités de santé avaient en effet annoncé le démantèlement d'un vaste essai clinique « sauvage et illégal », dont il était l'auteur. Plus de 400 patients cobayes avaient reçu des patchs de valentonine, une substance dont ce fervent catholique disait avoir eu la révélation divine, et capable, selon lui, de guérir les maladies neurodégénératives et les insomnies…

    Toujours selon le procureur, Jean-Bernard Fourtillan faisait donc l'objet d'un mandat d'amener, délivré par un juge d'instruction parisien. Il aurait été arrêté le lundi 7 décembre avant d'être placé en détention provisoire à la maison d'arrêt de Nîmes.

    Unité fermée

    Jeudi, un médecin, après examen, a considéré que son état de santé nécessitait un placement dans un établissement psychiatrique. Le préfet du Gard aurait suivi cet avis que n'aurait pas contesté l'intéressé. Sollicité, l'avocat de Jean-Bernard Fourtillan, Me Marc Fribourg, n'était pas disponible vendredi pour confirmer ou infirmer cette version des faits.

    D'après l'homme à l'origine de la vidéo virale, le professeur aurait été placé dans l'unité John Forbes Nash. De source médicale, cette division fermée, qui porte le nom d'un célèbre mathématicien et prix Nobel d'économie schizophrène, serait réservée à une quinzaine de patients dangereux.

    Seuls des hommes y travailleraient, à l'exception d'une femme psychologue. Et tous toucheraient des primes de risque pour ce travail soumis à de fortes tensions. Un climat que les vives protestations des soutiens du professeur controversé ne devraient pas particulièrement apaiser.