INFO « 20 MINUTES »« Droits humains » et non « de l’Homme »... Un collectif interpelle l’ONU

Un collectif interpelle l’ONU pour dire « Droits humains » plutôt que « Droits de l’Homme »

INFO « 20 MINUTES »Une lettre adressée au secrétaire général des Nations Unies lui demande d’adopter la formule « Droits humains » plutôt que « Droits de l’Homme » pour redonner à la Déclaration « son caractère véritablement universel »
Le drapeau de l'ONU
Le drapeau de l'ONU - Image par Miguel Á. Padriñán de Pixabay  / DR
Aude Lorriaux

Aude Lorriaux

Les mots ont un sens. Si pendant des années, on a parlé de « Droits de l’Homme », ce n’est pas parce qu’il s’agit d’un équivalent de « Droits humains ». Mais bien parce que les hommes ont dominé, les révolutionnaires de 1789 n’ayant eu nulle intention d’accorder les mêmes droits aux femmes qu’aux hommes. Continuer d’appeler le texte voté en 1948 à l’ONU « Déclaration universelle des droits de l’homme » « fait passer pour une continuité ce qui a constitué un changement fondamental pour l’humanité : la reconnaissance de l’égalité des sexes », clame un collectif, qui interpelle le secrétaire général des Nations unies (lire aussi : Pourquoi il faut supprimer l’expression « droits de l’Homme »)

Cette lettre a reçu la signature de nombreuses associations et personnalités (et vous pouvez la signer aussi ici), parmi lesquelles l’actrice Agnès Jaoui, le secrétaire national d’EELV Julien Bayou, l’écrivaine Cathy Bernheim, les philosophes Judith Butler et Camille Froidevaux Metterie, la psychiatre Muriel Salmona, le médecin et écrivain Martin Winckler ou encore l’humoriste Noémie De Lattre. 20 Minutes, qui s’est engagé à utiliser l’expression « Droits humains » dans ses colonnes et a adopté certains outils de l'écriture inclusive, reproduit ici le texte de cette lettre dans son intégralité ainsi que la liste des signataires.

Monsieur le secrétaire général des Nations unies,
Proclamez la Déclaration universelle des droits humains !

Le 10 décembre 1948, à Paris, les Nations unies ont adopté le texte le plus important qui soit. Il établit des droits pour l’ensemble de la population humaine. En anglais, il s’intitule « Universal Declaration of Human Rights ». Avec le temps, il a été traduit dans quasiment toutes les langues du monde avec les termes adéquats, les équivalents de « droits humains », en rupture avec la tradition qui reconnaissait des droits aux seuls hommes (« man’s rights », « derechos del hombre », etc.). La version française, au contraire, a maintenu une formulation qui avait exclu les femmes desdits droits jusqu’en 1944 en France. En 2020, ce texte s’intitule encore « Déclaration universelle des droits de l’homme ».

Cette différence n’a rien d’anodin. La formule française fait passer pour une continuité ce qui a constitué un changement fondamental pour l’humanité : la reconnaissance de l’égalité des sexes, obtenue de haute lutte, non seulement dans la plupart des pays mais dans la conférence même, grâce à la mobilisation de plusieurs femmes de diverses délégations.

Monsieur le secrétaire général, vous savez que les luttes contre les violences commises à l’égard des femmes et des enfants constituent de nos jours l’un des défis les plus importants pour l’humanité. Ces droits ne peuvent être défendus s’ils ne sont pas clairement énoncés, ou pire, s’ils sont relégués au second plan par le nom désignant les personnes qui exercent très majoritairement ces violences.

De plus, la formulation « droits humains » permet d’inclure les droits des personnes trans, intersexes, non binaires et toutes les personnes qui ne se définissent pas comme « homme », et de redonner à la Déclaration son caractère véritablement universel.

Vous connaissez l’importance du langage pour rendre visibles les enjeux sociaux et politiques. Le français est l’une des langues officielles des Nations unies. Pouvez-vous accepter que la version française de la Déclaration, et toutes ses déclinaisons (« Conseil des droits de l’homme », etc), en faisant du mâle la référence de l’humanité, entretienne une vision du monde patriarcale, qui constitue une entrave aux luttes pour l’égalité ?

En ce 10 décembre 2020, Journée internationale des droits humains, le collectif « Droits humains pour tout·e·s » et et plus de 70 organisations signataires vous demandent de consacrer la formulation « droits humains » aux Nations unies d’ici la fin de votre mandat, en 2021.

En juin 2021, Paris accueillera le Forum Génération Égalité, rendez-vous international crucial pour les droits des femmes. A cette occasion, venez proclamer la nouvelle « Déclaration universelle des droits humains », sur les lieux où elle a été signée en 1948, au Trocadéro.

Nous comptons sur vous et vous donnons rendez-vous à Paris, en 2021 !

Liste complète des organisations signataires

ACAT-France – Acceptess-T – ADHS (Association des Droits Humains de la Sorbonne) - AEQUISO – AFFDU (Association française des femmes diplômées des universités) - Agir ensemble pour les droits humains - Amnesty International section suisse – Arab Women’s Solidarity Association-Belgium - ARBORUS - AVFT (Association européenne contre les violences faites aux femmes au travail) – CARE France - Causette Media - Cercle Condorcet des Alpes-Maritimes – CLEF (Coordination française pour le Lobby Européen des Femmes) - Club Femmes ici et ailleurs - Coalition mondiale contre la peine de mort - Collectif anti crasse - Du Coté des Femmes - ECPAT France - Éditions iXe - Égalité Ensemble ! - Elues Locales - Equipop - Excision parlons-en ! - Fédération Nationale Solidarité Femmes - Féministes en tous genres - Femmes & Sciences - Femmes et mathématiques - Femmes Ingénieurs - Femmes Monde - Femmes pour le Dire, Femmes pour Agir - Festival Les Créatives - FHEDLES (Femmes et hommes, égalité, droits et libertés, dans les églises et les sociétés) - FIACAT (Fédération internationale de l’action des chrétiens pour l’abolition de la torture) - Fonds pour les Femmes en Méditerranée - Forum femmes méditerranée - Handi Femme Épanouie - HF Bretagne - HF Ile-de-France - HF Normandie - HF Occitanie - Humanity Diaspo ONG - Incubateur Les Premières Auvergne Rhône-Alpes - Institut du Genre en Géopolitique - Inter-LGBT - l’aaatelier des droits humains - La Maison des femmes de Saint-Denis - Laboratoire de l’Egalité - Le Planning Familial - Libres MarianneS - Ligue du Droit International des Femmes - Maison des Femmes Thérèse Clerc de Montreuil - Médecins du Monde France - Mnémosyne - Mots-Clés - Mouvement FEMEN - ONE - Osez le Féminisme ! - Oxfam France - PARITÉ - Réseau Forum des Droits Humains - Réussir l’égalité Femmes Hommes - Santé Sexuelle Suisse - Sensoa - SIEFAR (Société internationale pour l’étude des femmes de l’Ancien Régime) - SOS Africaines en danger - STRASS (Syndicat du Travail Sexuel) - The Batonga Foundation - Transat - Université de Reims - Ville de Paris - Wecf France - Women Included - Women Today

Liste des personnalités signataires

Lauren Bastide, journaliste ; Julien Bayou, secrétaire national d’Europe Écologie Les Vert·es ; Cathy Bernheim, écrivaine ; Hélène Bidard, adjointe à la maire de Paris et responsable nationale féminisme et droits des femmes du PCF ; Judith Butler, philosophe ; Michelline Calmy-Rey, présidente de la Confédération Suisse (2007 et 2011), conseillère fédérale (2003-2011) ; Typhaine D., artiste féministe ; Noémie de Lattre, artiste ; Nicolas Dhers, responsable du programme Transition alimentaire chez Carrefour ; Aurore Evain, metteuse en scène, comédienne, chercheuse ; Eric Fassin, sociologue, professeur et co-directeur du département d’études de genre à l’université Paris 8 ; Giulia Foïs, journaliste ; Camille Froidevaux-Metterie, philosophe féministe ; Françoise Gaspard, historienne, ancienne députée-maire ; Xavière Gauthier, écrivaine, universitaire ; Claudine Hermann, présidente de l’European Platform of Women Scientists ; Axelle Jah Njiké, autrice afropéenne, podcasteuse & militante féministe païenne ; Agnès Jaoui, non essentielle ; Ndèye Fatou Kane, chercheuse en études sur le genre – Ehess Paris ; Catherine Le Magueresse, juriste, ancienne présidente de l’Association européenne contre les Violences faites aux Femmes au Travail ; Marc Lipinski, ancien vice-président Enseignement supérieur, Recherche et Innovation du Conseil Régional d’Île-de-France ; Aude Lorriaux, journaliste ; Céline Minard, écrivaine ; Laure Murat, professeure au département de Langues européennes et études transculturelles, UCLA ; Hélène Périvier, économiste ; Antoine Petit, président-directeur général du CNRS ; Murielle Salmona, psychiatre et présidente de l’association mémoire traumatique et victimologie ; Réjane Sénac, directrice de recherche CNRS à Sciences-Po-CEVIPOF ; Claude Servan-Schreiber, journaliste et écrivaine ; Eliane Viennot, historienne, linguiste, professeuse émérite de littérature ; Martin Winckler, médecin et écrivain.

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