Marseille : Michèle Rubirola démissionne pour laisser la place de maire à son premier adjoint

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Marseille : Michèle Rubirola démissionne pour laisser la place de maire à son premier adjoint

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En fonction depuis le mois de juillet 2020, Michèle Rubirola démissionne de son mandat de maire de Marseille. Elle devrait laisser sa place à son premier adjoint, Benoît Payan.
En fonction depuis le mois de juillet 2020, Michèle Rubirola démissionne de son mandat de maire de Marseille. Elle devrait laisser sa place à son premier adjoint, Benoît Payan.
© AFP - Clément Mahoudeau

INFO FRANCE INTER - Michèle Rubirola a convoqué une réunion de sa majorité pour laisser sa place de maire à son premier adjoint, Benoit Payan, et prendre la sienne. Une annonce qui a surpris les Marseillais, même si la maire était très discrète depuis son élection.

La maire de Marseille Michèle Rubirola, 64 ans, a décidé de laisser sa place à son premier adjoint, Benoît Payan. Elle a convoqué une réunion du Printemps marseillais, l’attelage politique qui a gagné les municipales en fédérant notamment communistes, socialistes et écologistes, à 14h30 mardi. Elle a également rencontré le préfet de région dans la matinée, pour savoir quel était le délai entre une démission et la nécessité d'élire un nouveau maire en conseil municipal, avant d'annoncer officiellement sa démission.

"J'ai connu dès l'été les premières difficultés liées à ma santé. Ces épreuves limitent l'énergie que je peux mobiliser. Être maire de Marseille, c'est 300% de son temps."

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Michèle Rubirola propose une inversion des rôles : à son premier adjoint, le socialiste Benoît Payan, elle laisse le fauteuil de maire. À elle reviendrait dès lors celui de première adjointe. Le vote doit avoir lieu lundi prochain, le 21 décembre.

"Nous formons un binôme et je souhaite que notre binôme continue mais s'inverse et que Benoit devienne maire. C'est de son énergie et son expérience dont Marseille a besoin aujourd'hui."

Outre sa récente nomination à la tête de l'AP-HM, l’état de fatigue de Michèle Rubirola, lié à ses soucis médicaux, était inquiétant.

La maire de gauche de Marseille, avait été absente plusieurs semaines en septembre en raison d'une intervention chirurgicale. Elle avait alors confié les rênes de la mairie à Benoît Payan. Depuis plusieurs jours, la cité phocéenne bruissait de rumeurs insistantes de démission de la maire de Marseille. Marseille était l'une des villes emportées lors de la "vague verte" aux dernières municipales.

"Tu es au courant que je ne reste que trois mois ?"

Dans un article retentissant publié à la mi-octobre et intitulé "'Tu es au courant que je ne reste que trois mois ?' : à Marseille, les débuts déroutants de Michèle Rubirola", Le Monde revenait sur les difficultés de l'élue depuis son élection. Le quotidien racontait notamment que trois mois et demie après son arrivée, Michèle Rubirola n'avait pas de bureau.

Début juillet, elle était devenue, au terme d'une campagne à rebondissements, la première femme maire de Marseille. Avec la coalition du Printemps marseillais, union des forces de gauche, elle avait fait basculer à gauche la ville, tenue depuis 25 ans par le LR Jean-Claude Gaudin. Au second tour, elle avait devancé de huit points sa rivale, Martine Vassal, "dauphine" du maire sortant.

À cause du système électoral particulier à Marseille, son accession finale au fauteuil de maire lors du "troisième tour" avait été l'objet de vives tensions politiques et d'importantes tractations. Promettant "la fin du clanisme, du népotisme et du clientélisme" à Marseille, la nouvelle élue s'était alors dit "soulagée de voir que la volonté de la majorité du peuple de Marseille avait été respectée".

Son départ a notamment fait réagir l'opposition : "C'est du jamais vu, on va faire rire la France entière encore une fois", s'indigne ainsi Renaud Muselier, l'un des leaders de la droite marseillaise. "Michèle Rubirola est la première victime du Printemps marseillais, en l'espace de six mois elle a été dévorée par sa majorité."

À l'inverse, le premier secrétaire du Parti socialiste tempère : "Il ne s'agit pas d'une rupture. Il s'agit d'une continuité", assure Olivier Faure, même s'il dit aussi "comprendre la stupéfaction et l'inquiétude qui peuvent naître de cette démission".

Presque novice en politique

Quasi novice en politique, médecin dans les quartiers populaires, Michèle Rubirola était quasi inconnue avant la campagne aux élections municipales. Avant le second tour, elle a dû mener campagne durant ses jours de congés et de RTT, continuant son métier de médecin en pleine crise de la Covid-19.

Petite-fille d'immigrés napolitains et espagnols, cette Marseillaise, qui a grandi et vit toujours dans un quartier où se mélangent les classes sociales, au Rouet, adhère dès les années 1970 aux combats des mouvements altermondialistes et écologistes. Féministe, antimilitariste, elle se bat depuis pour la libéralisation de l'avortement et la contraception, manifeste au site nucléaire de Creys-Malville et intègre, en 2002, les Verts.

Plusieurs fois candidate aux législatives (2007, 2012), elle est aussi élue en conseillère du deuxième secteur de Marseille en 2008 et prend en charge la délégation à la santé et la jeunesse jusqu'en 2014.

Élue au Conseil départemental des Bouches-du-Rhône depuis 2015, elle est également membre de l'association "Habitat alternatif social" (qui trouve des logements aux personnes exclues, séropositives ou atteintes de maladies mentales), elle préside également "Europe Social Projet Recherche Innovation", une association qui travaille avec les personnes vivant dans la rue.

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