Nouvelle station hydrogène près d'Évreux : une énergie en voie de développement durable

L'agglomération d'Évreux (Eure) a inauguré mardi 1er décembre 2020 une station multi-énergies avec notamment de l'hydrogène. Un combustible "vert" encore peu répandu en France.

Pour Jean-Louis De Giovanni, le développement des énergies propres dépend, entre autres, de la volonté des collectivités.
Pour Jean-Louis De Giovanni, le développement des énergies propres dépend, entre autres, de la volonté des collectivités. (©Capture d’écran YouTube)
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L’hydrogène est un gaz qui a le vent en poupe, si l’on peut dire. L’agglomération d’Évreux (Eure) dispose depuis mardi 1er décembre 2020 d’une station multi-énergies qui propose entre autres ce carburant alternatif.

Considéré comme un combustible « vert » (car lorsqu’il brûle, il n’émet pas de CO2), il peine pourtant à s’installer dans le paysage des énergies françaises. Question de coût, et de volonté, comme nous l’explique Jean-Louis De Giovanni, responsable de la licence professionnelle « Énergie et Propulsion, Énergies et Systèmes de Mobilités Durables » à l’IUT de Rouen.

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Actu : En quoi l'hydrogène peut-il constituer une énergie « verte » ?

Jean-Louis De Giovanni : Le moyen le plus vert pour produire de l'hydrogène est par l'électrolyse de l'eau. Grâce à l'électricité, on va « convertir » de l'eau en hydrogène. Avec de l'électricité produite à partir d'énergies renouvelables, comme l'éolien ou le solaire. Il n'y a pas tout le temps du vent et du soleil. Or, l'hydrogène peut être stocké : c'est une autre manière de stocker l'électricité issue des énergies renouvelables.

Il existe d'autres procédés de production très énergivores, à partir d'énergies fossiles. On parle alors d'hydrogène « gris ».

Pourquoi représente-t-il un atout en matière de mobilité durable ?

J-L D.G. : Le problème des véhicules avec énergies fossiles, c'est qu'ils émettent du CO2 et des particules, comme le diesel. Le véhicule à hydrogène rejette de l'eau. Il y a zéro émission de CO2. C'est le meilleur modèle de mobilité en termes de développement durable, de très loin. Il nécessite moins de matériaux polluants à la production qu'un véhicule électrique.

La station multi-énergies combine une station de recharge hydrogène pour les véhicules légers (au premier plan), et une station Gaz naturel véhicule.
La station multi-énergies combine une station de recharge hydrogène pour les véhicules légers (au premier plan), et une station Gaz naturel véhicule. (©FL/Eure Infos La Dépêche)

Pourtant, les véhicules à hydrogène restent rares...

J-L D.G. : Le problème, c'est le passage de l'hydrogène. Sur un véhicule, pour passer de l'hydrogène au moteur électrique, on va mettre une pile à combustible qui va transformer le gaz en électricité. Problème : les piles à combustible coûtent relativement cher, car elles contiennent du platine. Pour que les prix chutent, il faut que ce type de mobilité puisse se déployer sur tout le territoire. Le jour où l'on fabriquera à grande échelle, ça deviendra intéressant. À Paris, un réseau de taxi fonctionne déjà à l'hydrogène. La filière est mature, il n'y a plus que l'histoire de la quantité. Plus on va vendre, plus les prix vont chuter. Pour l'instant, il n'y a pas beaucoup de ventes.

Reste les gros gabarits. L'Allemagne dispose déjà de trains à hydrogène et la SNCF a passé commande, pour remplacer les locomotives diesel. Le coût est aussi moins important sur les camions, où la fameuse pile constitue une dépense moins importante à l'échelle du prix d'achat du véhicule. On trouve aussi des trains à hydrogène à Pau, mais ils restent plus coûteux que des bus électriques.

Néanmoins, ce n'est pas une raison pour se dire "c'est bon on a des véhicules à hydrogène propres donc on peut continuer à acheter plein de voitures". Il faut penser sobriété énergétique. Un véhicule non polluant, ça n'existe pas. Le fabriquer consomme de l'énergie. Un véhicule à hydrogène ne va pas polluer en roulant, mais on trouve de la pollution dans le cycle de fabrication. Il faut donc éviter d'avoir trop de véhicules par famille.

Est-ce que selon vous l’hydrogène pourra à terme remplacer l’électrique ?

J-L D.G. : Non. Ce n’est pas une histoire de qui va remplacer qui. C’est avec un mix énergétique qu’on y arrivera. Quand on a mix, s’il y a un problème sur une énergie, l’autre peut compenser. Cela évite d’être dépendant d’une seule énergie.

Tout est une question de volonté. Notamment chez les collectivités. Certaines font du greenwashing, mais malheureusement, il n’y a pas de réflexion sur le long terme. Les collectivités sont souvent impréparées, avec du personnel non formé. Si on n’a pas de gens formés pour cela, on va dans le mur. Un élu ne peut pas tout savoir, mais il peut s’entourer de gens compétents. Ce sont les entreprises qui prennent souvent nos alternants car dans les collectivités, l’alternance coûte parfois trop cher. Mais c’est une question de priorité, pas d’argent.

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