Cet article vous est offert
Pour lire gratuitement cet article réservé aux abonnés, connectez-vous
Vous n'êtes pas inscrit sur Le Monde ?

Parle à mon ventre, ma tête est malade… ou comment le microbiote intestinal régente nos humeurs

Les travaux de chercheurs français sur des rongeurs éclairent comment des modifications de la flore intestinale conduisent à une dépression. A la clé, de nouvelles approches thérapeutiques ?

Par 

Publié le 15 décembre 2020 à 06h30

Temps de Lecture 2 min.

Article réservé aux abonnés

C’est un nouveau pas dans la compréhension des mécanismes de la dépression, et une preuve de plus du rôle majeur du microbiote intestinal dans le fonctionnement du cerveau. Des chercheurs de l’Institut Pasteur, de l’Inserm et du CNRS montrent que, chez des souris, une modification du microbiote peut être à l’origine d’un état dépressif, notamment en provoquant un effondrement de cannabinoïdes endogènes dans le sang et au niveau cérébral. Grégoire Chevalier (Institut Pasteur, Inserm), premier auteur de l’article publié le 11 décembre dans la revue Nature Communications, et ses collègues suggèrent aussi que les troubles de l’humeur des rongeurs peuvent être corrigés en leur apportant des bactéries qui font défaut à leur flore intestinale.

Depuis quelques années, l’étude des liens entre des anomalies du microbiote intestinal et des troubles neuropsychiatriques comme la schizophrénie, l’autisme ou encore la dépression est en plein essor. Cette discipline nommée psychomicrobiotique a déjà conduit à des découvertes surprenantes. En 2016, une équipe irlandaise a ainsi réussi à induire des états dépressifs chez des rats par une transplantation de microbiote fécal provenant d’humains souffrant de ce trouble de l’humeur.

Petits tracas et résignation

En 2015, l’Institut Pasteur de Paris a lancé un vaste programme « Microbiote et cerveau », qui fait collaborer notamment des neuroscientifiques, des microbiologistes et des immunologistes. C’est dans ce cadre qu’ont été menés les travaux publiés dans Nature Communications. Les chercheurs ont eu recours à un modèle de stress chronique imprédictible (UCMS, en anglais) de souris. « On leur fait subir l’équivalent d’une succession de petits tracas quotidiens : un jour leur cage est inondée, un autre elle est penchée…, explique le neuroscientifique Pierre-Marie Lledo, coauteur senior de l’article, avec l’immunologiste Gérard Eberl. Avec ce modèle assez proche de la physiologie humaine, ces rongeurs sont rendus dépressifs, ce qui est attesté par des comportements d’abandon, de résignation, lors de tests. »

Lire aussi Article réservé à nos abonnés La psychomicrobiotique, à la croisée du cerveau et de l’intestin

Les scientifiques ont ensuite « transmis » ces états dépressifs à des animaux en bonne santé par une simple transplantation de microbiote intestinal, puis ils ont étudié les modifications de celui-ci. Lors d’expériences précédentes, ils avaient mis en évidence un défaut de production à ce niveau des précurseurs de la sérotonine, un neurotransmetteur impliqué dans la dépression.

Cette fois, ils ont découvert que la modification du microbiote entraîne une forte baisse de cannabinoïdes endogènes, dans le sang mais aussi dans le cerveau. Ces métabolites lipidiques sont en particulier déficients au niveau de l’hippocampe, une structure cérébrale qui joue un rôle-clé dans la mémoire et qui est perturbée dans la dépression. « Tout se passe comme si les bactéries intestinales restantes gaspillaient ces métabolites. Quand on amène les probiotiques manquants, ici des bactéries Lactobacillus plantarum, les troubles se corrigent, poursuit Pierre-Marie Lledo. La prochaine étape est de faire produire directement par des bactéries artificielles les métabolites qui font défaut. »

Lecture du Monde en cours sur un autre appareil.

Vous pouvez lire Le Monde sur un seul appareil à la fois

Ce message s’affichera sur l’autre appareil.

  • Parce qu’une autre personne (ou vous) est en train de lire Le Monde avec ce compte sur un autre appareil.

    Vous ne pouvez lire Le Monde que sur un seul appareil à la fois (ordinateur, téléphone ou tablette).

  • Comment ne plus voir ce message ?

    En cliquant sur «  » et en vous assurant que vous êtes la seule personne à consulter Le Monde avec ce compte.

  • Que se passera-t-il si vous continuez à lire ici ?

    Ce message s’affichera sur l’autre appareil. Ce dernier restera connecté avec ce compte.

  • Y a-t-il d’autres limites ?

    Non. Vous pouvez vous connecter avec votre compte sur autant d’appareils que vous le souhaitez, mais en les utilisant à des moments différents.

  • Vous ignorez qui est l’autre personne ?

    Nous vous conseillons de modifier votre mot de passe.

Lecture restreinte

Votre abonnement n’autorise pas la lecture de cet article

Pour plus d’informations, merci de contacter notre service commercial.