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Riss : « Ce n’est pas “Charlie” qu’il faut sacraliser ou vénérer, ce sont les idées auxquelles il est attaché »

Dans un entretien accordé au « Monde », le directeur de « Charlie Hebdo » revient sur le procès des attentats de janvier 2015 et évoque la place que tient aujourd’hui son journal dans le débat public

Propos recueillis par  et

Publié le 18 décembre 2020 à 05h30, modifié le 18 décembre 2020 à 15h42

Temps de Lecture 12 min.

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Riss, lors d’une cérémonie d’hommage aux victimes du terrorisme, à Paris, le 11 mars.

Le directeur de Charlie Hebdo, Laurent Sourisseau, dit Riss, revient sur le procès des attentats de janvier 2015 et évoque, dans un entretien accordé au Monde, la place que tient aujourd’hui son journal dans le débat public.

Le procès des attentats de janvier 2015 s’est achevé mercredi 16 décembre. Quel regard portez-vous sur le verdict rendu par la cour d’assises spéciale de Paris ?

Il faut se remémorer d’où on part. Pendant les cinq ans d’instruction et jusqu’au procès, on n’a pas cessé de dire que les accusés n’étaient que des seconds couteaux. On m’avait même dit qu’il fallait que je me prépare à ce qu’il y ait des acquittements. Bon. La réponse qui a été donnée mercredi, c’est qu’ils sont tous coupables. Et ça, déjà, ça me satisfait. Ils sont tous coupables, ils ont tous fait quelque chose d’illégal. En disant cela, la cour a dit en creux que nous, nous étions innocents.

Donc pour nous, pour Charlie, par rapport à tout ce que nous avons vécu, à tout ce qui a été dit sur nous, il y a désormais une parole publique, officielle, qui innocente Charlie. On a toujours la crainte, le doute qu’un procès soit aussi celui des victimes. C’était cela qui me préoccupait. Maintenant, les victimes sont innocentes et les coupables sont coupables.

Vous avez tenu à assister le plus possible aux audiences. Qu’en attendiez-vous ?

Pendant l’instruction, on m’avait proposé de mettre le nez dans le dossier. Mais c’est très compliqué, un dossier d’instruction. C’est un océan de papiers. Tous ces hommes dans le box n’étaient que des noms sur des papiers. Nous, nous ne connaissions que les deux types qui sont entrés chez Charlie et Coulibaly.

Le procès a une vertu pédagogique. Il rend compréhensibles au public des choses complexes. J’y allais pour voir clair. Je voulais comprendre qui étaient ces hommes, ce qu’ils avaient fait pour que tout cela devienne une réalité humaine.

Quelle réalité humaine avez-vous perçue d’eux ?

Ce sont des crimes complexes avec beaucoup d’acteurs. J’avais assisté au procès de Maurice Papon [ancien haut fonctionnaire de Vichy condamné en 1998 pour « complicité de crimes contre l’humanité »]. C’est une autre dimension mais on y retrouve un peu la même chose : il y a tellement de gens qui interviennent dans le processus criminel que ça donne l’impression que les responsabilités sont diluées.

Pour les attentats de janvier 2015, on nous disait : les auteurs principaux sont morts, comme s’il avait fallu en déduire que tout ce qu’il y avait en dessous de ça ne vaudrait plus rien. Qu’il n’y aurait pas de culpabilité en dessous de ceux qui portent la mort. Eh bien non, ce n’est pas vrai. Et donc on découvre, dans ces crimes, qu’il y a inévitablement une multitude de personnalités, de motivations. Et qu’il faut faire le tri là-dedans. C’est le travail de la cour de décanter le niveau d’implication des uns et des autres. Il y avait onze accusés. On n’a pas assisté à un procès mais à onze miniprocès où, à chaque fois, il a fallu faire preuve de précautions, les laisser s’exprimer. Il y a eu onze tonalités. Onze histoires.

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