Alors que le Royaume-Uni “entame 2021” hors de l’Union européenne, Nicola Sturgeon a envoyé, samedi 2 janvier, “un message désespéré” aux journaux de toute l’Europe, écrit le Daily Express. La première ministre écossaise déclare, dans des tribunes adressées à The Irish Times, en Irlande, et Corriere della Sera, en Italie, qu’elle espère que l’Écosse pourra bientôt à nouveau “rejoindre” l’UE “en qualité de membre à part entière, au moment où nous faisons face ensemble aux opportunités et aux défis de l’avenir”.

L’offensive de la première ministre écossaise intervient “un jour à peine après la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne, entraînant (avec lui) l’Écosse où 62 % des électeurs avaient voté pour le ‘Remain’ (le vote en faveur du maintien dans l’union, lors du référendum de 2016)”, recontextualise The National.

Dans The Irish Times, journal basé à Dublin, Nicola Sturgeon plaide pour que l’Écosse devienne une nation indépendante au sein de l’UE, et affirme que “l’indépendance est le seul moyen” pour y parvenir.

La dirigeante écossaise explique :

Pendant trop longtemps, les gouvernements britanniques successifs ont mené l’Écosse dans la mauvaise direction, avec pour point culminant le Brexit (…). Il n’est pas étonnant que tant de personnes en Écosse en aient assez.”

Elle souligne qu’en près de cinquante ans d’adhésion, l’Écosse a “énormément” bénéficié des quatre libertés du marché unique, dont la liberté de circulation. “Nous sommes engagés à poursuivre une voie légale et constitutionnelle pour devenir un État indépendant”, ajoute Nicola Sturgeon.

“Il ne pourrait y avoir de pire proposition”

La décision d’organiser un nouveau référendum sur l’indépendance de l’Écosse – après celui de 2014, quand 55 % des Écossais avaient dit “non” à l’indépendance – revient au Premier ministre britannique Boris Johnson, qui refuse fermement. La pression sur Londres pour accepter une nouvelle consultation pourrait s’accentuer si le Scottish National Party (SNP), le parti indépendantiste de la première ministre, remportait une large victoire lors des élections législatives écossaises, en mai.

Pour Gillian Bowditch, chroniqueuse au Sunday Times, ce scrutin local portera “sur une seule question et un seul sujet : la question de l’indépendance”. Selon elle, “aussi insensible cela puisse paraître de le dire”, la première ministre écossaise a connu une relativement “bonne année 2020” : “la pandémie” de Covid-19 a mis en avant “les atouts naturels de la première ministre : prudence, sérieux, infatigabilité et tendance à l’autoritarisme”, malgré “une gestion pas vraiment meilleure qu’en Angleterre”. Ainsi, Nicola Sturgeon “a récemment vu sa cote de popularité monter et le soutien à son objectif politique d’indépendance s’est accru” – selon un sondage publié par The Scotsman mi-décembre, 58 % des Écossais se disent désormais favorables à une rupture avec le Royaume-Uni. “En l’état actuel des choses”, poursuit Gillian Bowditch, “il est difficile de voir les travaillistes, les conservateurs ou les libéraux-démocrates progresser dans les sondages”. Et le SNP est pour l’heure donné largement favori.

Mais la chroniqueuse s’inquiète. D’après elle, le vote du parti contre l’accord post-Brexit de Boris Johnson, mercredi au Parlement de Westminster, alors que Nicola Sturgeon avait déclaré à plusieurs reprises qu’un “no deal” serait catastrophique, a montré que le parti écossais avait l’intention d’imposer “son programme coûte que coûte”, même si “ce n’est pas nécessairement ce qui est le mieux pour l’Écosse”.

La pandémie, une campagne de communication judicieuse, une opposition peu brillante et la chance ont contribué à donner au SNP ses meilleures chances jusqu’à présent. Toutefois, avec l’économie à genoux, le pays endetté comme jamais auparavant, les entreprises écossaises au plus bas et aucun successeur à Sturgeon compétent en lice, il ne pourrait y avoir de pire proposition que de démanteler le Royaume-Uni.