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ROJAVA. Les femmes d’Afrin sous la menace constante de kidnapping et de viol

SYRIE / ROJAVA – Dans le canton kurde d’Afrin envahi par la Turquie en mars 2018, il y a des femmes qui n’ont pas quitté leur domicile depuis l’invasion. Désormais, les femmes et les filles  d’Afrin vivent sous la menace constante d’être kidnappées ou d’être violées.
 
Pendant des années, le canton kurde d’Afrin était considérée comme un havre de paix dans une Syrie en guerre. L’armée turque et ses gangs islamistes ont occupé le canton le 18 mars après 3 mois d’attaques aériennes et terrestres sanglantes. Des centaines de milliers de personnes ont du fuir le canton. Ceux qui sont restés payent cher leur décision, la Turquie étant décidée à turquifier la région où elle a opéré un nettoyage ethnique visant les Kurdes/yézidie, chrétiens, Arméniens…
 
Depuis 2018, la population, les femmes et les filles en particulier, d’Afrin subissent la barbarie digne de DAECH. Les femmes doivent porter le voile islamique rendu obligatoire, elles sont kidnappées, violées et torturées. Ces crimes ont été confirmés par un rapport de l’ONU. Cependant, la communauté internationale n’a pris aucune mesure et les sanctions contre la Turquie font défaut.
 
Le voile intégral obligatoire
 
La journaliste Sozda Oremar travaille dans la région. Elle a parlé à l’agence kurde Mezopotamya de la situation à Afrin. Les femmes sont emprisonnées dans leurs foyers depuis que la ville a été prise, a déclaré Oremar. Dans l’espace public, elles sont considérées comme haram (impures). Des panneaux ont été placés dans les rues pour obliger les femmes à porter le voile. « Les femmes sont enfermées dans la maison. Les jeunes femmes en particulier ont peur de quitter la maison. Il y a des femmes qui ne sont pas sorties depuis des années. Elles sont victimes de harcèlement et de viol par des jihadistes dans la rue. Cependant, elles ne sont pas non plus en sécurité à la maison. Si les jihadistes apprennent qu’une jeune femme est dans une maison, elle sera attaquée et kidnappée. »
 
Les déclarations de la journaliste sont confirmées par l’organisation de défense des droits humains d’Afrin, le Centre de documentation sur les violations des droits dans le nord de la Syrie, le Comité de recherche et de statistique de l’association des femmes Kongreya Star à Qamishlo et le « Missing Afrin Women project« .
 
Un millier de femmes enlevées
 
Selon l’organisation de défense des droits humains d’Afrin, un millier de femmes ont été enlevées entre le 20 janvier 2018 et septembre 2020. Le sort de 400 des victimes d’enlèvement n’est pas clair. 76 femmes ont été assassinées et 76 autres ont été violées. Le mariage des enfants est passé de 10 à 40%. Au cours des onze premiers mois de 2020 seulement, 805 femmes ont été enlevées, dont 54 assassinées.
 
Le comité de recherche et de statistique de l’association des femmes Kongra Star à Qamishlo a préparé un rapport triennal sur la situation des femmes à Afrin. Le rapport documente les cas de viol et de meurtre avec des détails précis sur l’identité des femmes concernées. En 2020, 30 enlèvements et cinq meurtres de femmes ont fait l’objet d’une enquête, 13 femmes ont été libérées contre rançon.
 
« Missing Afrin Women » rapporte sur onze femmes enlevées en novembre. L’une des femmes enlevées a été libérée, le sort des dix autres reste inconnu.