« Nous ne sommes ni des assassins, ni des terroristes », lance un des organisateurs de la rave-party de Lieuron

Par Claire Staes

Pierre (*) est l’un des nombreux organisateurs de la rave-party de Lieuron (35). Il raconte l’envers du rassemblement électro qui a réuni 2 500 personnes, près de Redon, lors du Nouvel an.

À l’occasion du Nouvel an, 2 500 personnes ont dansé au rythme de la musique électronique à Lieuron.
À l’occasion du Nouvel an, 2 500 personnes ont dansé au rythme de la musique électronique à Lieuron. (AFP)

Vous êtes l’un des co-organisateurs de la rave de Lieuron. Que vous inspire la probable mise en examen de votre collègue pour « mise en danger de la vie d’autrui » et son possible placement en détention provisoire pour éviter qu’il ne communique avec les autres organisateurs ?

Je trouve cela très exagéré. Nous avons simplement organisé une fête ! Nous ne sommes ni des assassins, ni des terroristes. Le jeune homme de 22 ans qui a été placé en garde à vue travaille en tant que routier. Il n’est pas à la charge de la société. Il n’a pas de casier judiciaire. Pour organiser la rave de Lieuron, nous nous sommes regroupés à une quinzaine de collectifs. On a été obligés de multiplier les collaborations justement pour diluer la responsabilité et les risques individuels. Certains ont amené une aide logistique ; d’autres, une aide organisationnelle. En ouvrant une information judiciaire, le procureur de la République réagit à la pression gouvernementale et médiatique. Le parquet veut faire un exemple pour montrer que le gouvernement est au boulot. Alors, on donne aux journalistes des images du matériel saisi au domicile du présumé organisateur. Matériel qui n’a absolument pas servi sur la rave ! On explique que cet amateur de musique électronique a contacté plus de 1 000 personnes. Mais on parle en fait de groupes de diffusion sur les réseaux sociaux… Qui a vraiment lu cette info ? Qui l’a retransmise sur les réseaux sociaux ? On charge le dossier.

On autorise les rassemblements dans les églises et tout le monde touche le prêtre qui distribue les hosties

Vous comprenez qu’en pleine crise sanitaire, le fait d’organiser une rave qui réunit 2 500 personnes puisse choquer ?

Oui, bien sûr ! Mais encore une fois, il ne faut pas aller trop vite. Il reste à démontrer que cet événement a créé un cluster ! Nous, nous avions prévu des masques et du gel hydroalcoolique. Nous n’avons pas fait n’importe quoi. Il est de la responsabilité de chacun de porter son masque et de tenir ses distances avec les autres personnes. Les hangars étaient ouverts aux quatre vents, le site était grand… Les gens ne se touchaient pas. Il y a déjà eu plusieurs rave-parties depuis le coronavirus. Il y a eu des rassemblements dans la Nièvre, la Loire-Atlantique, la Lozère. L’ARS n’a jamais évoqué le moindre cluster. Les gens ont besoin de vivre aussi, de faire la fête. Cela fait des mois que nous sommes privés de libertés. En plus, les interdictions sont à géométries variables. On autorise les rassemblements dans les églises et tout le monde touche le prêtre qui distribue les hosties… Ce qui se passe ici, c’est que les gendarmes n’ont pas réussi à éviter la rave et que ça a fait un buzz médiatique…

Comment s’est déroulée l’organisation ?

Depuis des jours, les forces de l’ordre et la préfecture de région savaient pertinemment que nous préparions une fête. Encore une fois, c’est un événement porté par une quinzaine de collectifs ! Les gendarmes pensaient que la teuf aurait lieu à Chantepie (35), mais ils se sont trompés. Quelques jours avant la fête, ils ont même été voir les loueurs de matériel pour éviter que nous puissions louer un groupe électrogène ! Le 31 décembre, le jeu du chat et de la souris s’est intensifié. Nous avons donné plusieurs points de ralliement aux teufeurs. Le dernier était à 20 h sur le parking du Leclerc de Saint-Nicolas-de-Redon. Il y avait des centaines de personnes dans une cohorte de véhicules. Quand les gendarmes ont compris que ça allait être Lieuron, ils ont tenté vainement de bloquer la route en posant des herses sur le dernier rond-point. C’était trop tard. Leur hélicoptère et leur compagnie de gendarmerie mobile ne pouvaient plus rien. Nous étions trop nombreux. De toute façon, on aurait demandé une autorisation en préfecture, ça aurait été refusé. Les free parties demandent à obtenir un cadre légal depuis des dizaines d’années, mais on ne nous le donne pas. Alors, les sound-systems continueront à avoir lieu… illégalement.

* Prénom d’emprunt.

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