Rhône Laïcité: un enseignant pris à partie dans un collège de Lyon, ses collègues en grève
Le 9 novembre, un incident est survenu aux abords du collège des Battières, à Lyon 5e. Les faits ont eu lieu dans un contexte particulier, une semaine après l’hommage rendu dans les collèges et lycées, à Samuel Paty cet enseignant assassiné à Conflans-Sainte-Honorine après un cours sur la liberté d’expression.
« Un parent d’élève a pris à partie notre collègue devant le collège, devant des témoins. Il remettait en cause le contenu de son cours d’histoire-géographie sur le principe de laïcité », dénonce une enseignante du collège. Après cette altercation, le professeur avait déposé plainte.
« On a fait confiance à la hiérarchie pour qu’elle gère le problème et cela n’a pas été fait »
Ce lundi 4 janvier, après s’être rassemblés à 8 heures, tous les professeurs de l’établissement ont décidé de lancer un mouvement de grève pour soutenir leur confrère. Pourquoi débrayer deux mois après les faits ?
« Là où on a été complètement choqué, c’est d’apprendre le 18 décembre, au détour d’un mail, que notre collègue partait, met en avant l’enseignante. On a fait confiance à la hiérarchie pour qu’elle gère le problème et cela n’a pas été fait. On aurait aimé que les choses soient gérées localement, rapidement, il était possible de le faire. Notre collègue se retrouve malgré lui à devoir partir. Il va se retrouver on ne sait où ».
« Les parents n’ont jamais reconnu que le père avait dépassé les limites »
Selon les enseignants grévistes, la famille avait été convoquée par le collège. « Les parents n’ont jamais reconnu que le père avait dépassé les limites en venant s’en prendre au collègue et il a interdit au professeur de revenir sur le sujet avec ses enfants », soutient l’enseignante. Mi-décembre, la famille ne se serait pas rendue au rendez-vous auquel elle avait été conviée au rectorat.
Les enseignants du collège des Battières mettent aussi en avant le fait qu’un des enfants du parent d’élève incriminé est venu avec un objet contondant au sein de l’établissement. L’élève a été exclu une journée juste avant les vacances de Noël. « Notre revendication principale pour apporter de l’apaisement pour cette famille et pour nous, c’est que ces enfants soient transférés dans un autre collège du secteur », met en avant notre interlocutrice.
Contacté par nos confrères de Lyon Capitale ce lundi , le rectorat de Lyon a précisé qu’il « est informé de cette situation et la suit avec attention ». Le professeur a été reçu au rectorat ce lundi. Ses collègues doivent être reçus ce mardi en fin d’après-midi. Ils dénoncent «l’inertie de l’institution» et doivent poursuivre leur mouvement de grève ce 5 janvier.
Samuel Paty avait commencé sa carrière au collège des Battières, indique l'historien Christophe Capuano
« Le collège où cet enseignant a été pris à partie par un parent d’élève est l’établissement où Samuel Paty a commencé sa carrière d’enseignant (collège des Battieres, Lyon5e). La réponse du Rectorat de Lyon semble se faire attendre... » La remarque, exprimée en réaction à un tweet du Progrès, émane de Christophe Capuano, maître de conférences en histoire contemporaine à l'université Lumière Lyon 2. Cet historien de la protection sociale, du genre et du régime de Vichy a personnellement connu l'enseignant en histoire assassiné le 16 octobre 2020 à Conflans-Sainte-Honorine (Yvelines).
« Samuel Paty était mon ancien camarade de promo de @univ_lyon2. C'était un étudiant brillant, un super enseignant, un homme de dialogue. Je citerai ton nom et ton exemple camarade pour tous ceux qui voudront bien encore faire ce beau métier », avait twitté Christophe Capuano le 17 octobre 2020.