Singapour : les données de l'appli anti-Covid accessibles à la police

Les policiers de Singapour pourront accéder à l'application de traçage pour des enquêtes, explique la BBC. Près de 80 % de la population y a recours.

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L'application TraceTogether sera bientôt obligatoire pour accéder à certains lieux. (illustration)
L'application TraceTogether sera bientôt obligatoire pour accéder à certains lieux. (illustration) © Chong Jun Liang / ST / SINGAPORE PRESS HOLDINGS via AFP

Temps de lecture : 2 min

Il y aurait comme un air de « Big Brother » à Singapour. Comme de nombreux autres pays, la cité-État a déployé une application de traçage des cas contacts face à l'épidémie de Covid-19. Baptisée « TraceTogether », elle a été lancée mi-mars sur le territoire. Officiellement, ses données ne devaient pas être utilisées avec un autre objectif que la lutte contre la propagation du coronavirus. Mais comme le rapporte la BBC, le ministre de l'Intérieur, Desmond Tan, a annoncé lundi au Parlement que les données seraient accessibles à la police dans le cadre de ses enquêtes criminelles.

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Comment tracer sans fliquer la population était une question essentielle en France comme dans de nombreux pays au début de l'épidémie. L'application déployée par Singapour au mois de mars était alors montrée en exemple. En s'appuyant sur le Bluetooth, elle pouvait prévenir si vous aviez été en contact avec une personne malade. L'application promettait de ne pas utiliser les données collectées. Mais cet engagement semble avoir volé en éclats. Lundi, Desmond Tan a annoncé que les informations pourraient être utilisées dans des affaires criminelles ou pour la « sécurité des citoyens ». Concrètement, explique Channel News Asia, la « Singapour Police Force » a bien le droit d'accéder aux données, en vertu du Code de procédure pénale, selon le ministre. Pour utiliser TraceTogether, les habitants de Singapour sont obligés de s'enregistrer, les données ne sont donc pas anonymes.

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Une application adoptée massivement

Le site dédié à l'application TraceTogether a déjà été mis à jour, précisant cette évolution, souligne la BBC. L'annonce a déjà provoqué de multiples réactions sur les réseaux sociaux et certains utilisateurs annoncent avoir supprimé l'application sans perdre de temps. Un habitant de la ville précise que selon lui, c'est le sentiment d'avoir été « trompé » qui provoque cette colère. « Le gouvernement nous a assurés à plusieurs reprises que TraceTogether serait uniquement utilisée pour suivre les cas et ils ajoutent maintenant cette mise en garde. »

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En France, l'application TousAntiCovid a été téléchargée par moins de 20 % de la population selon les données disponibles actuellement. Mais, à Singapour, la situation est radicalement différente. Près de 80 % de la population y a recours, soit à travers l'application ou d'un objet connecté distribué ces derniers mois. Si son usage se fait en théorie sur la base du volontariat, son usage devrait bientôt être rendu obligatoire pour aller au supermarché ou au travail. C'est déjà indispensable pour se rendre dans certains lieux. La suppression de l'application peut donc considérablement compliquer la vie des habitants de Singapour.

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Commentaires (5)

  • djin38

    Le rêve de tous ceux qui oublient que les régimes qui utilisent ce système trouve toujours le moyen d'estimer qu'une personne commet une infraction si nécessaire. Qui peut prétendre ne jamais commettre le moindre délit et en être certain car il connaît TOUS les textes de loi ?

  • fvi14

    Car seuls les gens honnêtes ont l’application et pas tous

  • MC33

    Impensable en France, bien sûr. L'état de droit place la liberté du voyou et du criminel bien au dessus la liberté de la victime ou de sa famille. Il faut être intransigeants sur les valeurs !