Ils fêtent Noël en famille: onze cas positifs

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Suisse romandeIls fêtent Noël en famille: onze cas positifs

Une vingtaine de personnes, représentant quatre générations, se sont réunies pour célébrer les Fêtes dans la convivialité en se répartissant en deux groupes. Mais en quelques jours, le coronavirus s’est répandu comme une traînée de poudre.

Après les moments conviviaux passés en famille, place aux soucis médicaux.

Après les moments conviviaux passés en famille, place aux soucis médicaux.

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Joël, ses deux frères et sa sœur, leurs parents ainsi que l’ensemble de la famille élargie semblaient avoir pris toutes les dispositions pour fêter Noël ensemble dans le respect des normes sanitaires. «Nous nous sommes répartis en deux groupes de huit et dix personnes. Les uns et les autres ont célébré avec notre grand-mère de 90 ans et nos parents au Locle (NE) le 29 décembre et les autres le lendemain au même endroit», rappelle Joël, employé de commerce lausannois d’une trentaine d’années, lui aussi présent lors des deux repas.

Fièvre, maux de gorge, toux, problèmes respiratoires

Le 31 décembre, Joël ne se sent pas bien. «J’avais de la fièvre, des maux de gorge, de la toux et un peu de peine à respirer», se souvient-il. Le test qu’il a effectué s’est révélé positif. Toutefois, quand il annonce la nouvelle aux participants de la fête, certains croient à une farce. Mais depuis, la liste des positifs n’a fait que s’allonger: un frère de Joël domicilié à Lausanne, un autre établi dans le canton de Zurich ainsi que sa femme et leurs trois enfants, les deux parents neuchâtelois ainsi qu’une tante lausannoise. Plus inquiétant, la grand-mère nonagénaire vaudoise présente aussi des symptômes. «Je me fais beaucoup de souci pour elle. Pour l’instant, nous sommes onze à être touchés», souligne Joël entre deux toussotements. «C’est impressionnant comme ce virus se répand à une vitesse grand V. On a tous des symptômes violents. Mardi matin, veille de mon anniversaire, j’avais tellement de peine à respirer et de fortes douleurs aux poumons que j’ai failli appeler l’ambulance», poursuit Joël.

«Nous aurions dû fêter Noël au printemps»

Le papa de Joël est alité tandis que sa maman va légèrement mieux. «Là, nous avons fait attention mais à table, c’est quasi impossible de respecter les distances. Maintenant, j’ai mes trois fils qui sont malades et mes petits-enfants et ma belle-mère ont des symptômes. Ma fille domiciliée dans le canton de Fribourg et ses enfants sont les seuls à ne pas avoir été touchés. Mais elle a déjà eu le Covid lors de la première vague», a réagi la maman de Joël. «C’est la faute à pas de chance, mais si c’était à refaire, nous aurions fêté Noël au printemps et en plein air», a-t-elle regretté.

Dr Eggimann: «Conditions réunies»

«Cette triste histoire illustre une certaine méconnaissance de ce que nous appelons la physiopathologie du Covid-19, c’est-à-dire son histoire naturelle, ses modes de transmission et le mécanisme de développement de l’infection», analyse d’emblée le Dr Philippe Eggimann, président de la Société médicale de la Suisse romande. «Une fois contaminé par le virus, soit par inhalation de gouttelettes invisibles émises en grand nombre jusqu’à 1,5 à 2 mètres où elles retombent (surtout quand l’on parle fort ou que l’on chante), soit par inhalation d’aérosols (particules qui restent en suspension dans l’air pendant plusieurs heures si le local n’est bas bien ventilé), soit par contamination des objets et/ou des mains par les gouttelettes infectantes déposées partout, il faut en moyenne cinq jours pour développer les premiers symptômes de l’infection», poursuit le spécialiste. Il rappelle que «les gens sont contagieux deux à trois jours avant le début des symptômes et que 40 à 50% des contaminés ne présentent aucun symptôme alors qu’ils sont aussi contagieux dès le deuxième ou troisième jour après le contact qui peut être méconnu.» Le Dr Philippe Eggimann constate que les recommandations de l’OFSP n’ont pas été respectées. «Il fallait observer une quarantaine de dix jours (le temps moyen d’incubation est de cinq jours, mais la transmission peut aller jusqu’à 10-14 jours) avant de réunir plusieurs ménages. Une distanciation pendant la réunion (> 1,5 mètre en permanence) y compris à table aurait été nécessaire. Un lavage des mains et une désinfection des surfaces permettent de réduire les contaminations», ajoute celui qui est également président de la Société vaudoise de médecine. «Sans le vouloir, cette famille a malheureusement reproduit des conditions quasi expérimentales pour une transmission efficace du virus. Il serait utile de vérifier s’il ne s’agit pas de la fameuse souche britannique qui a une transmissibilité augmentée», commente le médecin. Se voulant rassurant, le spécialiste rappelle que «les malades ont une bonne évolution dans la majorité des cas, même chez les plus de 80 ans, dont près de 85% survivent». Cependant, souligne-t-il, «l’existence de maladies chroniques mal compensées augmente le risque de mauvaise évolution».

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