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Philippe Juvin, candidat à la primaire de la droite: "Je m'y prépare"

Philippe Juvin
Philippe Juvin © Loic VENANCE / AFP
Bruno Jeudy , Mis à jour le

Dans un essai* accablant pour le pouvoir, le patron d’urgences hospitalières et édile (LR) estime que la France paie au prix fort son impréparation et les mensonges du gouvernement.

C'est l’un des visages du combat contre le Covid-19, et le livre politico-médical qu’il publie n’est pas que le journal de bord d’un médecin en première ligne. Chef des urgences de l’hôpital Georges-Pompidou à Paris et maire de La Garenne-Colombes (Hauts-de-Seine), Philippe Juvin raconte son expérience face à la déferlante. Celle d’un maire-médecin. « Ma vie, c’est mairie et hôpital », écrit-il. Jour après jour, entre février et mai, il décrit son quotidien entre 7 et 23 heures, plateaux de télé compris. Il égratigne Agnès Buzyn. Et ne digère pas que l’ex-ministre de la Santé lui ait juré le 2 février : « Nous sommes prêts.» Il n’est pas plus tendre avec son successeur, Olivier Véran, et Jérôme Salomon, le directeur général de la Santé. Il n’oublie pas, enfin, le SMS adressé au directeur de cabinet du chef de l’Etat, peu avant le confinement, pour l’alerter sur la pénurie de masques. Ce qui lui vaudra en retour cette laconique réponse : « Bien pris.» On connaît la suite. L’absence de vérité du gouvernement se transformera en scandale d’Etat.

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Ouvrez des vaccinodromes

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Au fil des pages, Juvin raconte ses échanges avec des parlementaires et des ministres (Le Pen, Bertrand, Jadot, Le Maire...) qui lui demandent conseil. Nicolas Sarkozy, dont il est proche, essaie aussi de comprendre. « Je suis certain que la gestion de la crise aurait été bien différente s’il avait tenu la barre. Il aurait bousculé les immobilismes, viré les incapables, débloqué l’indéblocable et décidé », avance-t-il. Exactement ce que le professeur reproche... à Emmanuel Macron, avec qui, pourtant, il communique beaucoup. « Dites-moi les choses », l’exhorte le président le 27 mars. Mais Juvin constate que ses avis sont peu suivis d’effets. Dernier couac en date : le ratage du début de la campagne vaccinale. « Un naufrage, s’exclame-t-il. Macron se plaint de la stratégie qu’il a lui-même décidée. Je lui ai dit : “Achetez en urgence des vaccins quel que soit le prix ; ouvrez des vaccinodromes, travaillez avec les régions, faites vacciner le gouvernement.”» Cette fois, la stratégie de l’exécutif a été infléchie après le fiasco de la première semaine.

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La crise a ouvert l’appétit au maire LR. Dans son livre, il ne tire pas seulement des enseignements pour le système de santé. Il évoque la crise de confiance avec les Français et s’avance sur la façon de conduire la nation. Dans l’épilogue de cet essai critique sur l’exécutif, l’auteur s’étonne que le « chef de guerre » Macron n’ait pas fourni de munitions, pas pris soin des combattants ni communié avec eux, écrit-il. Une charge digne d’un candidat à la présidentielle ? « Je m’y prépare », nous dit-il, déterminé à se mesurer dans une primaire à Xavier Bertrand, Valérie Pécresse, Bruno Retailleau.

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Le Premier ministre voulait lui attribuer la Légion d’honneur

En attendant cette hypothétique primaire de la droite, le maire-médecin-candidat essuie déjà ses premiers déboires. A la fin de l’année derrière, il a été reçu par Jean Castex. Quelques jours après cette rencontre, un conseille de Matignon prévient Philippe Juvin que le Premier ministre veut lui attribuer la Légion d’honneur. Très honoré, l’intéressé accepte. Il prévient même sa mère, très flattée. Mais peu de temps plus tard, Matignon le rappelle et lui signifie que, finalement, il ne fera partie de la promotion du 1er janvier pourtant destinée à récompenser les combattants du Covid-19, selon le choix du chef de l’Etat. Agacé, Philippe Juvin écrit à Jean Castex et envoie un message à Emmanuel Macron pour en comprendre les raisons. Il pose même le pavé dans la mare en mentionnant la sortie imminente de son livre critique contre le pouvoir comme raison de son éviction. Il ne recevra pas de réponses à ces interpellations. Blacklisté, le maire-médecin est désormais traité comme un opposant. Sans ménagement. 

« Je ne tromperai jamais leur confiance », de Philippe Juvin, éd. Gallimard.

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