Les berceuses calment les enfants quelle que soit leur langue

Inutile de s’en tenir à « Frère Jacques » ou « Au clair de la lune » pour endormir bébé. Une étude montre que les berceuses en langue étrangère seront tout aussi efficaces, car les sonorités comptent plus que les paroles dans ce type de chansons.

De Marie-Amélie Carpio
Publication 5 janv. 2021, 15:15 CET, Mise à jour 20 mai 2021, 17:40 CEST
Wile Wennman, 7 ans, qui vit à Nacka, en Suède, aime s'endormir avec la lumière allumée, ...

Wile Wennman, 7 ans, qui vit à Nacka, en Suède, aime s'endormir avec la lumière allumée, explique son père, Magnus — le photographe qui a fait le tour du monde pour montrer comment et où dorment les gens.

PHOTOGRAPHIE DE Magnus Wennman

On dit de la musique qu’elle est un langage universel. Des chercheurs américains viennent de mettre en évidence que l’affirmation ne relevait pas du simple poncif mais bien d’une réalité, du moins pour les mélodies destinées aux plus jeunes d’entre nous. Ils ont comparé les vertus apaisantes de berceuses issues de divers pays du monde sur des bébés bostoniens et ont découvert qu’elles produisaient le même effet calmant, quelles que soient leur langue ou l’identité de celui qui les chante.

L’étude, menée par le Music Lab de l’université Harvard a été conduite sur 144 garçons et filles âgés de 2 à 14 mois. Les scientifiques ont fait écouter aux bambins des morceaux chantés a capella par des petites figurines animées sur ordinateur. Les airs étaient tirés d’un répertoire de 16 mélodies issues de diverses cultures et mêlant différents genres : berceuses, chansons d’amour, chants de guérison et airs invitant à la danse. Les chercheurs ont ensuite déterminé le degré de relaxation des enfants en s’appuyant sur divers paramètres : mesure des pupilles, rythme cardiaque, activité électrodermale…

Des chercheurs du Harvard’s Music Lab ont déterminé que les enfants se détendaient en jouant des berceuses qui leur étaient inconnues et dans une langue étrangère.

PHOTOGRAPHIE DE Samuel Mehr

Conclusion : l’écoute des berceuses provoquaient les signes de détente les plus marqués, avec une baisse du rythme cardiaque, un rétrécissement des pupilles et une atténuation de l’activité électrodermale, qui s’élève en cas d’excitation. Des vertus calmantes identiques que la berceuse soit chantée en cherokee, en gaélique écossais, en inuktitut, l’une des principales langues inuites, ou en same, la langue des éleveurs de rennes lapons. « L’une des explications possibles pourrait tenir aux traits acoustiques des berceuses (douceur des sons et moindre complexité rythmique et mélodique que d’autres chansons), qui font leur universalité : chaque culture aurait intuitivement usé de caractéristiques sonores propres à calmer efficacement les enfants », avance Constance Bainbridge, assistante de recherche au Music Lab et co-auteur de l’étude. Les berceuses auraient ainsi été façonnées par l’évolution à travers le temps, convergeant d’une culture à l’autre vers des traits communs propres à tranquilliser les bébés quelle que soit leur origine.

Outre les qualités musicales intrinsèques des berceuses, les chercheurs avancent une autre hypothèse pour expliquer leur attrait et leur efficacité. Elles pourraient être interprétées par les tout-petits comme le signal qu’un adulte est là pour s’occuper d’eux et les protéger, et produire ainsi chez eux un réconfort inné.

« Nous allons étudier ce que les enfants en bas âge pourraient déduire socialement des individus qui chantent les berceuses. Suspectent-ils que celui ou celle qui les fredonne prendra soin d’eux ? Au-delà de cette interrogation, d’autres questions doivent être approfondies, comme les caractéristiques sonores spécifiques des berceuses et l’utilité de la musique dans la relation parent-enfant en général », poursuit la scientifique, qui espère aussi que ces recherches ouvriront de nouvelles voies dans le domaine des thérapies musicales. 

« Être parent est une tâche ardue. En apprendre plus sur la façon dont la musique peut contribuer à influer sur l’humeur des jeunes enfants (et en retour sur celle de leurs parents) pourrait être utile en la matière. De plus, en comprenant mieux les mécanismes et les fonctions évolutives possibles de la musique, et comment ils sont liées à des traits acoustiques et musicaux spécifiques, nous pourrions être à même de mieux la mettre à profit aux divers âges de la vie. »

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